États-Unis – Mon corps mon choix
L’historique décision de la Cour suprême américaine Roe versus Wade légalisant l’avortement en 1973 pourrait-elle devenir caduque en juin 2022 à la suite de la nomination de juges conservateurs par Trump ? Les États conservateurs se préparent à cette régression sans précédent qui criminaliserait non seulement la personne impliquée, mais tout·e complice ayant aidé ou seulement conseillé une femme devant avorter. Le traçage de tout·e suspect·e grâce à l’examen de ses navigations internet fait craindre une plus grande répression. De plus les inégalités de classe et raciales seraient renforcées, voyager vers des États plus permissifs et trouver un réseau à temps n’étant pas du ressort de toutes, sans compter les risques sur la santé encourus dans le cas d’une interruption de grossesse clandestine. Pendant les décennies qui nous séparent de 1973, les groupes anti-avortement ont glissé des catholiques vers les chrétien·nes évangéliques, pour des raisons électoralistes. Dès les années Reagan, l’avortement n’a plus été considéré comme un acquis pour le bien-être de la famille donnant droit à un remboursement, les demandeuses – souvent caricaturées comme mères célibataires noires – étant critiquées comme vivant aux crochets du système. Après l’assaut du Capitole, en janvier 2021, donnant une piètre image des institutions incarnant la démocratie, verrons-nous la Cour suprême des États-Unis perdre de sa légitimité en entrant dans la polarisation partisane des deux camps, au lieu de jouer son rôle d’arbitre au-dessus de la mêlée, dans le respect de la Constitution ? Soutenons de partout les femmes pour un droit acquis de haute lutte !
Véro
D’après quelques lectures du Guardian Weekly daté du 10 décembre.
Inde – Le scandale de l’application misogyne et islamophobe Bulli Bai
Le 1er janvier dernier une application a fait son apparition sur la Toile indienne. Les créateurs de l’application Bulli Bai ont détourné des images de cent femmes trouvées sur les réseaux sociaux pour simuler une vente aux enchères de ces femmes. Il s’agit de journalistes, de militantes, d’avocates ou d’actrices, bref de femmes qui appartiennent à l’espace public. Comme l’exprime la journaliste Sayema Rahman, “nous avons été ciblées car nous sommes des femmes, nous sommes musulmanes, nous avons un esprit libre et indépendant et nous réussissons dans la vie”, déclare-t-elle. Elle ajoute : “Nous parlons au nom des opprimés, essayons de lutter contre les injustices, et ceci est une campagne organisée pour nous faire taire”.
Une autre application du même genre avait vu le jour en juillet dernier, Sulli Deals. “Sulli” est le terme très insultant et dégradant que les trolls hindous d’extrême droite utilisent pour désigner les femmes musulmanes. Et une fois passé l’émoi suscité sur le moment par l’événement, aucune des plaintes déposées par ces femmes pour usurpation d’identité, appel à la haine ou appel au viol n’a été traitée à ce jour.
En 2018, un rapport d’Amnesty International sur le harcèlement en ligne en Inde montrait que plus une femme était active et s’exprimait en public, plus elle avait de risques d’être prise pour cible. Et ce risque augmentait si les femmes étaient issues de minorités religieuses ou des castes les plus désavantagées. Comme le souligne la journaliste française Sonia Devillers, “être femme et musulmane revient à cumuler les handicaps et à constituer une proie de choix” pour les nationalistes hindous.
Laure