URGENT
Dans une situation épidémique grave et non maitrisée,
la responsabilité première de l’exécutif,
c’est de protéger les militant.tes et les salarié.es de la FSU
avant toutes considérations financières ou de désaccord de certains sur la date possible de report.
La décision du secrétariat de ne pas reporter le congrès national dans une situation d’accélération des contagions, de saturation de l’hôpital et de l’ensemble des systèmes de santé, y compris des possibilités de tests, avec de plus en plus de tri et de pertes de chance des malades de la Covid ou d’autres affections, n’est ni légitime, ni responsable. Elle est inacceptable du point de vue du fonctionnement démocratique de la FSU, comme de celui des risques que ce maintien fait peser sur les militant.es et salarié.es de la FSU. Ce non report nécessiterait un important travail supplémentaire des organisateurs-trices, et des mesures qui pour être rigoureuses et adaptées à la situation entraineraient des investissements financiers bien supérieurs au surcoût annoncé du report au 21 mars (report qui n’a pas été décidé en raison de la tenue du congrès d’un syndicat de la FSU qui pourrait déplacer son congrès avec si besoin une aide matérielle et financière de la fédération et des épreuves de spécialité du Bac… qui pour la plupart de déroulent la semaine d’avant). Et dans le cadre de la flambée de l’épidémie, ces mesures seraient de toute façon insuffisantes pour protéger efficacement les participant.es au congrès et pour ne pas faire courir des risques d’annulation tardive – et donc très couteuse- par les autorités de santé ou préfectorales.
Le dernier message de la trésorerie, qui avance des éléments concrets, ne suffit pas à régler la question, car tout ne dépend pas de mesures d’organisation mais aussi de l’évolution d’une situation pandémique
Ce texte a pour but d’inciter les militant.es et les composantes de la FSU, par delà les débats de tendances, à demander à l’exécutif de revoir son erreur d’appréciation et d’accepter le report du congrès national.
Pour ce qui est du fonctionnement démocratique de la FSU, il est remis en cause de deux points de vue :
Celui de la décision d’abord : les inquiétudes et questionnements de camarades de toutes tendances sur le maintien du congrès, notamment au BDFN du 6 décembre se faisaient de plus en plus pressants à mesure que l’épidémie s’aggravait. Lors de ce BDFN, l’hypothèse de tenir le congrès en visio avait été écartée d’emblée, du fait de la complexité des votes dans le FSU et du bilan pour le moins mitigé du congrès du SNES en visio et une camarade du SNEP présente avait relaté les grandes difficultés au congrès du SNEP, alors que la situation sanitaire était loin de la dégradation actuelle. La décision du report aurait pu être prise avant les congés de Noël, ce qui aurait permis d’en soupeser tous les aspects et de la rendre moins précipitée, notamment sur les aspects financiers (report des locations, approvisionnement du traiteur…).
Benoît Teste a alors envoyé des messages annonçant que la décision serait prise au BDFN du 3 janvier, ce qui l’a retardée de 15 jours. Lors de ce BDFN du 3 janvier, la grande majorité des camarades (de toutes tendances là aussi) qui se sont exprimé.es sur cette question se sont prononcé.es pour le report. Des congrès départementaux ont déjà été organisés en visio pour raisons sanitaires.
Bien sûr le coût de ce report a été envisagé lors du BDFN, supportable, d’après le trésorier, du point de vue de la location du Palais des congrès et de la restauration, qui est fournie aussi par le Palais des congrès. La seule inconnue était l’éventuel surcoût de l’hébergement hôtelier. Il a alors été décidé de voir avec les hôtels ce qu’il en serait, de réfléchir aux moins mauvaises dates de report et de prendre la décision finale au bureau national du 17 janvier. A l’issue de ce BDFN, des camarades ont considéré que la décision de changer les dates d’un congrès décidées par un CDFN relevait d’un CDFN. Mais alors, si la décision ne relevait pas d’un BDFN, instance délibérative pluraliste en capacité de prendre des décisions entre les CDFN, comment justifier que ce soit un secrétariat qui s’est arrogé le droit de la prendre (un secrétariat de toute évidence très extraordinaire, parce que non annoncé au BDFN). Ce qu’un secrétariat, qui doit se borner à mettre en œuvre les décisions des délibératifs, n’est nullement fondé à faire, a fortiori pour les décisions graves engageant la fédération.
Le fonctionnement démocratique de la fédération est remis en cause par cette décision infondée de l’exécutif, d’un autre point de vue, celui de la défection des déléguées des différentes composantes. L’impéritie du gouvernement et de Blanquer à protéger les services publics et l’école, les élèves et les personnels fait qu’un grand nombre de personnels et donc de délégué.es vont être empêché.es de participer au congrès, y compris dans des délais qui empêcheront de les remplacer, et d’ailleurs pour les remplacer (quitte à ne pas respecter les statuts de la fédération, mais ce n’est pas le plus grave), il faudrait qu’il y ait des remplaçant.es. Mais les défections risquent d’être très nombreuses, fragilisant toutes les délégations, entre les militant.es épuisé.es du fait des conditions de travail aggravées par la politique du gouvernement et par la crise sanitaire et sociale, celles et ceux qui sont empêché.es d’y aller par la hiérarchie, celles et ceux qui considèrent que dans cette situation très difficile , leur place est auprès de leurs collègues sur les lieux de travail, les isolées parce que malades, positifs/ves, contact et tout.es celles et ceux qui ont – légitimement – peur de participer à un congrès présentant de tels risques, ou qui se refusent à cautionner une décision aussi aberrante. Sans oublier ceux et celles empêchées par l’application du pass sanitaire / vaccinal (car ce serait une question en soi : un congrès sous pass sanitaire est déjà problématique, alors que le Conseil d’Etat en a dispensé les réunions syndicales). Et les délégations continueraient à fondre pendant la durée du congrès, ce qui mettrait un sérieux coup à la représentativité des débats et des décisions de ce congrès, et donc indirectement à leur légitimité politique. Il est contradictoire d’espérer un meilleur équilibre du poids de la fédération dans le monde syndical et vis-à-vis des syndicats nationaux et d’organiser délibérément un deuxième congrès dégarni, après le précédent qui l’a été en raison de la grande grève de la SNCF et de l’investissement légitime de beaucoup de militant.es dans les grèves de décembre. Et quelle image donnerait la tenue du congrès de la FSU au plus fort de l’épidémie. De même que la « soirée festive » du congrès qui semble maintenue d’après le message des trésorier.es. Certes elle n’est plus envisagée comme « dansante » (ce qui est la moindre des choses), mais le message risque bien d’être : pendant que nos collègues souffrent et renoncent à nombre d’aspects conviviaux sur leur lieu de travail, le congrès s’amuse.
Pour ce qui est des risques ils sont majeurs
Dans le contexte inédit et en constante progression, des plus de 330 000 contaminations quotidiennes connues, alors même que la dangereuse incurie de Blanquer fait de l’éducation, dont émane la grande majorité des congressistes, le plus vaste cluster du pays, maintenir ce congrès est une folie.
Folie de réunir 700 personnes pendant une semaine, en intérieur, avec des journées pleines, dans différentes salles, avec des systèmes de ventilation, certes modernes, mais qui n’ont pas été prévus spécialement pour protéger contre la Covid, avec des brassages nombreux et incontournables, notamment dans les ascenseurs, de congressistes et d’employé.es de la FSU et du palais des congrès, avec les difficultés de port des masques, entre autre pour intervenir. La fourniture de masques FFP2 les plus efficaces (de type Canard) en nombre suffisant représenterait déjà un investissement important (environ 5000 euros). En fait les trésorier.es prévoient aussi des masques chirurgicaux qui ne protègent pas assez contre le niveau de contagion et de promiscuité que sera celui du congrès.
Folie de prendre 8 repas en restauration collective sans plateaux individuels, avec des congressistes qui pour certain.es seront positifs-ves, sans le savoir, malgré les deux autotests (fiables en cas de positivité, très peu sinon) prévus pour chaque congressiste par les trésorier.es, ce qui représente un coût supplémentaire de 2 à 3000 euros sans compter toute la gestion derrière des cas positifs. Par ailleurs, il ne faut pas perdre pas de vue non plus que les professionnels de la restauration compteront assurément eux aussi des malades parmi eux, surtout après les réductions totalement irresponsables des délais d’isolement des cas positifs et contacts encore, nourries de la fausse idée que la vaccination protège suffisamment de la contagion.
Folie d’héberger 700 congressiste et les salarié.es de la FSU dans des hôtels où là aussi la qualité de l’aération, le nombre d’ascenseurs et l’organisation collective des petits déjeuners n’offrent aucune garantie ; et dans des chambres qui dans leur très grande majorité seront pour deux personnes. L’exécutif fédéral prévoit la « limitation (dans la mesure des possibilités hôtelières) du recours aux chambres partagées », mais certainement pas pour tou.tes, vu qu’il n’est certainement pas prévu de doubler les frais d’hôtels (évalués, en l’absence des informations demandées aux BDFN du 3 janvier les 70 000 euros, à mettre en rapport avec les 30 000 euros que coûterait le report du congrès ). A la question de savoir si ces chambres individuelles seraient réservées aux congressistes et salarié.es les plus fragiles, il a été répondu que ce serait plutôt pour limiter les brassages, limitation dont on a déjà vu l’extrême difficulté.
En plus il faudrait prévoir des chambres d’isolement pour les malades, les positifs et aussi pour les cas contacts (vu que tou.tes les congressistes et salarié.es seraient cas contact, il faudrait le faire au moins pour celles et ceux qui, sans être -encore- positif/ves, présenteraient des troubles ; ce qui est loin d’être satisfaisant). Et il faudrait aussi organiser une veille santé pour assurer un encadrement minimum des isolé.es, pour emmener les plus malades à l’hôpital, ou si le système hospitalier est saturé organiser leur éventuel rapatriement par véhicule sanitaire (nous devrions d’ailleurs disposer des informations sur l’état du système hospitalier, au temps T actuel, ainsi que des prévisions pour la période du congrès ; en tout cas les propos ce matin sur une chaîne d’information du chef de service des urgence de l’hôpital de Metz n’étaient pas encourageant). Ce n’est pas être pessimiste que de prévoir tout cela, mais sur un effectif de 700 personnes, la probabilité de telles complications est à envisager sérieusement. On peut espérer que cela ne survienne pas, mais ne pas prévoir d’avoir éventuellement à le gérer serait grave. Pendant la durée du congrès, les participant.es sont sous la responsabilité de la FSU et des modalités choisies par les organisateurs-trices
Il faut ajouter à tout cela les risques liés aux transports pour aller au congrès et en revenir et pour regagner les hôtels les plus éloignés (s’il en est prévu).
Pour toutes ces raisons, il importe de prendre au plus vite la décision de report du congrès national
Dans le cas contraire Émancipation ne pourrait pas cautionner une telle stratégie qu’on peut qualifier de la roulette russe, revenant à exposer les militant.es et les employé.es de la FSU. Elle consulterait par ailleurs les délégué.es et la tendance pour savoir si, en fonction de l’évolution épidémique et des mesures prises, elle devrait participer à un tel congrès ou non.
L’équipe responsable d’Émancipation