Douarnenez (Finistère), l’hiver 1924. Dans les vingt conserveries de sardines, deux mille “filles d’usine” œuvrent nuit et jour, au gré des arrivages, à emboîter au plus vite ce poisson fragile. Elles sont là entre dix et quatorze heures d’affilée pour une paye minuscule versée par des industriels – dont même le ministre du Travail dit qu’ils sont “des brutes et des sauvages”. Le 21 novembre, un patron refuse de recevoir des ouvrières exténuées. Les femmes de toutes les “fritures” descendent dans la rue, avec à leurs côtés, le maire communiste et leurs maris, marins pêcheurs. Bientôt, toute la France suit dans les journaux le détail de cette “grève de la misère” devenue un feuilleton national. Après plus de six semaines à battre le pavé en sabots, elles ont pourtant gagné.
Une belle grève de femmes, Les Penn sardin, Douarnenez 1924, Anne Crignon, éditions Libertalia, 2023, 168 p., 10 €.