Émancipation


tendance intersyndicale

Appel et communiqué de presse de lycées du 93

Catastrophe sanitaire imminente dans les établissements scolaires

Des lycées du 93 lancent une alerte

Un mois après la rentrée, nous faisons un constat commun : rien n’a été prévu pour faire face à l’ampleur de la crise sanitaire et à la reprise attendue de l’épidémie. Nous commençons à percevoir les effets de cet abandon par l’Etat : de plus en plus de nos élèves tombent malades, d’autres ont désormais peur de venir en classe. D’ailleurs, Le Monde du 26 septembre confirme que le milieu scolaire et universitaire représente 30% des clusters (chiffres de Santé Publique France). Cette situation devient donc l’affaire de toutes et tous.
Un protocole sanitaire digne de ce nom est inapplicable du fait du manque de moyens dans nos établissements : absence d’emplois du temps aménagés et d’effectifs restreints ; difficulté pour les élèves à porter le masque toute la journée ; promiscuité permanente dans nos locaux inadaptés qui rend le respect des gestes barrière impossible ; aucun agent de service en plus pour la désinfection des locaux et toutes les tâches sanitaires supplémentaires.
Les conditions d’incurie de cette rentrée constituent une maltraitance institutionnelle à l’égard des élèves et des personnels.
Il est clair que les différentes administrations donnent le moins d’informations possibles sur les conditions réelles dans lesquelles nous enseignons et sur la propagation de l’épidémie dans nos établissements. Face au décalage entre nos constats sur le terrain et le discours officiel des autorités, nous estimons avoir un devoir d’alerte. Ne rien dire, ce serait être complices.
Des mesures élémentaires pourraient encore nous laisser une chance d’éviter une catastrophe sanitaire, des fermetures d’établissements et un nouveau confinement et donc un retour à l’enseignement en distanciel qui a montré toutes ses limites pédagogiques l’an dernier : la mise en place de cours à effectifs réduits (grâce à une campagne de recrutement ou, faute de cela, en faisant alterner des ½ groupes) et, dans ce but, l’adaptation des programmes dont il paraît dès lors évident qu’ils ne pourront pas être étudiés intégralement ; des campagnes de tests au sein des établissements scolaires à la hauteur des risques encourus ; des aménagements de l’espace et de la circulation.
Cette année n’est pas et ne sera pas normale : vouloir tout faire fonctionner comme si de rien n’était, c’est faire courir à toute la société des risques immenses.
Nous qui enseignons dans un département particulièrement touché par l’épidémie appelons :
– Les assemblées générales des établissements scolaires à voter et co-signer cet appel en se signalant à l’adresse : appeldesbahutsdu93@gmail.com
– Nos collègues à saisir les instances médicales, administratives et juridiques (médecins-conseils du Rectorat, ARS IDF, CSSCT) pour dénoncer des conditions sanitaires et de sécurité qui ne sont plus garanties. Les personnels, les élèves et leurs familles sont bel et bien exposés à un danger grave et imminent.
– La tenue d’une AG commune des établissements du 93 pour unir nos forces et envisager la suite.
– Nos organisations syndicales et les fédérations de parents d’élèves à appuyer cet appel.

Les enseignant.e.s en lutte des lycées Jean Renoir (Bondy) et Mozart (Le Blanc-Mesnil), avec le soutien d’enseignant.e.s des lycées Jean Zay, Jacques Feyder (Epinay), Jean Rostand (Villepinte), Blaise Cendrars (Sevran).

Communiqué des enseignants du lycée Mozart
sur les incidents de la journée du 29 septembre 2020

Les élèves du Lycée Mozart ont organisé un blocus ce mardi 29 septembre 2020 (voir communiqué de ce matin). Nous ne pouvons que constater qu’ils ont fait preuve d’une grande maîtrise lors de leur mobilisation pour conserver le caractère pacifique et joyeux de cet acte politique, qui démontre à quel point, eux seuls, ont réussi à prendre la mesure de l’aberration dans laquelle nous sommes engagés depuis la rentrée. Ce ne fut pourtant pas facile, de nombreux incidents ayant émaillé la journée :
– deux parents d’élèves sont venus dans la matinée pour demander aux élèves de cesser leur blocus. Malheureusement, et ce n’est pas la première fois, ces parents d’élèves, entrés dans le lycée sans autorisation, ont tenu des propos inappropriés et à caractère raciste, le tout en refusant de porter correctement leur masque.
– Alors même que le mouvement des élèves se déroulait dans le calme et sans incident, la présence des agents de sécurité de la mairie et du rectorat (les désormais, et tristement, célèbres EMS) ont à nouveau consisté à tenter d’intimider les élèves en faisant montre d’une véritable violence verbale et physique.

Une élève qui avait déjà été victime d’une agression sexiste l’année dernière par ces mêmes individus (voir communiqué du 3 mars 2020), et avait été ensuite traitée de menteuse par un sous-directeur académique carriériste et sans scrupule, a de nouveau été victime de leurs agissements machistes et violents. Elle avait cette fois décidé, pour se protéger des violences des agents du rectorat et de la maire, de filmer avec son téléphone sur le parvis du lycée mais ils s’en sont une nouvelle fois violemment pris à elle : son téléphone lui a été brutalement arraché des mains par un de ces agents du rectorat, qui l’a ensuite poussée et intimidée. Choquée, elle est entrée dans le lycée pour récupérer son téléphone et obtenir protection. Au lieu de cela, elle a été conduite dans le bureau de la direction, et c’est à elle et non à son agresseur que l’on a demandé de s’expliquer, ce qu’elle a refusé de faire sans la présence d’un tiers – en l’occurrence un professeur. Elle a finalement été reçue en présence de sa mère.
Lors de cet entretien en présence du proviseur vie scolaire dans l’établissement, toute cette violence qu’elle a vécue et subie, les douleurs et les craintes qu’elle a exprimées ont été niées et balayées d’un revers de la main par les autorités qui l’ont finalement accusée de n’avoir pas respecté la loi en filmant un agent de sécurité.
Ceci est faux. La loi autorise parfaitement à filmer sur la voie publique. De surcroît, cette réaction était d’autant plus légitime que, rappelons-le cette élève a déjà été insultée par des EMS l’an passé et traité de menteuse par la hiérarchie en l’absence de preuve.
L’EMS qui a dérobé le téléphone portable de cette élève en avait-il le droit ? Le proviseur vie scolaire a en tout cas couvert son comportment ce qui lui assure l’impunité qui lui permettra de continuer ses agissements.
Plus généralement, il n’est pas normal que la direction et sa hiérarchie minimisent constamment les violences auxquelles nos élèves sont confrontés, qu’elles culpabilisent constamment les victimes de ces violences plutôt que de les protéger comme ce serait de leur devoir.
Si les conditions sanitaires actuelles et les incidents de ce matin montrent définitivement quelque chose, c’est bien que l’institution scolaire, par l’intermédiaire du ministre blanquer, refuse de protéger, non seulement son personnel, mais aussi les élèves et leurs familles et passe son temps à mentir pour cacher cette réalité. Le 31 mai 2020, le ministre blanquer affirmait, qu’en cas de circulation active du virus, la rentrée serait pleinement aménagée : classes en petits effectifs, allègement des programmes, mesures de distanciation et accès à l’enseignement en distanciel. Mais rien, absolument rien n’a été fait à ce jour. Et, abandonnés par l’institution, qui ne sait s’en prendre qu’à ceux qui réagissent contre cet abandon, nous avons été sommés de commencer l’année comme si le virus n’existait pas. Professeurs et élèves, sont à bout.
Ce sont l’absurdité de la situation, l’indifférence des autorités, la violence des injonctions qui mettent en danger la santé de la population, qu’un monsieur envoyé du Rectorat, proviseur vie scolaire qui ne s’est présenté à personne et dont personne n’a su nous dire le nom, était bien incapable de comprendre lorsque, face au regroupement formé par le blocus, il s’inquiétait des risques de contagion.
Mais, monsieur, c’est ce qu’ils vivent jour après jour, dans les couloirs bondés et les salles de classe prêtes à exploser !


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