Le 16 octobre 2023, 30 syndicats palestiniens ont lancé un appel mondial à l’aide : “End all complicity. Stop Arming Israel”. En France, la campagne a été inaugurée par un rassemblement d’activistes devant le salon de l’armement Milipol, le 15 novembre en banlieue parisienne. Quatre mois plus tard, nous vous proposons de faire à nouveau un bilan d’étape.
Bilan international
À échelle internationale, plus de 40 organisations ont répondu à l’appel. Ces dernières semaines, des structures importantes ont annoncé rejoindre la campagne : le 14 février, le syndicat des dockers indiens a annoncé que ses membres refuseront de charger et de décharger des bateaux transportant des armes à destination d’Israël. Le 1er mars, la CUT, première organisation syndicale du Brésil, a annoncé qu’elle militait dorénavant pour que le pays arrête d’importer du matériel militaire en provenance d’Israël.
Certains pays commencent à annoncer l’interruption des exportations d’armes vers Israël (Espagne, Canada…). Nous devons être vigilant·es face à ces déclarations, qui, bien qu’elles puissent constituer des points d’appuis, sont souvent plus des effets d’annonce que des victoires réelles. Ces interruptions sont-elles permanentes ou simplement temporaires ? Concernent-elles uniquement les nouvelles licences d’exportation, ou affectent-elles les contrats déjà en cours ? Le matériel à double usage (civil et militaire) et les coopérations entre les entreprises sont-elles également concernées ?
Les journées internationales d’action
La mobilisation grandit dans le monde entier. Le 4 mars, des actions coordonnées contre les entreprises d’armement ont eu lieu dans plusieurs villes de Belgique, et en Suède. Lundi 11 mars, dans le cadre d’une journée mondiale d’action contre les entreprises d’armement complices du génocide, plus de 20 actions ont eu lieu dans au moins quatre pays. À l’international, quatre actions ont eu lieu en Allemagne (Berlin, Munich, Ulm et Nuremberg) et également à Tromso en Norvège, et à Aarhus au Danemark.
En France, au moins quatre actions ont eu lieu en région parisienne, à Malakoff, Corbeil, Créteil et Paris. Trois actions ont eu lieu autour de Toulouse et deux à Lyon, et d’autres encore à Marseille, Cholet, Dijon, Cannes, Brest et Saint-Nazaire. Les entreprises visées : Safran, Thales, et Exxelia. Déploiements de banderoles, rassemblements déclarés ou non, sites redécorés par les militant·es, die-in, tractages et blocages festifs… Les activistes ont rivalisé de créativité pour dénoncer et perturber le commerce d’armement avec Israël.
Depuis la dernière journée d’action du 7 février, le nombre d’actions coordonnées a ainsi doublé. Le mot d’ordre et la campagne sont repris dans différentes villes dont Bordeaux, Nantes ou Strasbourg, sous forme de pancartes dans les manifestations, de graffitis, de réunions publiques et de stands dans les universités.
L’impact de la campagne en France
La campagne a un fort impact sur les directions des entreprises visées. À chaque tractage annoncé, et à chaque action, dans le but de nous intimider, elles déploient un dispositif de sécurité disproportionné, appellent la police, déplacent les renseignements territoriaux, font descendre les chefs de la sécurité de leurs bureaux. Cependant, le tractage étant une action parfaitement légale, elles ne peuvent pas faire plus. De fait, un tel déploiement renforce la conviction des militantes et militants de l’impact de leur si modeste présence. Par ailleurs, il est amusant de savoir que les entreprises écrivent systématiquement des mails à leurs salarié·es pour les mettre en garde, ce qui contribue à nous faire connaître !
Les travailleur·euses, au contraire, continuent de généralement bien accueillir notre présence, et nous recevons des mails de sympathie de certains d’entre eux/elles. Nous avons également soutenu la grève des salarié·es de Safran pour des hausses de salaire, ce qui nous a permis de renforcer nos liens avec les travailleur·euses et syndicalistes de cette entreprise.
Dimanche 17 mars 2024, nous avons publié un Guide des entreprises d’armement françaises complices d’Israël (https://padlet.com/stoparmingisraelfrance/ressources), qui regroupe l’essentiel de nos recherches à ce jour. Celui-ci devrait permettre à encore plus de militant·es de se mettre en action.
Nous sommes très optimistes pour la suite de la campagne : de plus en plus de militant·es et de groupes locaux s’en saisissent, les directions d’entreprises sont de plus en plus sous pression, et l’accueil des salarié·es de l’armement est très positif. Plus vite nous amplifierons cette campagne, plus vite nous pourrons arracher des victoires.
Isa