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Répression inédite dans l’Éducation nationale

Après les professeur·es du collège République à Bobigny en 2019, après Hélène de l’école Marie Curie à Bobigny en 2021, c’est maintenant au tour de six collègues de l’école Louis Pasteur de Saint-Denis. Nous publions ci-dessous le communiqué de l’équipe Pasteur en date du vendredi 22 avril 2022.

Macron : des paroles mais pas d’actes !

Aujourd’hui, vendredi 22 avril, dernier jour avant les vacances scolaires et 2 jours avant le 2nd tour des élections présidentielles, nous apprenons que la direction académique de Bobigny (DSDEN) a acté les six mutations forcées de nos collègues qui sont affecté·es dans plusieurs villes du département (Clichy-sous-Bois, Stains, Aubervilliers, Saint-Denis). Ces nouvelles affectations prennent effet dès le 9 mai.

Deux collègues sont affectées à Aubervilliers, dans la même ville que l’ancienne directrice qui a jeté l’équipe en pâture dans un journal d’extrême droite, l’Incorrect, en janvier 2022. Ainsi exposé·es à la fachosphère, nous avons demandé la protection fonctionnelle qui ne nous a jamais été accordée.

L’administration s’est donc appuyée sur les propos mensongers et diffamatoires relayés par l’extrême droite pour prendre ces mesures contre nos collègues qui seraient responsables de “dysfonctionnements”. Les dossiers administratifs des six de Pasteur sont pourtant vides et les conclusions de l’enquête administrative reprennent les éléments de langage et les diffamations de l’extrême-droite : “le système […] en autogestion […] qui s’est installé a conduit peu à peu l’école Pasteur à ne plus être une école de la République”. La direction académique a même refusé d’entendre une directrice pourtant restée sept ans dans l’école et a modifié le témoignage d’une autre directrice.

Le communiqué de ces deux anciennes directrices qui ont exercé à l’école de 2008 à 2020 ainsi que le courier au ministre par tou·tes les enseignant·es, tous les membre du RASED, les deux anciennes directrices, l’ancien directeur, des anciens membres de la circonscription et quatorze anciens collègues démontrent bien l’investissement des collègues et les manœuvres manipulatrices de la direction académique.

Nous, les 19 enseignant·es de l’école Pasteur de Saint-Denis avons été en grève reconductible depuis le 8 avril pour faire annuler cette procédure injuste. Nous avons le soutien des parents d’élèves, des habitant·es, de la communauté éducative, des organisations syndicales, des élu·es, à Saint-Denis, dans le département et bien au-delà. Depuis le début de la mobilisation, nous avons organisé quatre rassemblements : deux devant la DSDEN, un devant la mairie de Saint-Denis et un devant le ministère de l’Éducation nationale. Ces rassemblements ont réuni, à chaque fois, plusieurs centaines de personnes dont beaucoup de familles de l’école mobilisées.

Malgré l’ampleur et la force de cette lutte, l’administration est restée sourde et méprisante envers nous, nos élèves et leurs familles. Macron, que nous avons interpellé jeudi 21 avril à Saint-Denis, s’était pourtant engagé à intervenir. Manifestement, il a décidé de participer à la destruction de cette école et à la maltraitance des enseignant·es, des enfants et de leurs familles. Ainsi, le ministère qui prône la stabilité des équipes dans l’éducation prioritaire, détruit l’école Pasteur qui en était pourtant un exemple.

Comment et qui va expliquer à 300 élèves qu’iels ne reverront plus ces six enseignant·es, présent·es, pour la plupart, depuis plus de dix ans dans l’école ?

Nous ne pouvons nous résoudre à cette décision violente et injustifiée

La lutte continue :

ce ne sont pas les vacances scolaires qui nous arrêteront !

  • Prochains RDV de mobilisation
  • • grève reconductible dès le 9 mai ;
  • • samedi 7 mai : action de soutien avec les familles du quartier ;
  • • concert de soutien après les vacances (date et infos à venir).
  • Nous appelons à une journée de grève nationale contre la répression dans l’Éducation nationale la semaine du 9 mai.

Un rappel des faits

L’Éducation nationale et l’extrême droite

main dans la main contre l’école

Nous, les dix-neuf enseignant·es de l’école élémentaire Louis Pasteur à Saint-Denis, venons d’apprendre ce lundi 4 avril que six d’entre nous allions subir une mutation “dans l’intérêt du service”, dans les jours à venir.

Cette décision des services départementaux de l’Éducation nationale (DSDEN 93) est la suite d’une série de maltraitances institutionnelles que nous subissons depuis des années, notamment pour notre attachement au fonctionnement collégial de l’école.

À la rentrée 2021, après une année sans direction d’école où l’équipe a dû porter seule les charges administratives, une nouvelle directrice a été nommée par la direction académique.

Très rapidement, celle-ci a mis en place des pratiques managériales allant contre le fonctionnement collectif et coopératif de notre équipe et ne prenant jamais en compte l’intérêt des enfants, empêchements à travailler (rétention d’informations, non accès au matériel et aux locaux), autoritarisme (non-respect des décisions du conseil des maître·sses, interdiction de sorties) pressions psychologiques, humiliation devant parents et élèves, mensonges, diffamation et propos calomnieux, incitation auprès de parents d’élèves à produire des écrits ou même porter plainte contre des enseignant·es pour motifs calomnieux, et autres fautes professionnelles graves, comme la falsification des élections de parents d’élèves.

Alors que nous avons alerté notre hiérarchie de tous ses agissements et de la souffrance que cela engendrait au quotidien, la seule réponse de l’administration a été de diligenter une enquête administrative pour “climat scolaire dégradé” en décembre 2021. Nous avons alors dû subir, tout au long de celle-ci, des entretiens humiliants et à charge.

Nous avons appris par la suite que la directrice entretenait des relations avec l’extrême droite, ce qui a été confirmé par un article publié dans l’Incorrect (journal d’extrême droite), en janvier 2022 dans lequel elle diffame les collègues de l’école 1.

Aujourd’hui, l’institution au lieu de nous protéger comme il est de son devoir (nos demandes de protection fonctionnelle sont restées par ailleurs sans réponse), nous réprime violemment et collabore ainsi avec l’extrême droite !

En prenant cette décision de muter de force des collègues investi·es auprès de leurs élèves (certain·es enseignant·es sont en poste depuis plus de dix ans dans l’école) sous prétexte d’une volonté de retour à la “sérénité de l’école”, l’administration prive les élèves de six classes de leur maître·sse en plein cours de l’année scolaire et désorganise ainsi le service public d’éducation.

Loin de nous apporter “sérénité”, cette décision attise notre colère envers l’institution qui nous méprise. Nous nous mobiliserons collectivement, avec détermination et par tous les moyens possibles pour empêcher ces mutations.

Communiqué du 5 avril 2022

  1. G. Robin, “Gauchisme à l’école. Le niveau monte”, L’Incorrect, n° 49, janvier 2022.
    https://lincorrect.org/gauchisme-a-lecole-le-niveau-monte-lincorrect/ ↩︎