En ce matin du 21 mars, le congrès du SNES débat du thème A : « Pour un second degré démocratisant et émancipateur ». C’est une question centrale : face à l’offensive capitaliste contre l’école publique, quelles revendications adopter pour combattre la politique gouvernementale et définir un projet anticapitaliste pour l’école. Le congrès est par ailleurs traversé par des débats fournis sur la laïcité (la question de la nationalisation de l’enseignement privé, mais aussi celle de l’instrumentalisation de cette thématique par les forces réactionnaires), sur l’organisation du collège, etc. A l’heure actuelle, le congrès du SNES réaffirme des revendications progressistes et s’oppose aux projets gouvernementaux sur certains sujets, mais toujours dans l’optique d’une amélioration de l’école capitaliste actuelle. Pour commencer, nous reproduisons donc ci-dessous l’intervention de Marine Bignon pour Emancipation, qui pose la question d’un projet d’éducation centré sur l’enseignement polyvalent et polytechnique, dans le cadre d’une rupture avec le système capitaliste. Vous pouvez aussi télécharger nos motions et amendements.
Intervention sur la motion Émancipation « Porter un autre projet pour le système éducatif »
Le capitalisme construit une société dont nous ne voulons pas : dominations multiples entre humains et sur les non humains qui conduit à un asservissement de la population et de la planète.
De fait, l’école construite dans ce système a pour but principal de former des individus serviles, formatés et adaptés au monde du travail. Ces dernières années, les réformes ne font que confirmer ce constat : tris des élèves au collège par le choc des savoirs, au lycée par la réforme Blanquer, orientation précoce, mise au pas de la jeunesse avec le service national universel.
Nous pensons que le capitalisme n’est pas aménageable pour accéder à un véritable progrès social et à un monde sans dominations. Notre projet s’inscrit dans une perspective de société débarrassée du capitalisme et vise à bâtir une société démocratique, socialiste et autogérée.
Nous défendons une école complètement refondée, sur l’idée qu’un jeune doit participer à la construction de ses connaissances, dans une perspective d’émancipation et de formation de l’esprit critique. Les jeunes doivent se former sans la nécessité de s’orienter vers un métier.
Pour cela, nous défendons le projet d’une école, d’un collège et d’un lycée uniques qui ne trieront pas les élèves.
En introduction de ce congrès, Sophie Venetitay a dit « A la rentrée nous ne trierons pas les élèves ».
A Emancipation, nous souscrivons totalement à ce mot d’ordre !
Mais nous rappelons que la persistance des trois voies au lycée oblige de fait les enseignant⋅es de troisième puis de seconde à trier les élèves vers des voies hiérarchisées scolairement et ségréguées socialement.
Le lycée unique, polytechnique et polyvalent que nous portons permettra à tous les jeunes de progresser à leur rythme avec une scolarité obligatoire jusqu’à 18 ans, sans orientation ni prédétermination. Nous portons aussi le principe que tout⋅e jeune peut accéder des études supérieures et donc exigeons l’adaptation du nombre de places dans le supérieur en fonction des besoins.
Le projet d’école que nous portons s’appuie aussi sur une refonte de l’organisation des disciplines, des programmes, pensé⋅es et rédigé⋅es par les enseignant⋅es afin de développer la construction collective des savoirs et en respectant le rythme d’apprentissage.
Les pratiques pédagogiques pourront ainsi se diversifier. Nous pensons également que l’interdisciplinarité ne doit pas être imposée aux enseignant.e.s, mais construite par elles et eux, sans réduction de la part faite à chacune des disciplines.
Elle permettra ainsi de réaliser des projets pédagogiques construits avec les élèves.
Enfin la structure même des établissements scolaires doit être repensée pour avoir des écoles, collèges et lycées de taille modeste mais surtout débarrassés des hiérarchies entre individus. L’école doit être un lieu d’apprentissage de la démocratie et de l’auto-gestion pour faire des personnels d’éducation, des élèves et des parents d’élèves les vrais élaborateur⋅trices de l’organisation des établissements et de leur fonctionnement. A ce titre, les hiérarchies entre les différents personnels ne pourront perdurer.
Dès maintenant, préparons l’école que nous voulons voir advenir ! Cela ne peut que renforcer notre détermination à venir à bout du capitalisme !