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Présentation du débat sur la précarité

Réfléchir ensemble pour préparer les nécessaires luttes à venir

Cette année encore, les camarades d’Émancipation tendance intersyndicale se sont réuni·es pour leur Semaine estivale à Saint-Martin-Valmeroux (Cantal). La canicule et la menace du Covid n’ont pas empêché la tenue de riches échanges sur l’analyse de la situation politique et syndicale, les perspectives de mobilisation pour la rentrée et l’année à venir, nos pratiques de lutte et pédagogiques. Nous publions ici les introductions aux débats.

L’Équipe responsable avait proposé un débat couvrant aussi bien la précarité dans la Fonction publique que dans les entreprises privées, mais la CNT-SO, a fait savoir tardivement son impossibilité d’y participer. Ma présentation portera donc essentiellement sur la précarité dans la Fonction publique, en rappelant tout de même qu’avec Macron la précarité dans le privé s’est beaucoup aggravée, particulièrement chez les jeunes, avec les réformes du droit du travail et de l’indemnisation du chômage, avec les latitudes accordées aux entreprises sous couvert de la crise  Covid, avec la reprise post-Covid fondée beaucoup plus sur des contrats précaires que des CDI, y compris dans les secteurs en tension (restauration, services aux personnes…). Et les annonces pour le second quinquennat vont dans le même sens avec l’imposition de temps de travail aux bénéficiaires du RSA et la mise en place à marche forcée du SNU…

Sur cette question de la précarité dans le privé, Il existe une source intéressante, une revue de presse régulière, assurée par AC Gironde (contacts : ac-chomage.org ou 0556818891).

Mais Macron s’est surtout fait une spécialité de la généralisation de la précarité dans le public, avec les nombreuses déclinaisons de sa loi de transformation de la Fonction publique. Partout et à tous les niveaux, le nombre d’emplois précaires progresse rapidement par rapport aux emplois statutaires. Les recrutements sont délibérément très insuffisants (Hôpital, concours pour les profs de tous degrés…), ce qui, ajouté aux salaires insuffisants, tarit progressivement les viviers de candidat·es. Les situations ingérables qui en découlent, dans la santé dès avant l’été et dans l’éducation à la rentrée conduisent à un changement de ton vis-à-vis des non-titulaires : réemplois dès la fin de l’année scolaire, sessions géantes du recrutement précaire… Même les non-titulaires les plus fragiles voient leur situation un peu évoluer. Suite aux mobilisations auto-organisées des AED, ces dernier·es ne seront plus automatiquement licencié·es au bout de six ans de contrat et se verront proposer une septième année en CDI. Ce CDI “public” ne garantit aucunement des conditions de travail décentes, ni le ré-mploi à temps plein à long terme, mais un salaire à peine au-dessus du SMIC, surtout pour celles et ceux qui vont enfin toucher les primes REP/REP+ grâce à un recours de SUD éducation.

Organiser les plus fragiles

Ce remplacement par des hors statuts des personnels sous statut est organisé, avant même les impératifs économiques, pour casser les garanties professionnelles de tou·tes et affaiblir les capacités de ripostes collectives. Et la meilleure façon de contrer une telle évolution reste de défendre et d’organiser les plus fragiles statutairement. Pour organiser une telle défense, la fiche technique “Priver Macron du levier de la précarité” (parue dans le dossier précarité de la revue n° 03) constitue un outil dont l’actualité n’est pas prête de se démentir. Accueillir les précaires, sur les lieux de travail, les associer, sans trop les exposer, aux luttes revendicatives collectives, est le pendant incontournable des réponses syndicales, et intersyndicales visant à soutenir les mobilisations spécifiques des non-titulaires, les structures autonomes dont iels se dotent (collectifs, coordinations…) et les revendications pour de vrais statuts permettant à la fois d’améliorer vraiment les conditions des précaires, d’unifier les personnels et de s’opposer efficacement à la politique Macron de dépeçage de la Fonction publique. De ce point de vue je pense que nous allons clarifier la revendication de création d’un corps d’éducateur/trices (ou d’animateur/trices ) scolaires pour les AED.

Olivier Vinay