Émancipation


tendance intersyndicale

L’hébergement d’urgence en question

Notes de lecture

Quand pour des raisons diverses, des individus ou même des familles se retrouvent à la rue, ce n’est pas un choix de leur part. Aussi la plus élémentaire compassion voudrait qu’on leur trouve rapidement un hébergement. Un hébergement qui devrait n’être que provisoire mais qui trop souvent perdure quand on ne renvoie pas tout bonnement ses bénéficiaires à la rue.

Il existe des organismes officiels pour se préoccuper du problème de l’hébergement d’urgence. Dans le petit livre que vient de publier l’infatigable J.François Chalot, le sociologue Christian Delecourt en fait l’inventaire, sous forme d’une synthèse de deux rapports parlementaires. “La politique d’hébergement d’urgence […] est pilotée par la Délégation interministérielle pour l’Hébergement et l’Accès au Logement (DIHAL) qui est directement rattachée au Premier Ministre. Elle s’inscrit dans le plan quinquennal Logement d’abord 2018-2022”.

La demande s’est considérablement accrue ces dernières années du fait du développement de la pauvreté et de la progression de l’immigration. Les “sans abri” sont d’une grande diversité. On y trouve 40 % de femmes et 16 % de moins de 25 ans. Beaucoup ignorent l’existence du 115, ce numéro d’urgence d’un service (le SIAO – Service Intégré d’Accueil et d’Orientation) qui est censé mettre rapidement à l’abri ceux qui font appel à lui.

Il ne faut toutefois pas confondre “mise à l’abri” et “hébergement d’urgence”, la première étant très provisoire, le second étant destiné, avec un accompagnement social, à durer le temps de trouver un hébergement définitif, en passant éventuellement par un “SOLIBAIL”.

La DDCS (Direction départementale de la Cohésion sociale) est une des pièces maîtresses du pilotage de la mise à l’abri et de l’hébergement d’urgence. Par ailleurs, les CCAPEX (Commissions Départementales de Coordination des Actions de Prévention des Expulsions locatives) interviennent quand elles le peuvent pour éviter les mises à la rue.

Mais les services officiels ne sont pas toujours au courant des cas à résoudre et ont quelquefois (souvent ?) besoin d’être alertés et/ou aiguillonnés par des associations de bénévoles comme le CNAFAL ou le DAL.

Le petit livre de J.F. Chalot est une contribution à la réflexion sur ce sujet. On y trouve les réflexions de l’auteur mais aussi un reportage sur le SIAO, un compte-rendu du colloque de l’UFAL de Melun sur les expulsions locatives et un état de l’action des CCAPEX en 2018 par le président du CNAFAL. Suivent de nombreux témoignages sur des cas douloureux et l’action des associations pour tenter de les résoudre. Une mention particulière au “115 du Particulier”, une initiative originale d’entraide et d’aide aux démunis.

L’ouvrage se termine par quelques pistes d’action et par deux points de vue originaux sur le problème des pauvres et des sans-abris.

Assez abondamment illustré, cet opuscule qui se lit facilement constitue un éclairage utile sur un problème de plus en plus préoccupant.

Jean Mourot

L’hébergement d’urgence en question, J.F. Chalot et al., Le Scorpion brun, 2019, 152 p. 10€.

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