En mars, les peurs sur la pandémie de Covid 19 m’ont conduit à utiliser ma formation pour un dossier paru dans la Revue n°8, “Le monde malade du capitalisme autant que du coronavirus », toujours d’actualité.
Où en sommes-nous cinq mois plus tard, peu avant la rentrée ? Sur le plan du Covid, car pour le capitalisme, la maladie est plus ancienne.
Une maladie avec laquelle il faudra encore compter
Nous en sommes à plus de 23 millions de cas déclarés, 800 000 mort·es dans le monde. Les USA et le Brésil les plus touchés avec 180 000 et 110 000 mort·es sont les pays dont les potentats ont le plus nié la gravité de la pandémie. Le Mexique, l’Inde, le Royaume-uni, l’Italie et la France viennent ensuite avec plus de 30 000 mort·es. Le regain mondial de la pandémie multiplie les “clusters” soit gérables (protocole tester/tracer/isoler) soit hors contrôle (et donc des re-confinements)… déjouant les pronostics sur son arrêt d’elle-même, sur sa sensibilité aux saisons. La probabilité d’une seconde vague à l’automne est forte.
Les études ne manquent pas pour alerter sur des spécificités de la maladie : risques de contagion par des aérosols, nécessité d’une distanciation physique, très importante pour les chanteur·ses, et du port du masque dans les lieux clos (décidé en France à partir du 1er août, mais seulement au 1er septembre pour les entreprises).
La contagiosité des enfants serait en fait plus faible, surtout avant 10-11 ans, mais peut s’accompagner d’un grave syndrome cardiaque ou global dit “de Kawasaki”. En fait toute personne touchée peut, à tout âge, faire des formes graves de la maladie, avec des complications importantes. L’hypothèse, reprise par Véran, d’une mutation du virus le rendant plus contagieux et moins pathogène est très contestée (cf. Le Monde du 22/08/2020).
Cette maladie est donc effectivement grave, on devra compter avec elle en attendant un traitement efficace. Certains médicaments et techniques hospitalières ont un impact mais encore trop faible (Remdesivir, anticoagulants, corticoïdes, respiration assistée) et les vaccins testés dans différents pays n’ont prouvé ni leur innocuité, ni leur protection. Donc il est essentiel de garantir la protection individuelle et collective contre la transmission du virus.
… et ne pas compter sur Macron !
Et les garantir avec plus de sérieux que beaucoup de gens si vite oublieux·ses certes, mais surtout que la clique Macron qui persiste dans l’amateurisme et la défense des intérêts du patronat, de la finance et des copain·ines. L’insouciance de beaucoup de nos concitoyen·nes, des jeunes quand il s’agit de fêtes ou de raves est préoccupante, mais l’utiliser pour dédouaner le gouvernement de la remontée de l’épidémie est scandaleux. C’est bien lui qui depuis le déconfinement a dédramatisé la maladie, pour renvoyer massivement à la production et pour relancer le tourisme hexagonal. C’est lui qui a abandonné aux patrons et aux maires sa responsabilité de rendre le masque obligatoire partout, au moins en milieu confiné. C’est lui qui a sorti en catimini le protocole Blanquer de fin de toute précaution à l’école (cf. pp. 3, 4 et 5), qui revendique “le choix de privilégier un cadrage souple, qui laisse la place aux ajustements du terrain et à une gestion « au cas par cas »”. Ce sont ses largesses vis-à-vis de la SNCF, pour la suppression de la distanciation ou vis-à-vis de de Villiers du Puy du Fou pour le dépassement de la limite maximale des rassemblements à 5 000, qui donnent des ailes pour créer de nouveaux clusters, aux milieux sportifs et aux supporters (Champs-Élysées bondés pour la qualifications du PSG en coupe d’Europe), ainsi qu’aux propriétaires de boîtes de nuit et de spectacles musicaux de masse. Gageons que “la nouvelle” ministre de la culture va leur accorder des dérogations alors qu’elle laisse crever le spectacle vivant et les petits festivals (après avoir sous Sarkozy, avec J. Castex, démoli l’Hôpital public, en instaurant la “tarification à l’acte”).
Il faut dire que ces politiques sont bien conseillés : par Delfraissy, président du Conseil scientifique mais aussi du Comité consultatif national d’éthique pour qui c’est une question éthique que les vieux et les personnes sensibles comprennent qu’ils/elles doivent se mettre à l’écart pour laisser les autres vivre. Et Caumes de l’hôpital Pitié-Salpêtrière n’est pas en reste : laissons les jeunes se contaminer entre eux/elles à condition qu’ils/elles ne voient pas leurs parents et grands-parents. Sans commentaires !
Il importe que la maladie ne soit pas seulement présente dans nos peurs et nos auto-limitations à la militance. Elle doit être prise en compte dans nos revendications comme dans nos stratégies de luttes, comme le fait le gouvernement. Tout en nous protégeant collectivement… contre elle et contre lui !
Olivier Vinay,
le 22/08/2020