Ils l’ont fait
Cette fin d’année a été marquée par la stupeur pour toutes ceux et toutes celles qui agissent pour une société débarrassée de l’exploitation et des oppressions. “Ils” (le pouvoir macroniste) ont fait adopter l’une des lois les plus régressives depuis longtemps contre les travailleur·es immigré·es.
Stupeur oui, mais pas surprise. Nous n’avons jamais considéré, comme d’aucun·es, que Macron représentât un quelconque “barrage” face à l’extrême droite. Au-delà des combinaisons parlementaires, Macron et son gouvernement se situent dans un cadre politique qu’on retrouve dans d’autres pays. Il poursuit son évolution réactionnaire : aujourd’hui une alliance parlementaire avec l’extrême droite, demain une alliance gouvernementale ?
En effet, cet élément s’ajoute à d’autres. Le “soutien inconditionnel” à l’État d’Israël (y compris à ses crimes de guerre et à ses tendances génocidaires), l’alliance réalisée lors la “marche contre l’antisémitisme” (et donc la hiérarchisation tacite des différents racismes), la convergence pour voter la loi “immigration”… sont autant de ponts qui se constituent avec ses concurrents d’extrême droite. Cette évolution touche plusieurs pays d’Europe, c’est un phénomène qui doit se comprendre dans une perspective mondiale : dans le cadre de la concurrence capitaliste internationale, il s’agit pour les gouvernements, à la fois de maintenir la domination des anciennes puissances coloniales et/ou impérialistes à l’extérieur, et de réprimer/diviser à l’intérieur… notamment les parties les plus précarisées et discriminées du salariat, à savoir celui d’origine immigrée.
Mais cela entraîne aussi d’autres questions. La situation réactionnaire que nous connaissons est en grande partie le produit de l’échec de la lutte sur les retraites d’il y a quelques mois, lui-même lié en grande partie aux stratégies des “journées d’action” intersyndicales. Suite à cela, les directions syndicales ont “tourné la page” et repris les “concertations” habituelles avec le pouvoir. De même, l’adoption de la loi Darmanin est aussi le produit de cette orientation : pendant des mois, diverses associations et syndicats ont attendu (et attendu quoi ? Que Macron et Darmanin fassent “un geste” sur les fameux “métiers en tension”) avant de dire que ce projet est inacceptable et doit être retiré !
La question est maintenant de reprendre le chemin de l’unité d’action, contre cette politique et ce gouvernement dont on ne peut rien attendre. Pour cela, il faut en créer les conditions : en favorisant l’auto-organisation dans les quartiers, dans les entreprises, en organisant la solidarité face à la répression d’État en dissipant les illusions parlementaristes ou de “dialogue social”… pour rassembler les différents secteurs de la classe travailleuse. Il s’agit d’arracher le retrait de cette loi totalement xénophobe, et de lutter de la même façon sur les autres questions. Ainsi, seule la mobilisation internationale permettra de faire reculer le nettoyage ethnique en cours en Palestine.
En France, la question de créer l’unité pour entrer dans la lutte se pose aussi pour nous, personnels de l’éducation. Le “choc des savoirs” du ministre Attal, c’est une attaque en règle contre l’école publique laïque et les personnels : il s’agit de sortir des mobilisations segmentées et sectorielles, de créer un mouvement d’ensemble pour le retrait de toutes les contre-réformes et la satisfaction des revendications urgentes.