Les élections n’ont pas traduit l’ampleur de la révolte populaire contre la corruption et le clientélisme. Il y a eu 59 % d’abstention. Les élu·es représentant cette révolte populaire ne seront qu’une poignée. Les partis confessionnels et les anciens seigneurs de la guerre restent au pouvoir. Seul changement, le parti “chrétien” de Michel Aoun perd des voix face aux phalangistes et du coup, le Hezbollah et ses alliés n’ont plus la majorité absolue au Parlement. Le pays ruiné semble, plus que jamais, ingouvernable.

Parmi les nombreuses bombes à retardement laissées par Trump, il y a la composition de la Cour Suprême, à nette majorité “conservatrice”, pour ne pas dire plus. Celle-ci s’apprête tout simplement à interdire l’avortement dans tout État où il ne sera pas explicitement autorisé. Des centaines de milliers de femmes et d’hommes sont descendu·es dans la rue pour s’opposer à ce projet. Ce qui est tragique, c’est que dans plusieurs États, y compris un grand État comme le Texas, les politicien·nes ne craignent pas de promulguer des lois d’interdiction, sûr·es d’avoir une majorité de l’opinion avec elles/eux.

La politique de Biden, renouant un peu plus avec la tradition impérialiste à l’extérieur, et ne prenant aucune mesure en faveur du monde du travail à l’intérieur, ne favorise pas la résistance à cette incroyable régression en marche.

Autre bombe à retardement : aucune mesure d’interdiction ou même de limitation des ventes d’armes aux particuliers n’a été prise. Et dans la base sociale de Trump, il y a un nombre important de suprématistes blancs. Le massacre de Buffalo où un jeune suprématiste a fait un carnage dans une foule à majorité noire est hélas le prélude à d’autres crimes à venir.

Le premier voyage à l’étranger de Macron aura donc été… à Abu Dhabi. On connaît donc le modèle de société de nos meilleurs alliés. Un État féodal, patriarcal, intégriste et esclavagiste. Une petite minorité de la population liée aux féodaux s’est enrichie au-delà de tout grâce à la manne pétrolière. Elle appartient totalement au monde des dominants, même culturellement (il y a un Louvre à Abu Dhabi). Et la grande majorité de la population, celle qui a construit les tours et les villas luxueuses ou qui pompe le pétrole, ce sont des immigré·es, majoritairement venu·es de différents pays asiatiques, privé·es de citoyenneté, de passeports et de droits. Cerise sur le gâteau, ce “meilleur des mondes” achète nos armes et les expérimente sur la population du Yémen qui semble insensible à ce type de progrès. On n’a pas fait assez attention à ce modèle social qui a pris le leadership dans le monde arabe sur les ruines du nassérisme et de ses héritiers

L’assassinat de la journaliste palestinienne Shireen Abu Akleh et les violences de la police contre la foule venue aux obsèques ont soulevé dans le monde entier une vague de protestations que l’occupant n’avait pas anticipées. Même les alliés traditionnels de l’apartheid israélien (la France, l’Union Européenne, Joe Biden, Antonio Guterres…) ont exprimé leur “préoccupation” ou leur “consternation”. Rien de plus. Aucune sanction, c’est réservé à la Russie, l’Iran ou le Venezuela.

Pourtant l’armée israélienne a tué plus de 50 journalistes. Elle continue de s’attaquer aux enfants. Elle a lancé un assaut contre le camp de réfugié·es de Jénine. Elle vient d’assassiner le frère de Zakaria Zubeidi, grande figure de ce camp pendant le massacre de 2002 et qui est un des six évadés de la prison de Gilboa. Malgré cela, la prétendue “gauche sioniste” participe toujours au gouvernement Bennett et les régimes féodaux arabes qui ont signé avec Israël les “accords d’Abraham” ne subissent pas une pression suffisante pour revenir sur ces accords.

Il n’y a bien sûr rien à attendre de la “justice” israélienne qui avalise toujours les lois coloniales. La Cour Suprême israélienne vient d’avaliser l’expulsion de 1200 villageois·es de Masafer Yatta, dans le sud de la Cisjordanie. Leurs terres situées en bordure du désert, vont être transformées… en champ de tirs, il faut bien que “l’armée la plus morale du monde”, comme elle aime à se nommer, puisse s’entraîner.

Cadeau empoisonné des accords d’Oslo, l’occupant n’a plus à s’occuper économiquement de la population palestinienne. C’est l’Union Européenne qui paie les fonctionnaires, personnels de “sécurité”, enseignant·es, personnels de santé. Il y a bien sûr une condition, que l’occupé assure la “sécurité” de l’occupant. Et l’Union Européenne a déjà coupé les vivres de la Palestine. C’était en 2006 quand le Hamas avait remporté les élections. L’Europe a sanctionné la Palestine pour avoir “mal” voté et la population a été privée de salaires.

C’est l’extrême droite en Europe qui est à la pointe du soutien à Israël. Le commissaire européen qui s’occupe de la Palestine est hongrois et membre du parti d’Orban, ce dirigeant antisémite qui a entrepris la réhabilitation du régime fasciste de l’Amiral Horthy. Il vient de suspendre le versement des subventions à la Palestine. La cause ? Il y a de la “haine” dans les manuels scolaires palestiniens. Ils osent écrire qu’il y a eu un nettoyage ethnique en 1948 alors que les manuels israéliens expliquent bien que “les Arabes sont partis d’eux-mêmes”.

La guerre va durer. Malgré les destructions et les milliers de mort·es, Poutine ne fera pas capituler l’Ukraine qui bénéficie à la fois d’une aide militaire occidentale et d’une détermination populaire à se défendre face à l’invasion. Mais le front intérieur à l’intérieur de la Russie est loin de s’écrouler. Le régime a verrouillé l’appareil d’État. L’opposition est muselée. Pour l’instant, les sanctions n’ont pas mis à genou l’économie russe. Poutine s’apprête à annexer tous les territoires que son armée occupe. Après la Crimée et le Donbass, les prochaines annexions annoncées sont en Georgie (Ossétie du Sud et Abkhazie) et en Moldavie (Transnistrie).