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Gagner ensemble : le plan d’urgence du 93… et tout le reste !!!!

La grève reconductible du 93, les AG nombreuses (450 le 7 mars) les manifs massives (5000 le 14 mars), la commission action de l’AG, le fort soutien des parents, des élèves et la très bonne couverture médiatique… Autant d’éléments qui ressemblent au mouvement du 9-3 au printemps 1998 (3000 postes gagnés et 43 ZEP en sus des 21 existantes).

Il y a des différences pourtant

En 1998, l’AG 93 avait une équipe d’animation pour les propositions stratégiques aux AG, particulièrement les objectifs des manifs, une commission presse pour la cohérence et l’indépendance de la couverture médiatique et une banderole des “Établissements et des écoles en grève du 93” qui a pris la tête de toutes les manifs y compris nationale… En 2024, l’intersyndicale départementale CGT, CNT, SNES et Sud Éducation a préparé et dirige le mouvement. Elle met ses moyens au service du mouvement (caisse de grève, banderoles sur le périph, infos sur la grève, qui restent moins systématiques qu’en 98…). Mais elle se refuse à appeler à un élargissement de la mobilisation en Île-de-France. Ses propositions alternatives de passer directement à une coordination nationale a actuellement encore moins de crédibilité qu’une coordination Île-de-France. Isolé, le 93 ne peut gagner autre chose que des miettes. Par ailleurs l’intersyndicale 93 cautionne le refus de certains syndicats nationaux de laisser la tête de la manif du 19 mars au 93, qui a pourtant contribué à “doper” cette manif et qui est légitime à ouvrir la manif par son niveau de mobilisation.

En 1998 l’AG 93 avait vite délaissé IA/DSDEN et rectorat pour viser le ministère. Et elle manifestait deux fois par semaine, en général mardi et jeudi, à Paris pour aller à la Région, ou pour tenir des actions médiatiques, mais le plus souvent au ministère, qui a fini par céder. Devant la force de la grève actuelle Belloubet “va tenir compte de la situation dans le 93”. Mais elle ne reçoit pas pour annoncer en quoi elle va en tenir compte. Il ne faut donc pas la lâcher. Et la décision de l’AG du 14 mars de diriger la manif vers Attal, l’initiateur des attaques, en dehors de toute mobilisation interprofessionnelle, ne doit pas interrompre la confrontation avec la ministre de l’Éducation nationale.

En 1998, le gouvernement de gauche se sentait encore un peu tenu de ménager l’École et ses personnels. Aujourd’hui, le virage encore plus à droite de Macron se manifeste par une offensive des plus réactionnaires contre l’Éducation nationale, pour livrer la jeunesse à l’exploitation patronale, au militarisme ou à l’enseignement privé qui n’est jamais contrôlé et doit être nationalisé… et pour dégrader les conditions de travail. Et il y a aussi la loi Darmanin contre les exilé·es et les élèves et étudiant·es étranger·es. Le 93 combat ces attaques, mais ne peut pas gagner seul là-dessus.

En Île-de-France et dans les autres régions, des établissements des villes ou groupes de villes, des départements se mobilisent contre le choc des savoirs, pour des dotations décentes horaires et en personnels de toutes catégories et souvent en soutien au 93 : intersyndicales 64, 44, 76, 78,75, Ivry-Vitry dans le 94, Nanterre et Argenteuil dans le 92, le Lyonnais… L’AG du 95-Est, une vingtaine d’établissements autour du lycée Simone de Beauvoir de Garges-lès-Gonesse, a occupé pendant cinq jours le rectorat de Versailles et a gagné des compléments de DHG. Elle a compris aussi qu’après ça l’objectif était le ministère.

Donc le 95-Est gagne au prix d’une lutte dure des mesures d’urgence certes bien insuffisantes, et la force de la Seine-Saint-Denis impose les mesures cosmétiques à Belloubet sur le choc des savoirs. Ensemble ils renforceraient leurs chances de gagner à la fois le plan d’urgence et le retrait du “choc des savoirs”.

Quelques efforts organisationnels favoriseraient cette évolution urgente

  • La mise en place d’une équipe d’animation regroupant les syndicats et des délégué·es élu·es de l’AG.
  • L’ajout à la plate-forme du 93 (et aussi des autres départements) de l’exigence d’une loi de finance rectificative pour refuser le redéploiement.
  • Un appel à tenir des AG partout en Île-de-France, puis à se coordonner avec le 93, pour étendre le mouvement.
  • Des manifestations Île-de-France communes ayant pour objectif la ministre de l’Éducation nationale, tant qu’elle n’a pas reçu sur des réponses concrètes.

Émancipation tendance intersyndicale,

le 18/03/2024