Nous publions ci-dessous le point de vue de la section CGT du lycée Sévigné de Tourcoing. En effet, suite au conflit entre une enseignante et une élève qui a pris une dimension nationale et a été instrumentalisé par les forces les plus réactionnaires (par ailleurs ennemies de l’école publique laïque)… il rappelle certaines réalités, en particulier le fait que le triste état de l’école publique ne peut que favoriser les tensions dans les établissements.
Face à la campagne de l’extrême droite, relayée par des grands médias propriétés de milliardaires complaisants, nous voulons dire et redire des choses très simples :
- C’est un lycée de quartier populaire où toutes les équipes ont à cœur de faire le maximum pour des élèves qui sont contents d’y être.
- C’est le manque de moyens qui crée des tensions amenant à ces situations de violences :
- Pas d’infirmières depuis la rentrée dans un lycée de plus de 1000 élèves ! Les malades pris en charge par les surveillants, des crises d’épilepsie gérée au mieux en l’absence de tout personnel médical, une situation de crise permanente.
- Des postes d’enseignants qui ne sont pas pourvus par le rectorat. Des élèves à qui il manque parfois 8h dans leur emploi du temps de la semaine et se retrouvent en salle de permanence à attendre.
- La seule solution trouvée est d’augmenter encore la charge de travail d’enseignants qui sont déjà surchargés, entre des classes trop nombreuses et des heures supplémentaires. Certains se retrouvent en épuisement professionnel, craquent, tombent malades. Ce qui aggrave encore le manque de cours des élèves et les tensions dans les espaces communs.
- C’est dans ce contexte que depuis un mois il y a eu 5 agressions physiques d’enseignantes. À chaque fois pour des motifs différents, disciplinaires. La dernière agression a eu comme déclencheur le fait qu’une élève ait agressé une enseignante qui lui faisait un rappel de la loi qui interdit le voile dans l’enceinte du Lycée. Dans le contexte que nous vivons, la moindre tension, qui en temps normal se règle tranquillement, peut se transformer en un conflit, parfois violent.
- Les personnels ont à chaque fois apporté leur plein soutien, sans réserve, aux collègues agressées. À chaque fois nous avons dénoncé les agressions, demandé des sanctions fermes. Et à chaque fois nous avons dénoncé les manques de moyens qui mènent à ces tensions et ne permettent pas d’empêcher que cela se transforme en violences.
- La rumeur, selon laquelle des enseignants auraient pris le parti de l’élève qui a frappé l’enseignante qui lui demandait d’enlever son voile, est un mensonge pur et simple.
- Les moyens promis jeudi par la ministre de l’éducation sont deux infirmières et deux postes de surveillants. C’est la moindre des choses, mais nous attendons aussi des réponses sur les postes d’enseignants non pourvus et les classes surchargées. Pour le moment il n’y a pas de réponse.
- L’annonce de la suppression de 4000 postes d’enseignants pour l’année prochaine est révoltante. Cela veut dire des conditions de travail toujours plus dégradées pour les élèves et les personnels, des situations de tensions qui vont se multiplier.
- La campagne des médias et des politiciens de droite et d’extrême droite aggrave encore les tensions. Mais ces gens-là, qui ne disent jamais rien quand il manque des professeurs, des infirmières, des personnels, ont comme seul objectif de créer des divisions, chercher des boucs émissaires, pour arriver au pouvoir.
La section CGT du lycée professionnel Sévigné de Tourcoing