Pour contrer la “réforme” des retraites, la grève reconductible !
Au moment où cet édito est écrit, le front d’opposition à la réforme des retraites prend appui sur l’exceptionnelle mobilisation du 19 janvier dernier, qui a ouvert un rapport de force avec un gouvernement déterminé à faire passer sa réforme. Aussi massive qu’ait été cette journée, elle ne suffira évidemment pas à elle seule, et le “plan de bataille” – qui n’en est pas un – proposé par les directions syndicales semble bien peu combatif au regard des enjeux.
D’un côté, le gouvernement en est réduit à user de tous les mensonges possibles pour “vendre” sa réforme : déficit qui contraindrait à des mesures économiques, caractère social de la réforme, en particulier pour les femmes… autant d’arguments fallacieux, vite démontés, mais qui montrent que le gouvernement se sent sommé de justifier le passage en force. Or, en réalité, cette contre-réforme a pour but de donner des gages à la commission européenne, aux patrons et actionnaires, ainsi qu’aux assurances privées et aux fonds de pension attirés par la baisse des niveaux des retraites. C’est un recul social de plus, et d’ampleur !
De l’autre côté, les travailleurs·ses, organisé·es ou non, militant·es ou non, les jeunes, les femmes (avec la présence de cortèges féministes dans de nombreuse manifestations), sont descendu·es massivement dans la rue le 19 et restent, pour beaucoup, déterminé·es. Les AG, si elles ne sont pas encore un automatisme, se sont multipliées, notamment dans l’éducation, pour organiser davantage le mouvement.
Au milieu de tout ça, les directions syndicales… assez égales à elles-mêmes dans leur stratégie, puisqu’elles ont surtout cherché à ce que le mouvement ne leur échappe pas des mains, d’abord par un calendrier peu combatif et déconnecté des secteurs tels que les raffineries, qui posaient des reconductibles dès le 26 janvier ; ensuite par l’absence d’organisation d’AG ou bien seulement des AG sur lesquelles elles pouvaient garder la main. On est loin du compte !
L’urgence est donc, pour infliger une défaite à Macron en le forçant à retirer sa contre-réforme, d’organiser toutes les personnes qui sont descendues dans la rue le 19, pour maintenir la pression et amplifier le mouvement. Et ce, de façon à être en mesure d’imposer à ce pouvoir et au patronat le retour à la retraite à taux plein à 60 ans maximum pour tous·tes, l’égalité femmes/hommes, ainsi que les revendications salariales et sectorielles.
Pour cela, le plan de bataille doit être clair
Sur le plan syndical, il faut exiger des directions syndicales, notamment pour nous de l’éducation et en premier lieu de celle de la FSU, qu’elles appellent à reconduire la grève et organisent le maintien de la mobilisation pendant les vacances décalées.
Sur le plan de l’auto-organisation, il s’agit de se saisir de toutes les initiatives ou d’en construire, pour garder un haut niveau de mobilisation, en organisant des AG, en réactivant les réseaux militants initiés lors des précédentes luttes, en montant des caisses de grève, en entrant en contact avec les quartiers, les structures de jeunesse, les associations, collectifs féministes, collectifs de gilets jaunes…