Émancipation


tendance intersyndicale

Un congrès en demi-teinte

Congrès de la FSU

La délégation d’Émancipation

Ce congrès s’est déroulé du 9 au 12 décembre dans le contexte particulier de la mobilisation massive contre le projet de retraite par points, lancée par les grèves et manifestations exceptionnelles du 5 décembre. Il s’est déroulé dans des conditions difficiles pour Émancipation, la moitié de notre délégation ayant légitimement choisi de rester sur le terrain des luttes où elle était investie.

L’ouverture du congrès le lundi 9 décembre laissait augurer d’un congrès catastrophique, avec une introduction aux débats lénifiante de Bernadette Groizon, la secrétaire générale, et surtout le refus de bouleverser l’ordre du jour rituel du congrès pour placer l’action au cœur des débats puis une limitation drastique du nombre d’intervenant·es destinée à brider la parole, en particulier des tendances minoritaires et des dissidences au sein d’U&A.

Toutefois notre intervention, avec celles de certaines sections départementales, de Front Unique et parfois de l’École Émancipée (globalement assez transparente de même qu’URIS) tentait de transformer le débat sur le bilan des trois années écoulées en débat sur l’action. À la tribune, Jacques Lacroix annonçait un aménagement de l’ordre du jour pour laisser la place à la manifestation du 10 et laissait ouverte une possibilité pour celle du 12 (qui finalement s’est réduite à une sortie de 30 minutes avec drapeaux et banderoles devant le Palais des Congrès).

Les débats en commissions sur les quatre thèmes du congrès ont été beaucoup plus ouverts, et ont confirmé que certaines de nos propositions avaient été reprises dans les sections départementales, en particulier celles portant sur l’abrogation des réformes récentes.

De rares surprises

Les débats et les votes en plénière ont ensuite donné lieu à de rares surprises. Parmi les amendements qui n’avaient pas été retenus ou reformulés par la tribune, très peu ont été votés. Seul fait notable, dans le thème 1 (Éducation, formation, recherche, culture : un service public pour le progrès social) : nous avions retiré nos amendements demandant la nationalisation laïque sans indemnité ni rachat des établissements privés, pour nous joindre à l’amendement soutenu par les Sections départementales 12, 17, 31, 44, 47 et l’École Émancipée, rédigé ainsi: “Pour lutter efficacement contre les inégalités scolaires, la mise en concurrence entre les établissements doit cesser. Cela passe par la fin du dualisme public/privé dans l’éducation : la FSU revendique la nationalisation des écoles privées sans rachat ni contreparties au sein du service public dont les moyens doivent être abondés pour donner à tou.tes les jeunes les conditions pour réussir”.

Les votes ayant donné 272 pour (soit 51 %), 218 contre, 44 abstentions et 51 refus de vote, la tribune proposait une rédaction adoptée avec 574 pour, 2 contre, 6 abstentions et 21 refus de vote : “La FSU revendique la fin du dualisme scolaire dans la perspective de la nationalisation laïque des écoles privées sous contrat”.

Notre amendement demandant la suppression des évaluations nationales et appelant à leur boycott n’a pas été adopté, mais a fait aussi un bon score : 85 pour, soit 16,5 %.

On a pu aussi noter l’incohérence de l’École Émancipée, qui défend dans ses interventions l’école polytechnique et polyvalente, mais qui ne dépose ni amendements ni motions et qui refuse de voter les nôtres qui défendent pourtant le même point de vue.

Sur le thème 2 (La Fonction publique, pour réaliser le service public, une idée moderne) l’enjeu principal portait sur la lutte contre la précarité. Notre amendement demandant l’arrêt du recrutement de personnels précaires et la titularisation immédiate sans condition de concours ni de nationalité de celles et ceux qui sont déjà employé·es a fait aussi un bon résultat, avec 81 pour.

Sur le thème 3 (Transition écologique, droits humains et justice sociale : une urgence démocratique), là aussi plusieurs de nos propositions ont été adoptées. Les oppositions se sont surtout cristallisées sur la question du droit de vote des étranger·es. L’amendement qui demandait ce droit à toutes les élections n’a pas été adopté, il a tout de même obtenu 245 pour, 246 contre, 95 abstentions, 49 refus de vote.

Dans le thème 4 (Pour une FSU combative, unitaire et engagée au quotidien) notre amendement sur le mouvement des Gilets jaunes a obtenu 83 pour, 411 contre, 5 abstentions et 123 refus de vote (principalement de l’ÉÉ et de FU).

Front Unique a proposé une motion contre la syndicalisation des policiers, que nous avons été seul·es à soutenir, alors même qu’Olivier Sillam (École Émancipée) était intervenu pour dénoncer son interpellation et sa mise en accusation par la police à l’occasion d’une manifestation à Nice, l’ÉÉ refusant une fois de plus de voter.

Une note plus optimiste

Ce congrès s’est terminé sur une note plus optimiste qu’à son début.

Le vote sur les modifications statutaires qui favorisent la place des femmes dans les instances nationales de la FSU a été l’occasion pour Front Unique de s’illustrer en étant la seule tendance à voter contre, tandis que la chorale de l’ÉÉ entonnait l’hymne des femmes. C’est là leur intervention la plus marquante du congrès.

Le débat sur le texte action nous a permis de contribuer, avec d’autres, à infléchir positivement le texte du secrétariat général, qui intègre la grève reconductible (même si la FSU n’y appelle pas explicitement).

FU s’est à nouveau signalé en intervenant contre la grève reconductible, à laquelle cette tendance oppose la manifestation centrale devant l’Assemblée nationale.

Notre amendement concernant le refus des discussions et concertations a été soutenu par FU et URIS, mais n’a recueilli que 39 voix. Celui portant sur la création de caisses de grèves en a obtenu 111.

Le congrès s’est achevé sur un discours de clôture du nouveau secrétaire général, Benoît Teste, nettement plus offensif que le discours introductif. Maintenant nous attendons de la FSU qu’elle passe aux actes. Notons qu’à ce jour, la FSU soutient la grève reconductible sans y appeler, et qu’elle a refusé de participer au Conseil Commun de la Fonction Publique pour dénoncer la politique du gouvernement et… la dégradation du dialogue social.

Raymond Jousmet


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