École ou passe ?
Les lieux culturels et sportifs sont soumis au “pass sanitaire” depuis juillet dernier et doivent le demander aussi aux élèves en sortie scolaire. Les enseignant·es organisent donc leurs sorties en créant des stratégies d’évitement.
Ainsi, des inspecteur·trices pédagogiques ont conseillé de repousser les sorties après le 15 novembre, sauf qu’avec la prolongation du “pass”, cette stratégie est caduque. Des enseignant·es demandent aux musées, cinémas et autres des séances privées, hors public, évitant aux élèves de devoir montrer patte blanche.
Lorsque toutes ces possibilités sont épuisées, que vont-iels pouvoir faire ? Le tri des élèves ?
Cela suppose que l’administration connaisse le statut vaccinal des élèves. Le ministre de l’Éducation nationale avait demandé à rajouter cette possibilité dans la loi de “vigilance sanitaire” adoptée à l’assemblée le lundi 5 novembre, Blanquer jugeant le même jour que l’accès au statut vaccinal des élèves n’était “pas une violation d’un secret très important” (sic). Le Conseil constitutionnel a invalidé cette disposition le 9 novembre.
Dans un lycée de Côte-d’Or, l’administration a décidé de permettre à tou·tes les élèves de terminale d’aller à un salon privé d’orientation. En fait, ce salon échange une baisse du prix du stand pour présenter les formations post-bac contre la venue des élèves de terminale. Sauf que l’entrée du salon est soumis au passe sanitaire. L’administration a donc libéré tou·tes les élèves du niveau, qu’iels aillent ou non au salon. Quand on sait que les élèves ont des épreuves écrites en mars avec le nouveau bac, les enseignant·es fulminent.
Le “pass sanitaire”, prolongé pendant toute l’année scolaire, va donc impacter et sans doute diminuer le nombre de sorties scolaires. Pas grave ? Pour de nombreux dirigeants sûrement, pour nos élèves et nous, non ! On sait l’impact positif sur les élèves des sorties avec de nombreu·ses élèves qui découvrent des lieux culturels, sportifs et des pays grâce aux sorties scolaires.
Le ministère orchestre donc le tri des élèves de collèges et de lycées pour les sorties mais aussi pour leur venue en classe, puisque les vacciné·es pourront venir en cours même avec des cas positifs dans la classe alors que les non vacciné·es ne le pourront pas. Avec le rebond épidémique, cela promet des disparités d’accueil importantes suivant les zones géographiques et les chef·fes d’établissement. Il aurait fallu des organisations syndicales fortes qui refusent ces dispositifs de désorganisation de l’école publique.
Marine Bignon