Congrès de la FSU
L’assemblée générale, à l’échelle du lieu de travail, permet aux salarié·es de décider des actions à mener, de s’organiser pour les mettre en œuvre, et de contrôler collectivement le déroulement de leur mobilisation. C’est par la même occasion un espace dans lequel ils et elles peuvent s’approprier les revendications et modes d’action proposés par les organisations syndicales, qu’elles et ils soient syndiqué·es ou non. C’est aussi un espace qui doit permettre de réunir les différentes catégories de personnels qui partagent un même lieu de travail, même si ces catégories ne sont pas syndiqué·es par les mêmes organisations, y compris au sein de la FSU.
Cependant, dans une mobilisation qui dure, qui cherche à se renforcer et à s’étendre, les assemblées générales ne peuvent pas rester circonscrites à un unique lieu de travail. Elles doivent aussi se tenir à une échelle géographique plus large, à travers le mandatement de délégué·es d’établissement. Nous l’avons vu l’an dernier : la mobilisation contre les réformes Blanquer s’est souvent appuyée sur des AG de ville, de bassin, départementales, voire académiques ou régionales. Elles étaient parfois appelées par des sections de nos syndicats, seules ou au sein d’intersyndicales, et souvent investies par nos adhérent·es et militant·es.
Ces AG ont souvent contribué à donner confiance aux collègues et à coordonner leurs initiatives, tout en tenant compte des niveaux de mobilisation hétérogènes dans les établissements, en proposant des modalités d’action variées. Elles ont aussi aidé à la coordination du premier degré et du second degré, notamment face à la mal nommée “loi pour une école de la confiance” qui déployait ses attaques de la maternelle au lycée. Il faut enfin souligner le rôle des assemblées de correcteurs et correctrices du baccalauréat qui ont largement contribué, avec le soutien de l’intersyndicale, à mettre Blanquer en difficulté fin juin et début juillet.
Dans la mobilisation actuelle pour les retraites, la tenue d’AG interprofessionnelles sera également utile, pour aider à concrétiser partout la convergence des professions et des secteurs en lutte.
Ceci étant posé, la question qui surgit est alors celle de l’articulation entre ces assemblées générales et nos structures syndicales, trop souvent perçues comme antinomiques. Cette antinomie n’est pas une fatalité, pour plusieurs raisons. Dès lors que nos syndicats contribuent à leur organisation, proposent des lieux et des moments pour les tenir, en diffusent l’information, les AG n’apparaissent pas comme des alternatives aux syndicats, mais comme un outil d’organisation proposés par eux. Et lorsque nos sections syndicales ne sont pas à l’origine des AG, nous devons aussi y prendre part ; pour rester au contact de tou·tes les collègues mobilisé·es, syndiqué·es ou non ; pour mettre nos forces et nos ressources au service de leur mobilisation ; pour participer à l’élaboration des décisions qui y sont prises.
La défiance d’une partie de nos camarades à l’égard des AG repose souvent sur la crainte qu’elles deviennent des formes antisyndicales, remettant en cause le bien-fondé de nos organisations, ou sur la crainte qu’elles deviennent des lieux d’agitation, s’adonnant à des surenchères déconnectées de l’état réel de la mobilisation sur nos lieux de travail. Mais lorsque ces risques existent, la meilleure façon de s’en prémunir n’est pas de bouder les AG. C’est plutôt par notre investissement en leur sein que nous contribuerons à en faire des outils démocratiques, efficaces pour les luttes, et intelligemment articulés au travail de nos syndicats.
En tant que militantes et militants syndicaux, nous avons besoin d’Assemblées générales, et les Assemblées générales ont besoin de nous. Nous voulons faire reculer Macron ; nous ne pouvons pas nous permettre de négliger un tel outil à notre disposition.
Renaud Charasse