Pour l’environnement, concilier éducation et mobilisation

Émancipation, tendance intersyndicale, participe à la lutte anticapitaliste aussi bien dans ses aspects sociaux qu’environnementaux qui sont indissociables. Elle considère que l’urgence écologique est une entrée prioritaire pour les mobilisations contre l’exploitation du système économique dominant. Devant les difficultés d’une bonne partie du monde syndical à traduire cette complémentarité en termes de revendications et d’actions immédiates, Émancipation s’est investie depuis le début dans le Réseau éco-syndicaliste.

Émancipation a décidé lors de sa Semaine estivale de Saint-Martin-Valmeroux de renforcer sa réflexion et son activité éco-syndicaliste, particulièrement dans les secteurs où elle intervient le plus : l’éducation et la formation des jeunes. En mobilisant ainsi sur la nature du travail dans l’éducation, son cadre, les programmes, la pédagogie, avec à chaque fois la prise en compte des coûts écologiques, Émancipation entend contribuer, à l’atelier du Réseau éco-syndicaliste sur ces questions. Et elle espère aussi répondre à son niveau à l’enchaînement de catastrophes de ces derniers mois, à la crise de l’énergie carbonée, accélérée par la guerre en Ukraine et hâter les ruptures que cette situation impose. L’École, entendue ici comme l’ensemble du système éducatif, ses personnels et, bien sûr, les élèves et les parents à leur niveau, ont une double responsabilité dans cette rupture d’abord parce que c’est une communauté de travail et de vie parmi les plus grandes, ensuite et surtout parce que c’est un lieu essentiel d’éducation.

Assurer la transformation écologique de l’École…

L’École, énorme service public pour l’éducation, est un important enjeu de rupture. C’est une institution dont la structure et l’organisation ont une incidence non négligeable pour la préservation de l’environnement. Agir pour sa transformation est complémentaire des batailles plus globales contre le système de production dominant.

Nous dénonçons les appels à la responsabilité et à la sobriété de la part de capitalistes qui génèrent la plus grande part (les trois quarts) des dérèglements environnementaux et qui n’entendent n’être ni responsables ni sobres, de la part de leur medias, qui ressassent leur propagande et poussent à consommer plus que nécessaire, et de celle de pouvoirs publics ou instances supranationales qui les couvrent. Notre combat contre ces premier·es responsables doit s’amplifier, facilité par le niveau de dérèglement climatique inédit de la période.

Mais pour autant nous prenons en compte la part non négligeable d’intervention possible sur les lieux de vie, de travail, dans les syndicats, ce qui nécessite, en évitant la culpabilisation d’individus, de groupes sociaux, ou de tranches d’âge, d’expliciter et de revoir les modes de vie, d’organisation des transports, du travail, des activités revendicatives, les habitudes et systèmes de consommation et de production.

Cela suppose de favoriser les accès les moins polluants à des établissements au maillage amélioré, de viser à la sobriété énergétique, alimentaire et en eau, sans priver, ni nuire aux fonctions, de suivre les chaînes de tri sur le lieu de travail et au delà. Cela suppose aussi des bâtiments les plus neutres possibles en énergie, végétalisés, avec d’importantes surfaces rendues à la terre, des systèmes d’aération performants, des capteurs de CO2 et mobiliers et matériels labélisés “respectueux de l’environnement”. Et bien sûr, l’abandon des constructions sous partenariat public-privé, arnaques du point de vue environnemental comme des coûts et de l’efficacité pour l’enseignement. L’impact environnemental de nos activités d’enseignement doit également être pris en compte, de même que celui de nos pratiques syndicales aux différents niveaux.

… tout en participant à la défense globale de l’environnement par l’éducation

Les programmes et pratiques pédagogiques sont surdéterminés par le système de production dominant. L’École est, comme le reste de la société, un enjeu d’affrontement entre les ruptures qui s’imposent et les enfumages du “capitalisme vert” et de la “transition écologique” subterfuges pour continuer le plus longtemps possible à tricher par rapport aux – déjà si compréhensifs – réglementations et impôts, à aggraver la consommation d’énergies fossiles, la pollution et le pillage des ressources, la guerre économique, quand ce n’est pas la guerre impérialiste.

Macron et Blanquer ont surpassé leurs prédécesseurs pour imposer dans l’école cette régression. Il ne faut donc pas cesser de combattre toutes leurs réformes, régressions et lubies, des “sciences” cognitives à l’école du futur, en passant par la militarisation dans l’école et le Service National Universel, l’enseignement professionnel et Parcoursup, aussi bien au niveau des examens, des filières, des programmes et bien sûr des manuels (en étant très critiques sur les E-manuels).

Le nouveau ministre de l’Éducation nationale ne se montre pas plus à la hauteur des enjeux avec ses déclarations sur une labellisation 3D (Démarche globale de Développement Durable), sur le développement des éco-délégué·es et sur une réforme des programmes qui ne semble pas partie pour trancher avec cette “transition écologique” d’un capitalisme libéral repeint en vert.

Dénoncer comme le font la plupart des syndicats ne suffit pas. Le niveau de régression du système éducatif imposé par ces serviteurs du libéralisme économique et de l’enseignement privé patronal, commercial ou confessionnel, tout comme les impératifs écologiques de la période imposent un rapide et salutaire “pas de côté” des personnels d’éducation : employer tous les moyens, en tenant compte des rapports de forces locaux, pour une éducation à l’environnement qui tranche avec les mièvres caricatures qui ont cours. Et ce, dans le plus de disciplines possibles, (les présent·es à la Semaine estivale d’Émancipation ont commencé à échanger sur plusieurs matières), d’équipes pédagogiques et éducatives souveraines (sans oublier les personnels ouvriers et de service).

Pour espérer faire plus de sens auprès d’une jeunesse que nous retrouvons dans nos classes et qui se mobilise avec détermination sur les questions écologiques (jeunes pour le climat…), nous devons nous battre pour un enseignement polyvalent (général, technologique, écologique, dès la maternelle), privilégier les pédagogies actives et donc les TP dans les sciences dites “dures”, mais aussi “humaines”, construire des projet d’équipes, indépendants de “l’école du futur”, avec parents, militant.es, riverain·es, quartiers, associations. Développer le sens critique des élèves (production, nucléaire, malbouffe…) ; pour organiser avec les élèves des visites de lieux de production à enjeu environnemental (avec représentant·es des travailleur·es critiques, syndicalistes, plutôt que les patrons ou DRH) ; pour favoriser les échanges entre nos élèves citadins, banlieusards, ruraux ; pour élaborer et échanger des matériels éco-pédagogiques et aider à construire des séquences…

Tout cela impose de retrouver la liberté pédagogique individuelle et collective pour choisir les contenus à enseigner dans les domaines de l’économie et du social, de l’écologie critique. Et de ne pas faire d’impasse grave qui empêcherait d’aborder vraiment la dureté du futur, l’insoutenable nucléaire que Macron veut sauver, l’indispensable solidarité face aux grandes inégalités devant les crises environnementales, les énormes migrations climatiques à venir, les éléments qui font que le changement climatique ne sera pas aussi linéaire que prévu par le GIEC, avec des variations régionales extrêmes et des basculements brutaux, imprévisibles et catastrophiques : agression de l’Amazonie, fonte du pergélisol qui libère des masses de méthane, CO2… et nouveaux virus, émission de carbone due aux sécheresses, mégafeux et éruptions volcaniques…

Une telle désobéissance civique, préférable à une démission ou à une maladie environnementale, quelques années plus tard, peut aller assez loin, à condition de s’investir nombreux/ses dans la défense contre la répression des Macron/Blanquer et de participer aux caisses de grève.

Pour rendre ce travail collectif accessible, Émancipation a son site, un Wiki écosyndicaliste et la revue L’Émancipation syndicale et pédagogique proposant une nouvelle rubrique écosyndicalisme

Émancipation tendance intersyndicale

Stage syndical national

Le GD 17 organise un stage syndical national, ouvert à toutes et tous, syndiqué·es ou non, sur le thème :

  • L’écologie sociale et politique : quelle prise en compte à l’école ?
  • Comment ces pratiques sont-elles abordées, de la maternelle à l’université ?
  • Quelles revendications, quelles pratiques pédagogiques, quelles luttes, peut-on envisager pour une école en phase avec les enjeux écologiques et politiques ?

Ces questions seront traitées à partir d’exemples de pratiques du premier degré à l’université, de l’étude de manuels de lycée, de l’usage des enjeux écologiques dans le discours universitaire officiel. Nous pensons aussi inviter des collectifs de lutte locaux et régionaux.

Le stage aura lieu le jeudi 30 mars et vendredi 31 mars, à Rochefort sur mer (17), au Palais des Congrès.

Pour des raisons logistiques nous avons besoin d’une estimation du nombre de stagiaires à accueillir. Merci de nous faire savoir votre intention d’y participer par mail à l’adresse suivante :

Le GD Émancipation 17