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La tresse

Un film de facture classique, bien structuré, dont la composition est heureusement subvertie par deux trouvailles : l’interpénétration des trois intrigues, sans transition, dans le déroulement filmique, et leur surprenante convergence finale qui soulage la tension et l’émotion du public par un effet d’évidence humoristique : un peu à la façon d’un dénouement de roman policier.

De belles images, notamment sur les hauts lieux de l’Inde.

Et une réflexion politique sur l’exclusion.

Celle contre laquelle luttent ces trois femmes dans des registres divers : pour l’Hindoue, civilisationnelle, celle de genre venant se superposer à la sociale qui frappe les Intouchables.

Comme pour l’Italienne émancipée, menacée de régression par le marché d’un mariage forcé que la mère, pour échapper à la ruine, tente de conclure au détriment de cette jeune héritière de son père, combattante opiniâtre et éclairée, pour l’égalité, la liberté et le savoir.

Enfin, réalisant un parcours exemplaire, à l’image de ces femmes “idéales” que la modernité nous prescrit d’être : à la fois séduisantes, maternelles, et répliques des hommes dans l’excellence professionnelle, la troisième héroïne, qui voit sa vie fracassée par la maladie et le jeu sans pitié de la concurrence libérale que celle-ci provoque, dont une collègue est l’artisane…

La singularité de cette vison critique des mécanismes qui nous broient tient à l’image des hommes.

Pour les familiers et ceux qui aspirant à l’être, s’efforçant de comprendre voire soutenir ce combat féministe qu’ils soient compagnon ancien ou futur, ou supérieur hiérarchique.

Cet aspect, à rebours des généralisations et poncifs, a quelque chose de soulageant, porteur d’espoir, d’encouragement.

Nous ne nous battons pas contre les hommes mais avec eux, pour changer l’ordre qui nous écrase ensemble.

Marie-Claire Calmus

La tresse, film de Laetitia Colombani, 2023, France, Italie, Belgique, Canada.