Depuis l’Université d’été des enseignant·es et de l’éducation
Les AG de grévistes du bac en juillet ont décidé de poursuivre la lutte avec une Université d’été de l’éducation et une coordination nationale pour approfondir les analyses et positions sur une école émancipatrice et remobiliser dès la rentrée.
Ces deux évènements préparés avec la même détermination que la grève contre Blanquer ont été des succès (650 et 200 participant·es).
Émancipation y-a pris toute sa place : brochure diffusée à 300 exemplaires (jointe à ce numéro), participation active à l’organisation, à des ateliers, causeries, projections, tenue de la librairie de l’EDMP et d’une table de la Revue, contribution à l’animation et à la popularisation de la coordination dont l’appel est ci-dessous…
O. V.
La sixième coordination nationale des établissements en lutte contre les réformes et la loi Blanquer et Parcoursup (la Chaîne des bahuts) s’est tenue à la Cartoucherie de Vincennes, dans le cadre de l’Université d’été des enseignant·es et de l’éducation en présence de plus de 200 personnes venant de 98 établissements de 11 académies différentes (dont Toulouse, Bordeaux, Caen, Amiens, Montpellier…). En plus de la présence de nombreux personnels du premier et second degré, dont des responsables syndicaux nationaux et académiques, cette réunion a été renforcée par la présence de parents d’élèves, de membres de l’enseignement supérieur (notamment les Carrés Rouges et des Universitaires Gilets Jaunes) et d’une délégation lycéenne (UNL, FIDL, MNL et Youth for climate).
La coordination s’est félicitée de la force au niveau national du mouvement de grève contre Blanquer, qui a culminé avec la grève des examens appelée et soutenue par un appel unitaire de l’intersyndicale second degré, la Chaîne des bahuts et les Stylos rouges, mettant le ministre en difficulté, et le coupant définitivement d’une large partie des personnels.
Elle constate pourtant que Blanquer n’a pas cédé sur nos revendications malgré ce haut niveau de mobilisation. Elle tire le bilan que l’an dernier, nous n’avons pas réussi à nous mobiliser tous au même moment, en particulier entre les personnels du Premier et du Second degré. Pourtant nous savons que nous avons la force de faire céder ce gouvernement si nous unissons nos forces. La coordination affirme vouloir construire une mobilisation de la maternelle à l’université, et rompre avec la stratégie perdante de journées de grève sans lendemain ou de grèves “saute-mouton”. Nous devons suivre l’exemple d’autres secteurs salariés qui ont remporté des victoires en s’engageant dans des grèves reconductibles.
La coordination, partie prenante de l’Université d’été des enseignant·es et de l’éducation, considère comme extrêmement encourageantes pour la remobilisation de l’éducation à la rentrée la fréquentation très importante et la grande qualité des débats de cette Université d’été, soutenue au niveau national par le SNES, le SNESUP, la CGT Educ’action, la FERC CGT, le SNFOlc, SUD éducation et la CNT, ainsi que des sections académiques et départementales de ces syndicats, les Stylos rouges, des groupes pédagogiques et associations professionnelles et éducatives et des collectivités territoriales.
La coordination fait plus que jamais sienne, suite aux débats sur la répression de l’Université d’été, la lutte collective contre la répression des personnels et des élèves. Elle continuera de contribuer à la défense des personnels et élèves sanctionné·es ou menacé·es de sanctions (Bobigny, Orléans-Tours, Nîmes…) ou victimes de la répression policière ou judiciaire.
La coordination propose dans cet appel :
1) Un plan de remobilisation pour le mois de septembre (voir page 4).
2) Des motions à soumettre aux AG locales (voir page 4).
3) Une actualisation des revendications de la coordination (voir page 5).
4) Des principes pour le fonctionnement de la coordination et la répartition de sa caisse de lutte.
Pour un plan de remobilisation en septembre !
La coordination a débattu de la situation telle qu’elle se présente dans les différentes régions à la veille de la rentrée. Elle rappelle la nécessité de tenir des AG ou des HIS le 30/08, jour de la pré-rentrée. Prenant en compte la force de la grève du bac et le succès de l’Université d’été, elle propose un plan de remobilisation afin de construire un rapport de force en mesure d’imposer ses revendications.
■ Elle apporte en ce sens son soutien aux établissements qui ont décidé de se mettre en grève dès le 2 septembre, appelle à les rejoindre au plus tôt, et appuie toutes les formes de mobilisation en cette rentrée pour manifester notre colère contre la politique Blanquer et les conditions encore plus dégradées qu’elle entraîne pour les élèves et les personnels.
■ Elle propose aux AG à tous les niveaux ainsi qu’aux syndicats de décider un premier temps fort d’extension de la grève le 10 septembre, avec manifestation devant le ministère et les rectorats, des tournées d’établissements et des délégations en direction d’autres secteurs mobilisés, et la tenue d’AG pour débattre des suites de la grève reconductible et des mobilisations.
■ La coordination propose de réaliser l’unité des grèves et des luttes sectorielles qui s’annoncent pour le mois de septembre. C’est pourquoi nous appelons à nous regrouper autour de la journée du 24 septembre, et à en faire une journée de grève générale de l’éducation, dans le cadre d’une journée de grève interprofessionnelle. Elle propose aux AG d’appeler les autres secteurs à des assemblées générales interprofessionnelles le 24, pour débattre de la poursuite de la grève et des mobilisations.
■ Elle considère aussi comme extrêmement important le rendez-vous des vendredi 20 (mobilisation des jeunes pour le climat à laquelle appellent déjà l’UNL, la FIDL et le MNL) et samedi 21 (manifestation appelée par de nombreuses organisations, dont les Enseignant·es pour le climat, les Gilets Jaunes…), à laquelle elle propose d’inviter les parents d’élèves dans des cortèges éducation.
Motions
En plus de ce plan de remobilisation, des motions ont été adoptées, pour proposition aux AG locales.
Baccalauréat 2019
Nous exigeons le retour du cadre républicain de passation du bac, diplôme national et premier diplôme universitaire. Concernant la session 2019, nous exigeons que tous les élèves qui le souhaitent, recalé·es, bachelier·es sans mention ou bachelier-e-s avec une mention jugée non satisfaisante, puissent se présenter à la session de remplacement de septembre.
Démission de Jean-Michel Blanquer
En demandant aux jurys de bac, par des consignes orales et écrites non signées, d’attribuer aux élèves dont les copies n’avaient pas encore été rendues des notes de livret, voire d’en inventer, puis de les maintenir si les notes figurant sur les copies se révélaient inférieures, Blanquer a porté atteinte au principe constitutionnel d’égalité devant le service public. Nous le considérons par conséquent inapte à exercer des responsabilités au service de l’État et demandons sa démission.
Comité de suivi des réformes
Puisque sa mise en place procède de notre mobilisation commune, nous demandons à ce que la Coordination nationale puisse participer au comité de suivi des réformes mis en place par le ministère, aux côtés des organisations syndicales.
Liens avec les parents et les élèves
Nous appelons à créer ou renforcer les collectifs rassemblant personnels, parents d’élèves et élèves, et à multiplier les actions communes là où elles sont déjà engagées.
Actions de désobéissance
Nous soutenons toutes les actions de désobéissance visant à résister à la mise en place des réformes (démission des professeurs principaux, refus de participer aux commissions d’élaborations des sujets, refus de passation ou de saisie des évaluations nationales, boycott des conseils pédagogiques, des conseils de classe…).
Grève active
Nous appelons les personnels à s’emparer des jours de grève pour multiplier les actions contribuant à la force et à la visibilité de la lutte (comme les occupations, les blocages de rectorats…) et à son extension (comme les tournées d’établissements, les manifestations locales…).
Convergence des luttes
Le secteur de l’éducation a montré sa capacité à faire converger les catégories (premier et second degrés, titulaires- précaires, voies générale-professionnelle…).
Avec le reste de la Fonction publique, particulièrement la santé mobilisée, et avec les Gilets Jaunes, la convergence a été plus difficile malgré de multiples initiatives régionales ou locales (Montpellier, Nantes, Garges-Sarcelles, Angers, Toulouse devant l’hôpital Purpan, actes des samedis parisiens, envoi d’observateurs aux Assemblées des Assemblées…).
Et pourtant, ensemble nous serions plus forts.
Tout en priorisant la mise en action dans l’éducation, nous appelons à généraliser ces expériences positives. Pour contribuer au succès des luttes des différents secteurs et des échéances communes (retraites, Fonction publique…) nous proposons d’organiser des jonctions pérennes, notamment :
– par des échanges de délégations pour décider de rendez-vous et d’actions communes,
– en favorisant des actions entre salarié·es et usager·es,
– en favorisant des actions interprofessionnelles.
Réforme des retraites
Nous dénonçons et demandons le retrait du projet Delevoye de réforme des retraites qui vise à casser le système solidaire actuel et touchera particulièrement la Fonction publique, et plus encore les enseignant·es, à commencer par celles et ceux du premier degré. Ces réformes auront pour effet :
– une baisse importante du niveau des retraites dès leur application,
– la suppression du caractère garanti du niveau de rémunération qui deviendrait modulable et varierait en fonction de la valeur du point,
– un report de l’âge effectif de la retraite,
– et, pour toutes ces raisons, le passage progressif d’un système par répartition à un système assurantiel privé.
Le combat contre cette réforme, véritable régression sociale, devra être mené en convergence avec l’ensemble des secteurs pour être victorieux.
La coordination nationale propose aux AG d’inciter les personnels à accompagner les élèves dès lors qu’ils se mobilisent.
Revendications de la coordination nationale
La plateforme de la coordination nationale, dont elle invite les AG locales à s’emparer, débattre, amender et compléter, serait dès lors la suivante :
■ abrogation des réformes Blanquer : lycée général et technologique, lycée professionnel, Bac 2021, orientation post-Bac (loi ORE et Parcoursup) ;
■ abrogation de la loi dite “pour une École de la confiance” ;
■ défense du caractère national du service public d’éducation, régi par des règles appliquées identiquement sur tout le territoire, en opposition à l’autonomie des établissements (par exemple concernant les horaires et les dédoublements alloués dans le secondaire à chaque discipline) ;
l arrêt immédiat de toutes les formes de répression, sanction et intimidation visant les personnels du premier et du second degré et les élèves mobilisé·es ;
■ augmentation immédiate des rémunérations afin notamment de rattraper toutes les pertes de salaire, indexation des salaires au minimum sur l’inflation et suppression du jour de carence ;
■ réemploi et titularisation de tou·tes les non-titulaires et précaires (enseignant·es, AED, AESH, etc.) ;
■ abrogation de la loi de casse de la Fonction publique et du projet Macron-Delevoye sur les retraites ;
■ annulation de toutes les suppressions de postes et de classes et baisse des effectifs par classe ;
■ retrait du décret imposant une deuxième heure supplémentaire dans le second degré ;
■ développement du service public de l’orientation, à l’opposé de la politique gouvernementale qui organise la liquidation des CIO et de l’ONISEP et renforce le tri social à tous les niveaux ;
■ défense d’une éducation publique et réellement gratuite, à l’opposé des orientations du gouvernement qui visent à développer le marché privé de l’éducation et son financement sur fonds publics ;
■ carte élargie de l’éducation prioritaire allant de la maternelle au Bac ;
■ retrait de tous les dispositifs d’évaluation organisant la concurrence, la hiérarchisation ou la sélection, que ce soit celle des élèves, des enseignant·es ou des établissements ;
■ abandon des programmes rejetés par le CSE et refus de la mise au pas pédagogique des enseignant·es, de la maternelle à l’université ;
■ abandon du SNU, fantasme militariste financé sur le budget de l’Éducation, qui va priver les lycéen·nes de plusieurs semaines de cours ;
■ refus de l’expulsion des élèves étranger·es de la maternelle à l’université.