Dominique Grange s’associe à son compagnon, Jacques Tardi, pour nous offrir un beau roman graphique historique, qui démarre dans les années 50. Élise, (Dominique Grange), jeune chanteuse lyonnaise, monte à Paris où elle expérimente le travail à la chaîne et découvre un système aliénant et déshumanisant. Elle est de tous les combats anticoloniaux, anticapitalistes. Conscientisée par des cours de philosophie, on la trouvera notamment dans les cortèges de mai 1968, au sein de Gauche Prolétarienne, en soutien à la cause palestinienne. Une histoire populaire de la France des années 1950-1980, un pays où les ouvriers maghrébins contribuent aux succès de Renault ou Peugeot tout en étant parqués dans des bidonvilles insalubres. Un pays, où les “événements” d’Algérie, le racisme, les violences policières et l’exploitation économique s’apparentent à des taches ineffaçables. Pour ne pas oublier ce passé pas si lointain, cet ouvrage est notamment dédicacée à notre camarade Catherine Grupper dont Dominique Grange était une de ses grandes amies.

Élise et les nouveaux partisans , BD, autrice Dominique Grange, dessinateur Jacques Tardi, éditions Delcourt, novembre 2021, 176 p., 24,95 €.

Dès la fin du XIXe siècle, le mouvement des Écoles nouvelles fait apparaître de nouveaux modes de faire pour l’émancipation des enfants et des adultes. Le GFEN, Groupe français d’éducation nouvelle, s’est construit dès 1922, internationalisant son action avec la co-création du LIEN en 2001 et de Convergence(s) pour l’Éducation Nouvelle en 2021. Ce numéro 182 de Dialogue ouvre un espace de recherche, qui sera suivi en 2022 d’autres publications développant l’actualité et les contributions pour l’avenir, occasions de (re)découvrir comment le mouvement a évolué. Évocation de l’action des personnes, de la dynamique des rencontres avec leurs controverses, ces éclairages montreront quel vivier d’invention, de création sociale et d’espoir est encore l’engagement dans la réalisation du “Tous capables !”.

100 ans d’éducation nouvelle Une histoire à partager , Revue Dialogue du GFEN, n° 182, octobre 2021, 56 p. 8 €.

Dans Effondrement , le concept qui donne son titre à ce livre est examiné, les causes présumées du phénomène analysées – dont en premier lieu, le changement climatique et l’épuisement des matières premières énergétiques – et les traits pressentis de la société de l’après-effondrement étudiés. Mais l’auteur porte aussi attention à deux réponses différentes face à l’écroulement général du système : celle propre aux mouvements pour la transition éco-sociale et celle de l’écofascisme. Les premiers défendent un horizon qui, à travers une combinaison d’éléments pré-capitalistes et anticapitalistes, se caractérise par des verbes comme décroître, désurbaniser, détechnologiser, dépatriarcaliser, décoloniser et décomplexifier.

Un livre utile pour se repérer dans un débat qui devient urgent.

Effondrement, Capitalisme terminal, transition éco-sociale, éco-fascisme, Carlos Taibo, Les Éditions Libertaires, septembre 2021, 229 p., 15 €.

Depuis plusieurs années, la France, “patrie des droits de l’homme”, connaît une dérive autoritaire sans précédent. Les auteurs respectivement journaliste et avocat œuvrant dans le domaine des libertés fondamentales, ont écrit ce livre autant comme un constat implacable que comme un appel au sursaut. Notre démocratie souffre dans ses fondements même : la suite des régimes d’exception qu’elle connaît depuis plusieurs années donne des prérogatives toujours plus importantes à l’État. L’épidémie de Covid-19 aura été une formidable occasion de banaliser les outils de contrôle et d’y accoutumer les citoyen·nes. Ils dressent enfin un bilan implacable du quinquennat Macron, du tournant répressif contre celles et ceux qui concourent à l’expression de la pluralité des opinions (gilets jaunes, zadistes, lanceurs d’alerte…). Pour nous inciter à résister à la surveillance généralisée.

Revendiquons le droit à la désobéissance , Jérôme Hourdeaux, Vincent Brengarth, éditions Fayard, octobre 2021, 240 p., 20 €