Qui a dit que la réalité est pire que la pire des fictions ?
En tout cas les showrunners d’Hollywood – dont certains sont d’un grand talent, David Simon et Éric Overmyer, qui ont écrit par exemple les scenari de la série la plus regardée dans les cités durant les années 90, The Wire ou celui de la série Treme dénonçant l’incurie du gouvernement des États-Unis à la suite de l’ouragan qui a dévasté la Louisiane – ont sous la main un sujet en or et vont pouvoir sans trop se fatiguer développer une nouvelle dystopie, les éléments sont fournis gratuitement par la réalité.
Au Royaume-Uni
Des maladies de l’ère victorienne associées à la misère sont de retour au Royaume-Uni…
En effet le R-U connaît une recrudescence des cas de scorbut, de gale ou encore de rachitisme, maladies associées à la malnutrition et à la pauvreté, très répandues au XIXe siècle, il suffit de relire les romans de Dickens, ou celui de Charles Palliser Le Quinconce, tome 3, par exemple.
Les conservateurs, au pouvoir depuis près de quinze ans et qui ont repris la suite des années noires thatchériennes, sont en partie responsables de la situation, après avoir mené des coupes budgétaires dans les aides sociales et la santé, alors que le coût de la vie a augmenté, en raison d’une inflation galopante.
Le Guardian nous apprend que les cas de malnutrition ont quadruplé en douze ans (scorbut et rachitisme sont considérés comme des indicateurs de la malnutrition) pour laquelle 10 000 Britanniques ont été hospitalisé·es en un an, c’est à dire quatre fois plus qu’il y a douze ans…
Et en France
Les coupes budgétaires de ces dernières décades, encore amplifiées depuis le début de l’ère Macron, ainsi que la volonté de déconstruire le système social français basé sur la solidarité et notamment le service public hospitalier, vont nous amener tout droit vers les mêmes conséquences.
Pour rappel, il y a en France en 2024 environ 9 millions de personnes qui vivent sous le seuil de pauvreté (le seuil de pauvreté est de 965 euros ou de 1 158 euros par mois, selon qu’il est fixé à 50 % ou à 60 % du niveau de vie médian).
14,5 % de la population vit avec moins de 1 158 euros par mois et 8,3 % avec moins de 965 euros, et plusieurs millions de familles sont mal et ou pas du tout logées. La Fondation Abbé Pierre considère que plus de quatre millions de personnes sont mal logées .
Près d’un million n’ont pas de domicile personnel, 100 000 vivent dans une habitation de fortune toute l’année, dont une grande partie de famille monoparentale, en majorité des femmes avec enfants. Ce qui s’est amplifié depuis 2017 malgré les déclarations péremptoires du Président en 2017 “[…] à la fin de l’année plus personne ne dormira dans la rue” alors que, en 2024, plus de 2000 enfants sont contraints de dormir dans la rue en France.
Le DAL, Emmaüs, la fondation Abbé Pierre ne cessent d’alerter sur la nécessité d’y remédier en lançant un grand plan de construction de logements sociaux mais en vain… et le nouveau ministre du logement qui s’est illustré comme député en portant une loi durcissant les expulsions d’occupant·es de logements vides, n’est pas la bonne réponse aux problèmes, loin s’en faut.
Bernard Foulon