Alors que la censure et la répression politique s’intensifient dans les universités depuis la rentrée, Le Poing Levé, l’UNEF, l’UE, la FSE et le NPA Jeunes dénoncent le recul des droits démocratiques sur les lieux d’études dans un communiqué unitaire.
La nomination de Patrick Hetzel à l’enseignement supérieur est une très mauvaise nouvelle pour les droits des étudiants et du personnel universitaire. Architecte de la LRU et de la loi ORE, partisan d’une hausse généralisée des frais d’inscription, auteur d’une résolution législative plaidant l’interdiction de « l’entrisme idéologique à l’université », son mandat promet une série d’attaques en règle contre l’université publique et les libertés politiques et académiques.
Dans les universités, la répression des opinions politiques s’aggrave d’année en année depuis le premier mandat d’Emmanuel Macron. LPR et tentative avortée de pénaliser les occupations d’université, fichage des étudiants musulmans ou présumés comme tels en 2019, coupe des budgets pour les thèses portant sur l’histoire coloniale française, utilisation du distanciel hérité de la pandémie comme arme contre le droit de réunion en 2023… sur fond de procès en « islamo-gauchisme » et en « wokisme », cette politique de censure, de stigmatisation et de criminalisation des mobilisations étudiantes a atteint son sommet avec la répression des mobilisations en soutien au peuple palestinien dans les universités.
Depuis octobre 2023, plusieurs organisations étudiantes ont été visées par des procédures disciplinaires ou judiciaires pour leur soutien au peuple palestinien, comme Solidaires à l’EHESS. Dans les travaux de la commission d’enquête parlementaire qu’il a présidé, Patrick Hetzel se réfère d’ailleurs à cette section syndicale ainsi qu’à la FSE et au Poing Levé. Derrière la volonté d’interdire « l’entrisme idéologique à la fac » c’est toute opposition au régime et sa politique qui est menacée. Sa dernière circulaire ministérielle condamnant les actions, mobilisations et prises de positions en faveur du peuple palestinien, et appelant les présidents d’universités à « veiller au maintien de l’ordre public » et à « signaler au procureur de la République toute infraction », est une nouvelle étape dans la criminalisation du mouvement étudiant.
Dans certaines universités, cette répression a déjà pour conséquence d’empêcher des organisations étudiantes de se domicilier et donc d’exister sur les campus. À l’Université d’Aix-Marseille, des organisations se voient accusées de « prosélytisme » du fait de leur soutien à la cause palestinienne. À l’Université de Bordeaux dont le Président Dean Lewis est le vice-président de France Université, l’Union Étudiante, l’UNEF et Le Poing Levé ne sont pas régularisées depuis des années. Cette politique est une entrave directe à leur activité syndicale sur les campus, allant jusqu’à l’impossibilité de réserver une salle à titre gratuit pour une réunion. Dans d’autres universités, ce sont des militants qui luttent contre la sélection qui ont été poursuivis en commission disciplinaire.
Ce type de répression n’a pas lieu que sur nos campus mais aussi dans nos résidences CROUS où l’accès à des salles, à de l’affichage et au porte-à-porte est de plus en plus restrictif et contrôlé. En juin dernier, 3 militantes de la FSE Rennes se sont ainsi vues refuser leur demande de renouvellement de logement après s’être mobilisées contre le refus du CROUS de Rennes de loger un étudiant à la rue et en danger de mort. Un refus non pas motivé par une entrave au règlement intérieur de la cité U mais en raison de leur activité syndicale en faveur de l’accès à des logements de qualité pour toutes et tous.
Nous, organisations étudiantes, dénonçons unanimement ces coups de force antidémocratiques à l’université et dans les résidences CROUS qui sont la déclinaison dans l’enseignement supérieur du durcissement autoritaire du gouvernement à l’encontre de toute opposition politique.
En tant qu’organisations, nous sommes en première ligne, mais ce sont les droits démocratiques de tous les étudiants qui sont menacés. Alors que la jeunesse s’est mobilisée contre la réforme des retraites, contre les violences sexistes et sexuelles ou encore contre le génocide en Palestine, le gouvernement veut la faire taire pour mener sans opposition des réformes d’ampleur contre l’université publique et gratuite.
Nous exigeons le droit au plein exercice de nos activités syndicales, associatives, et politiques par la domiciliation. Nous exigeons également la cessation des entraves au droit de réunion et de mobilisation des étudiants sur leur campus, et l’interdiction de l’usage du distanciel et des lock-out en cas de grève ou de mobilisation.
Signataires :
FSE / UNEF / NPA Jeunes – Révolutionnaires / Union Etudiante / Le Poing Levé