Cette étude qui vient de paraître a été menée par les sociologues Marie Buscatto et Ionela Roharik. Elle a été commandée par les associations AJC, Grands Formats et la FNEIJMA (il est possible de la télécharger sur le site de Grands formats). Il en ressort que les hommes musiciens sont majoritaires en nombre, qu’ils portent des répertoires majoritairement masculins. Inégalité de revenus, situation des enseignantes défavorable, moins de place laissée à l’expression des femmes, une cooptation qui privilégie le recrutement d’hommes… Au-delà des chiffres et des tableaux qui montrent un état des lieux nécessitant une remise en cause des pratiques (avec par exemple une mise en place de quotas) ; il est intéressant de lire les quelques témoignages présentés.
“Un homme musicien d’une quarantaine d’années raconte […] les musiciens qui l’entourent tendent, de manière a priori totalement inconsciente selon lui, à limiter les possibilités d’expression et d’improvisation des rares femmes musiciennes présentes […]”. On appréciera l’accumulation des précautions : de manière, a priori, totalement et enfin tout cela est inconscient. Ben voyons !
“[…] On me coupe tout le temps la parole. […] C’est toujours lui [son collègue homme, avec lequel elle est officiellement en codirection] qui leur explique. Quand on est en petite commission, je peux parler, mais en grande réunion, c’est lui qui restitue, c’est surtout lui qui parle […]” (gestionnaire administrative de 40-50 ans).
Y : Mais enfin ! il suffit qu’elle prenne la parole, il suffit qu’elle parle plus fort, il suffit qu’elle lui dise !
X : Ben non ! Il suffit que le temps de parole soit réparti et alterné et surtout qu’une fois cette décision prise elle soit respectée intelligemment.
Limiter le temps d’improvisation d’une femme dans la musique, limiter le temps de parole d’une femme dans une réunion, serions-nous encore et toujours dans un système patriarcal et sexiste ?
Élisabeth Diaferia