Émancipation


tendance intersyndicale

Ouverture du congrès du SNES-FSU : le SNES doit s’engager dans la lutte !

Le SNES-FSU, principal syndicat de l’enseignement secondaire, ouvre son congrès national ce lundi 18 mars à La Rochelle. Et ce dans un contexte très particulier : d’un côté des attaques sans précédent contre l’école publique (matérialisées par la publication des textes sur le « choc des savoirs »)… et de l’autre une volonté de résistance qui s’exprime notamment par la puissance mobilisations des personnels de la Seine-Saint-Denis, fondées sur la grève reconductible et l’articulation entre l’unité syndicale et auto-organisation. Nous publions ci-dessous l’intervention de la représentante d’Émancipation, Marine Bignon, à l’ouverture du congrès, qui aborde la question de la stratégie syndicale dans ce contexte.

Bonjour Camarades

Le contexte international est plus que préoccupant : des Etats impérialistes et capitalistes assoient leur domination des peuples par la guerre. La France, par son gouvernement, rentre dans cette logique avec une augmentation des budgets militaires, la volonté de généraliser le service national universel pour asservir la jeunesse. L’autoritarisme et la répression du gouvernement Macron lors des mouvements sociaux, tout comme ses discours sur l’envoi de troupes ouvre de sombres perspectives quant à la société qu’il construit.

Le capitalisme épuise aussi les ressources de la planète à des fins d’enrichissement d’une poignée d’individus. Il se cache derrière de potentielles solutions technologiques au réchauffement climatique pour éviter de poser les vraies questions de la finitude des ressources, notamment en eau douce, des relations de domination entre humains et sur les non humains et évite, bien sûr, toute remise en cause des modèles productivistes, agricoles et industriels. La réponse à la colère des agriculteurs en est un exemple : déréglementer encore plus et permettre l’usage de produits phytosanitaires qui ne font que détruire encore plus la planète.

Par ailleurs, l’extrême droite gagne du terrain en France et en Europe avec le RN ou Reconquête ; les idées d’extrême droite sont également reprises par le gouvernement. La volonté de Macron de se choisir l’extrême droite comme adversaire la légitime, elle, ainsi que ses idées. La loi Darmanin est clairement un point de rupture avec une alliance des droites et extrême-droites pour voter une loi régressive, xénophobe et raciste qui enterre l’accueil des étranger⋅es et en fait des criminels.

L’école publique n’échappe ni à l’ambiance générale ni aux attaques des gouvernements capitalistes depuis des années. La réforme Blanquer a complètement déstructuré le lycée en mettant en concurrence les élèves, les disciplines et les établissements, mais aussi en renforçant le tri social et genré, en particulier dans le choix des filières et des spécialités. Depuis l’année dernière, c’est au collège d’être la cible : le gouvernement a mis le pied dans la porte de la préorientation précoce des élèves l’année dernière, ce qu’il renforce cette année par le choc des savoirs. Les élèves seront assignés à des groupes de niveaux et donc triés dès la 6ème. Des élèves pourront se voir refuser l’accès au lycée en étant relégués dans la prétendue « prépa lycée ». Ces attaques contre l’école publique du primaire au supérieur sont systématiques et cohérentes : elles poussent notamment à l’autonomie des établissements qui pourrait conduire au recrutement local des personnels et ainsi à la casse du statut de la fonction publique. Ces contre-réformes ne vont faire que renforcer l’école privée. Cela semble être un objectif des élites au pouvoir, comme le montre les sorties d’AOC, Pap Ndiaye et Macron pour qui l’école privée fait partie de l’éducation nationale.

Du côté syndical, l’année écoulée a été marquée par une lutte exceptionnelle contre la réforme des retraites : exceptionnelle par l’ampleur des manifestations, exceptionnelle par l’adhésion populaire, exceptionnelle par les contestations spontanées suite au 49.3 mais moins exceptionnelle quant à son issue : une nouvelle défaite syndicale. Les directions syndicales prétendent qu’il s’agit d’une victoire morale, mais sur le terrain de nombreux collègues se disent, à juste titre : « maintenant que Macron a gagné, il va continuer sans problème ses contre-réformes ». Il faut alors interroger la stratégie syndicale et donc celle du SNES.

Le tableau et perspectives syndicales pourraient sembler bien noires mais la lutte actuelle dans le 93 nous ouvre de nouvelles analyses et perspectives :

Depuis la rentrée 2023, les établissements ont établi des cahiers de doléances pour établir les besoins de l’école publique sur leur territoire. Ce travail a permis de préparer un mouvement d’ampleur qui égale celui de 1998. La revendication principale est un plan d’urgence. La mobilisation est impressionnante, elle réunit des enseignant⋅es, des parents d’élèves, des élèves avec des manifestations importantes à l’échelle du département comme le 7 mars avec 5000 personnes devant le ministère de l’éducation nationale puis le 14 mars avec 5000 personnes à Bobigny.

Ce mouvement est aussi caractérisé par la tenue d’assemblées générales massives locales, puis plus centrales, avec par exemple une AG à la bourse de travail le mardi 5 mars, réunissant 160 collègues dont 60 mandatés par leurs établissements ou AG de ville.

Les enseignant⋅es sont mobilisé⋅es depuis 3 semaines dans une grève reconduite dans les établissements et entre établissements, avec des temps forts de mobilisation. L’implication dans la grève des collègues peut être expliquée par leurs conditions de travail mais aussi par le travail réalisé en amont de recensement des besoins qui les a inscrits dans la lutte.

Ce mouvement est soutenu par une intersyndicale dont le SNES 93 fait partie et qui appelle d’ailleurs à reconduire la grève à partir du 19 mars.

Ce mouvement montre comment il est possible de construire des luttes, à la fois par la base en incluant les travailleur⋅euses de l’éducation nationale et avec les sections locales des syndicats qui appellent et soutiennent.

Dans d’autres domaines, l’auto-organisation montre sa puissance et ses capacités de mobilisation des citoyen⋅nes. Ainsi, la construction de la grève féministe a commencé depuis quelques années dans les collectifs autonomes qui ont été rejoints cette année par la CGT, Solidaires et la FSU pour une grève féministe qui prend de l’ampleur. Les soulèvements de la terre, collectif protéiforme, constitue une puissante force de mobilisation dans le domaine de l’écologie, de la défense des ressources, de la contestation du capitalisme et de ces modèles productivistes. Ces formes d’organisation, construites par la base avec l’appui de structures syndicales, sont mobilisatrices et apportent de l’espoir dans la capacité à gagner face aux offensives du capitalisme.

C’est là l’enjeu de notre congrès : rénover nos formes d’organisation et de lutte pour se donner les moyens de gagner. Débattons-en, et soyons fous, construisons notre plan d’urgence pour le syndicalisme !


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