Riace
Élu maire de ce village de Calabre en 2004, réélu en 2009 et 2014, Domenico Lucano a axé sa politique municipale sur une évidence : la complémentarité et le besoin mutuel d’aide entre la population locale, saignée faute d’emplois, par une émigration massive vers les villes du nord et les migrant.es qui arrivent dans le sud de l’Italie après avoir subi l’enfer de l’enfermement en Libye et la traversée périlleuse de la Méditerranée. Environ 600 migrant·es se sont établi.es dans ce village de 2000 habitant.es.
Quand Salvini est arrivé au Ministère de l’Intérieur, Lucano est devenu l’homme à abattre. Arrêté puis rétabli dans ses fonctions, il vient d’être condamné à 13 ans de prison !! Le motif de cette très lourde condamnation : il aurait organisé des “mariages de convenance” pour des femmes déboutées du droit d’asile et il aurait attribué un marché à une coopérative de femmes migrantes sans appel d’offre.
Dans toute l’Europe s’organise une campagne pour sa libération.
Social-démocratie
Cette idéologie, qui s’est ralliée au libéralisme tout en prétendant être une alternative, semblait moribonde avec les déroutes subies en Grèce, en France, en Grande-Bretagne et en Italie.
Contre toute attente, elle renaît de ses cendres. L’Allemagne aura un Premier ministre du SPD chargé d’expérimenter à la tête d’une coalition “centriste”, le “capitalisme vert”, voire de l’imposer à l’Europe.
En Italie, le Parti Démocrate vient de remporter les mairies des plus grandes villes du pays : Rome, Milan, Naples, Turin, Bologne …La droite est défaite ainsi que le “Mouvement 5 étoiles” dont l’avenir semble désormais très compromis.
Liban
L’histoire a connu des moments où une société s’écroule : hyperinflation, pénurie généralisée, personnes jetées à la rue, chômage massif, disparition des services publics. Aux pires moments d’une guerre civile qui a provoqué la mort de près de 10 % de la population, le Liban n’avait pas connu une situation économique pire que celle d’aujourd’hui. Les anciens seigneurs de la guerre cohabitent à présent au pouvoir. Depuis l’explosion du port de Beyrouth, la population descend massivement dans la rue pour exiger le départ de ces dirigeants corrompus et aux mains couvertes de sang. Elle exige aussi la fin du système confessionnel hérité du colonialisme français.
Alors, les dirigeants libanais jouent avec le feu. Après sa démonstration militaire qui a abouti au retrait des troupes israéliennes du Sud Liban, le Hezbollah est, de loin, la plus forte milice armée du Liban. Il aura suffi qu’un juge convoque, dans le cadre de son enquête sur l’explosion, tous les dirigeants du pays, y compris ceux du Hezbollah, pour que des affrontements armés éclatent entre Hezbollah et “Forces libanaises” (une milice qui a commis de nombreuses atrocités pendant la guerre civile). La peur d’une nouvelle guerre civile est palpable.
Chili
Les prochaines élections présidentielles sont imminentes. Le milliardaire Pinera utilise tous les moyens pour survivre politiquement. Il envoie l’armée contre les Mapuches avec le vocabulaire habituel de ceux qui sont négationnistes des droits des peuples autochtones : “l’armée affronte le terrorisme, le trafic de drogue et le crime organisé”. Pourtant, il n’est pas sûr que Pinera aille jusqu’aux élections. Il est à la fois un des 130 milliardaires et un des 35 chefs d’État cités par les “Pandora Papers” et une procédure de destitution a été engagée contre lui.
Bolsonaro
Il n’est pas directement cité par les “Pandora Papers”, mais ses proches, oui ! Le ministre de l’économie a de nombreux avoirs dans des sociétés offshore. Et le président de la Banque Centrale du Brésil, celui qui expliquait que les morts du Covid, c’est “bon pour l’économie”, était un adepte des comptes aux îles Vierges et à Panama.
Bolsonaro est à présent poursuivi par une commission d’enquête pour sa gestion de la crise du Covid qui a provoqué plus de 600 000 mort.es dans la pays. Parmi les chefs d’inculpation, le plus grave est “crime contre l’humanité”. Bolsonaro risque la destitution.
Israël
On a pu entendre au moment de la chute de Nétanyahou les pires illusions sur l’alternance qui se déroulait. Pourtant les déclarations des nouveaux dirigeants sont sans ambiguïté : Bennet Premier Ministre : “j’ai tué beaucoup d’Arabes, je ne vois pas où est le problème”. Shaked ministre de l’intérieur : “il faut tuer les mères palestiniennes, elles élèvent des serpents”. Gantz ministre de la défense : “nous ramènerons Gaza à l’âge de pierre”.
Et ce qui se passe là-bas ne doit pas nous étonner. Les soldats de la vaillante Tsahal épaulent les colons pour détruire les oliviers ou voler les récoltes. L’avocat franco-palestinien Salah Hamouri est sous la menace d’une expulsion imminente de son pays, il est né à Jérusalem. Et Gantz vient d’inscrire sur la liste des “organisations terroristes” six associations palestiniennes s’occupant des droits de l’Homme, des prisonnier.es, des enfants, des agriculteurs… Bref l’occupant s’en prend au tissu associatif qui permet à la société palestinienne de survivre.
Sahara
C’est une conséquence de la reconnaissance d’Israël par le Maroc. Une compagnie israélienne va rechercher du pétrole au large des côtes du Sahara occupé.
Soudan
Le pays avait connu une authentique révolution. Mais les militaires (et parmi eux ceux qui ont commis le génocide au Darfour) n’ont jamais accepté d’être mis à l’écart. Leur retour au pouvoir, c’est le retour à ce qu’a été la dictature de Béchir. Le peuple n’est pas vaincu. Dans tout le pays, les manifestations ont commencé.
Pandora Papers
La liste des fraudeurs richissimes est amusante. On trouve des chefs d’État et notamment les populistes milliardaires comme le président tchèque. Il y a Tony Blair, l’homme qui a envoyé ses troupes “rétablir la démocratie” en Irak. La droite sud-américaine est bien représentée avec les présidents chilien et équatorien. En France, Dominique Strauss Kahn, celui qui a fait régner l’ordre capitaliste à la tête du FMI est épinglé. Idem pour Sylvain Maillard, celui qui a fait voter la criminalisation de l’antisionisme…
Pierre Stambul (13)