PARCE QUE C’EST AUSSI UNE FORME DE HAINE
L’IA est sexiste
Sous couvert de satisfaire des fantasmes visuels à usage strictement personnel, des sites de partage de contenus pornographiques proposent, par l’intermédiaire de leur créateur, grâce à des logiciels d’IA de montage, en libre accès, de remplacer le corps habillé d’une femme, par un corps nu, ou de substituer la tête d’une autre femme à celle d’une actrice de vidéo pornographique. Pour se dédouaner, le site précise qu’il ne s’agit pas de revenge-porn, que cela ne peut se faire sur des mineur·es ou personnes inconnues. Mais la banalisation même de ce qu’il faut nommer comme une violence en ligne montre le peu de questionnement des utilisateurs. Le ton et la facilité même à obtenir l’image désirée déconcertent. Le créateur demande juste photos, nom de la personnalité et la situation dans laquelle elle doit se trouver.
98 % des deepfakes sont à contenu pornographique, 99 % d’entre-elles concernent des femmes1 (dans les media on entend surtout des commentaires sur les risques politiques des deepfakes en cette année 2024 où ont lieu des élections décisives). Mathilde Saliou autrice de Technoféminisme, comment le numérique aggrave les inégalités (Grasset 2023) évoque des alertes restées sans suite. Alors que les outils d’IA sont à 84 % programmés par des hommes, pour qui la plupart du temps ces deepfakes ne sont pas problématiques, la prise en compte de cette violence en ligne passe par davantage de femmes et de diversité dans la formation et l’embauche dans le domaine des usages de l’IA. Le règlement européen sur le numérique, AI Act , assimile les deepfakes à des “risques limités” et soumet donc ces images à une régulation moins lourde que celle appliquée à la reconnaissance faciale. Les modérateurs de diverses plateformes tardent à supprimer ces images générées par l’IA. Les victimes culpabilisent par l’injonction qui leur est faite de contrôler leurs images intimes. Cependant, ce contrôle leur échappe avec ces nouveaux outils. Surfeuses du net et utilisatrices de plateformes en ligne du monde entier unissez-vous !!
Véronique
Gambie : la loi pénalisant l’excision menacée
Depuis 2015, les mutilations génitales féminines comme l’excision sont interdites dans ce pays d’Afrique de l’Ouest, à grande majorité musulmane. Mais sous la pression des religieux, cela pourrait être remis en question.
En effet, en mars, un projet de loi a été présenté devant le parlement visant à “préserver les principes religieux et à sauvegarder les normes et les valeurs culturelles”. Le 18 mars, c’est une écrasante majorité de députés qui ont voté ce projet de loi levant l’interdiction de l’excision. Une commission parlementaire doit effectuer un dernier examen du texte avant un vote final dans quelques mois.
Ce 18 mars, des centaines de personnes se sont réunies devant l’Assemblée nationale à Banjul, capitale de la Gambie, pour protester contre ce projet de loi. L’enjeu de la mobilisation est considérable pour l’avenir des droits des femmes et des filles dans ce pays et bien au-delà. En effet, les chiffres sont terribles : 230 millions de femmes et de petites filles ont subi l’excision de part le monde.
Joëlle
Équateur
Huit organisations militantes féministes et de défense des droits de l’homme réunies en collectif viennent de solliciter la Cour constitutionnelle équatorienne afin de dépénaliser le recours à l’avortement. Alors que l’OMS estime à sept le nombre de jeunes filles, adolescentes ou femmes enceintes qui auraient recours à un avortement toutes les heures en Équateur, la criminalisation de l’IVG y perdure depuis plus de 150 ans. Au cours des dix dernières années, près de 500 personnes ont été condamnées à des peines d’emprisonnement allant de six mois à plusieurs années. Ce sont majoritairement les femmes pauvres, les femmes indigènes qui subissent l’impact de cette criminalisation. La liberté de disposer librement de son corps reste une lutte essentielle pour toutes les femmes sur la planète. Solidarité avec nos sœurs équatoriennes !
Joëlle
- *Politis 6 mars 2024 ↩︎