Émancipation


tendance intersyndicale

Éditorial revue n°06 (février 2022)

Plus que jamais l’heure est à l’auto-organisation !

Le mois de janvier a débuté avec une mobilisation spontanée de l’Éducation le 13. Le protocole sanitaire annoncé la veille de la rentrée, dans un journal payant, cache à peine le fait que le gouvernement a pris la décision de laisser circuler le virus, poussant, sans aucune concertation démocratique, vers l’immunité collective. Face à la colère des personnels d’éducation, les syndicats ont suivi et appelé unanimement à la grève avec une fédération de parents d’élèves et des syndicats lycéens. Au lieu de transformer cette mobilisation, les organisations syndicales l’ont laissée filer et retomber. La période est pourtant un moment inédit pour porter les revendications de moyens pour l’école et de rattrapage des salaires dans l’Éducation.

Pourtant, le gouvernement continue ses contre-réformes avec la signature du protocole d’accord de Protection Sociale Complémentaire (PSC). Cet accord prévoit que l’État reverse une somme pour permettre aux agent·es d’avoir une complémentaire santé. C’est l’argument avancé par les directions syndicales pour la signature mais cet accord prévoit de rompre avec la solidarité intergénérationnelle puisque l’État ne participera pas pour les retraité·es et qu’iels devront payer jusqu’à 3 à 4 fois plus que les actif·ves. Par ailleurs, le protocole PSC prévoit d’imposer aux cotisant·es un panier de soins, qui exclut la prévoyance (invalidité, arrêt de travail, décès, etc.).

Toutes les organisations syndicales, réformistes ou qui se disent de “transformation sociale” ont signé le protocole d’accord et préfèrent négocier la longueur de la laisse qui les lie au gouvernement plutôt que de montrer leur indépendance.

Sur la poursuite des mobilisations du 13 janvier comme sur la signature de l’accord PSC, se dessine un paysage où le syndicalisme de lutte se réduit comme peau de chagrin du fait d’un renoncement des directions des organisations syndicales. Il nous reste toutes et tous à bâtir et contribuer à l’organisation des luttes par l’auto-organisation et la construction du mouvement par la base.

Les luttes et mobilisations existent et se développent. Ainsi, les 22-23 janvier 2022 se sont tenues à Rennes des rencontres de la coordination féministe, qui ont réuni près de 300 personnes et de 60 collectifs féministes auto-organisés de toute la France. Formation, débats, rédactions d’appels (pour le 8 mars et contre l’extrême droite…) ces rencontres ont poursuivi un travail mené depuis deux ans, qui a pour ambition de construire un mouvement féministe fort nationalement mais aussi dans une perspective internationaliste, contre toutes les formes d’exploitations et d’oppressions. La coordination vise également un travail sur le long terme de construction d’un mouvement de grève féministe, grève du travail salarié des premièr·es de cordée et du travail reproductif non salarié. Un mouvement de la base, quand les directions syndicales font défaut sur ces sujets, là aussi, et porteur d’espoir tant il rappelle que l’auto-organisation est non seulement possible mais nécessaire contre un système capitaliste, patriarcal et raciste !

Marine Bignon et Karine Prévot


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