PARCE QUE C’EST AUSSI UNE FORME DE HAINE
De la prison pour… des chansons
La 36ème chambre de la Cour d’appel de la province de Téhéran vient de condamner six chanteuses à un an de prison. On les accuse d’activités audiovisuelles non autorisées, de collaboration à la production de musique et d’images et de diffusion sur des réseaux satellitaires anti-régime.
Depuis 1979, interdiction a été faite aux femmes de chanter seules en public. Dès l’arrivée au pouvoir de Khomeiny, les chanteuses ont été obligées d’arrêter leurs activités, et beaucoup ont dû quitter le pays. Seul un petit nombre d’entre elles qui avaient choisi de tolérer la censure répressive du régime ont été autorisées à se produire devant un public exclusivement féminin. La voix des chanteuses ne peut en effet s’élever devant un public mixte ; il est toléré qu’elles chantent à condition qu’elles aient un rôle musical secondaire et que leur chant accompagne celui des hommes.
Le pouvoir de leur voix serait par trop subversif. “La voix des femmes se transforme pour donner du plaisir” s’entend répondre par les autorités Sara Najafi, la réalisatrice du magnifique film No land’s song en 2014 lors de son combat acharné pour l’organisation d’un concert de femmes à Téhéran. Et la distance entre plaisir et pêché est si mince aux yeux des pouvoirs religieux.
Au printemps dernier, la chanteuse Negar Moazzam s’était produite en public. Une vidéo de sa chanson a été diffusée sur les médias sociaux. Quelques jours plus tard, une plainte a été déposée contre elle et la compagnie qui avait organisé la tournée. Le représentant spécial du Guide suprême Ali Khamenei dans la ville de Natanz, ville du procureur à qui a été confié l’affaire, a qualifié le geste de la chanteuse d’“effronterie”, ajoutant que le pouvoir judiciaire, les services de renseignement et les forces de sécurité devraient rendre des comptes pour expliquer comment une telle “insolence” avait pu leur échapper.
Insolentes, effrontées, les femmes d’Iran et d’ailleurs le sont quand il est question de leur liberté d’expression. Saluons l’immense courage de toutes celles qui ne supportant plus les contraintes vestimentaires, les interdits de toutes sortes, sont prêtes à affronter, les poursuites, les violences, l’emprisonnement et osent se montrer publiquement dans des actes qui nous apparaissent anodins mais qui ne le sont pas là où elles vivent. Nous sommes à leur côté.
Joëlle
Rencontres féministes à Toulouse
Les 26 et 27 octobre 2019 ont eu lieu à Toulouse les premières rencontres féministes nationales de préparation du 8 mars 2020. Depuis trois ans, le 8 mars est le point culminant du mouvement féministe dans le monde, avec des appels à la grève générale et des millions de manifestantes un peu partout. Mais en France, malgré de multiples initiatives locales, nous peinons à nous organiser nationalement malgré les appels à la grève des Solidaires (depuis 2014), FSU et CGT (depuis 2016).
Ces rencontres étaient à l’initiative de l’assemblée féministe “Toutes en grève” à Toulouse et avaient pour objectif de permettre un premier espace de discussion au niveau national pour construire la grève féministe du 8 mars 2020, partager les diverses expériences locales, débattre sur des revendications et des modes d’organisations etc. Plus de 200 femmes et minorités de genre ont été présentes sur l’ensemble du week-end ce qui est déjà un succès en soi ! Étaient présentes des personnes de Tours, Marseille, Rouen, Paris, Amiens, Bordeaux, Lille, Narbonne, Albi, et de la région toulousaine. Des militantes de Nantes, Montpellier et Nice ont fait part de leur souhait de venir mais n’ont pas pu faire le déplacement.
Annick