Émancipation


tendance intersyndicale

APPEL DE LA COORDINATION NATIONALE DE L’ÉDUCATION MERCREDI 30 JUIN 2021

La coordination nationale de l’Éducation s’est réunie ce mercredi 30 juin pour un point d’étape concernant les examens. Étaient présents des enseignants (notamment de philosophie) des académies d’Amiens, Bordeaux, Créteil, Grenoble, Nancy-Metz, Paris, Poitiers, Versailles…

Le tour des académies a permis de constater que les correcteurs de l’épreuve de philosophie se sont mobilisés, notamment contre la correction numérisée des copies, mais aussi contre le bac Blanquer, selon des modalités d’action diverses sur l’ensemble du territoire cette semaine. La semaine a aussi été ponctuée par des rassemblements devant des établissements, des rectorats ou encore au ministère. Certains auront lieu en fin de semaine, comme à Poitiers le vendredi 2 à 15h au rectorat.

Les réponses de l’institution à la mobilisation des correcteurs de philosophie ont été diverses : dans certaines académies, des délais supplémentaires ont été accordés aux correcteurs ; dans d’autres, certains collègues grévistes le jour de la remontée des notes ont vu disparaître leur lot de copies, alors même qu’ils en avaient fait la correction hors ligne comme ils y étaient autorisés ; à Poitiers, les services du rectorat ont fait planer la menace d’attribuer aux candidats la note de contrôle continu même si les copies sont corrigées ; à Nancy-Metz, des menaces de répression pèsent sur un collègue gréviste… Nous n’admettons pas que le droit de grève soit ainsi bafoué et nous soutiendrons tous les collègues grévistes qui feraient les frais d’une répression inique !

En Île-de-France, la phase des jurys s’est ouverte en début de semaine avec les premiers sous-jurys d’harmonisation. Selon une habitude rodée, les serveurs du SIEC étaient en panne sur la première matinée… Puis les sous-jurys suivants ont été reportés par deux fois, jusqu’à une heure avant l’horaire prévu. Cette « harmonisation » confine, qui plus est, à l’absurde, puisque la note de service du 11 mars invite à comparer les notes des candidats avec les données statistiques des session 2018 et 2019, c’est-à-dire des sessions antérieures à la réforme, alors même que certaines disciplines ont depuis changé de contenu ou de statut et que d’autres n’existaient même pas !

La mascarade continue aussi sur les jurys de délibération qui ont perdu toute substance puisqu’il s’agit de délibérer en l’absence des enseignants responsables des notes attribuées : en effet, du fait du brassage des copies sur Santorin, les correcteurs de philosophie ne sont plus rattachés à un seul centre d’examen, les notes de philosophie seront donc examinées sans leur correcteur et sans les copies ; les examinateurs du Grand Oral, quant à eux, ne sont pas nécessairement convoqués ; et les notes de contrôle continu sont de la responsabilité des enseignants qui avaient en charge la classe ou le groupe. Nous dénonçons aussi la possibilité offerte de baisser les notes des candidats.

Nous appelons donc à poursuivre la mobilisation contre le bac Blanquer et cette session 2021, marquée par une rupture d’égalité et de nombreuses irrégularités. Pour ce faire, nous appelons à :
mettre en débat dans les AG locales et dans les diverses réunions du Bac la question de la grève des jurys et/ou des oraux de rattrapage. Des préavis de grève nationaux déposés par les différentes organisations syndicales couvrent toute la période et les opérations des examens jusqu’au 9 juillet. Il pourra être utile d’envoyer le 10 juillet un message à son chef d’établissement pour signaler une reprise de service.
proposer au vote dans les jurys ou sous-jurys du lundi 5 juillet la motion ci-jointe, qui peut s’achever soit sur un refus de modifier les notes, soit sur un refus de siéger si le jury décide de se mettre en grève.
participer aux différents rassemblements organisés localement.

Motion du jury de délibération du baccalauréat session 2021

Nous, membres du jury de délibération n° ……….., réunis le lundi 5 juillet, au lycée ……………………. (+ ville + département), dénonçons les conditions dans lesquelles se tient cette session du baccalauréat.

Cette session du baccalauréat est en effet marquée par une rupture d’égalité : la gestion hasardeuse de la crise sanitaire par le ministère n’a pas permis de préparer les candidats aux examens dans des conditions similaires sur l’ensemble du territoire. Les aménagements tardifs de l’épreuve de philosophie ne répondent en rien à cette rupture d’égalité et ne font que discréditer l’examen en attribuant une note facultative à une épreuve obligatoire.

Cette session a aussi été émaillée de nombreuses irrégularités, notamment lors de la passation des épreuves du Grand Oral. Hors de tout cadre réglementaire, les candidats ont pu être interrogés par deux enseignants de la même discipline, par des jurys où aucun membre n’était enseignant de la spécialité, voire des jurys où des proviseurs ou des IPR ont fait fonction d’examinateurs.

Enfin, les jurys de délibération ont perdu toute leur substance puisqu’il s’agit de délibérer :
• sur des notes qui relèvent du contrôle continu en l’absence des enseignants qui ont consciencieusement évalué leurs élèves tout au long de l’année ;
• sur une note d’examen, pour la philosophie et le Grand Oral, en l’absence des correcteurs et des examinateurs concernés.

Nous refusons qu’une délibération soit réduite à de simples comparatifs statistiques, qui confinent à l’absurde : la note de service du 11 mars 2021 invite à s’appuyer sur les données statistiques des sessions 2018 et 2019, alors qu’avec la mise en œuvre de la réforme, les disciplines ont changé de contenu, de statut ou de modalité d’évaluation, voire sont nouvelles.

Nous dénonçons aussi la possibilité offerte à ces jurys de baisser les notes obtenues.

Dans cette situation, nous refusons de [modifier les notes des candidats et/ou participer à cette mascarade et de siéger dans ces pseudo-jurys]