Figure pionnière du féminisme socialiste, première femme ambassadrice au monde, les faits ne manquent pas pour souligner l’exceptionnalité́ de la trajectoire d’Alexandra Kollontaï. Promptement refoulée par la contre-révolution sexuelle qui s’est abattue sur l’Union soviétique dès les années 1920, brièvement redécouverte au lendemain de Mai 68, son œuvre fait l’objet depuis quelques années d’un puissant regain d’intérêt dans le sillage du renouveau féministe. Cette biographie intellectuelle montre combien, pour elle, l’émancipation des femmes a pour condition fondamentale l’abolition de la famille et des rapports de propriété́ (physiques et psychiques) sur lesquels elle se fonde. Ce programme se décline en une réinvention radicale de l’amour et des sexualités et avec la communalisation des tâches reproductives, à commencer par la maternité́. Dans l’un et l’autre cas, c’est la camaraderie, comme affect communiste par excellence, qui doit prévaloir.
Kollontaï – Défaire la famille, refaire l’amour, Olga Bronnikova, Matthieu Renault, éditions La fabrique, mars 2024, 296 p., 18 €.