Émancipation a fait tout ce qu’elle a pu dans le peu de temps imparti, à tous niveaux de la FSU et dans d’autres syndicats, pour mettre en garde sur les dangers de signer, hors de tout rapport de force, un accord PSC aussi piégé. Je ne reprendrai donc par les arguments mais je vais insister sur les risques le plus graves pour notre fédération de cette signature insensée.
L’exécutif a refusé notre demande insistante d’arguer du congrès national pour obtenir un report de la signature de l’accord ;
- – cela aurait permis d’empêcher Macron de se présenter comme le champion de la paix sociale et des largesses salariales pour généraliser le traitement PSC à la Sécu et aux retraites ;
- – cela aurait permis que nombre de syndiqué·es de toutes tendances se sentent moins floué.es, pour ne pas dire trahi·es, à cause d’un débat et d’une prise de décision bâclés sur un sujet si essentiel et si complexe, à cause de la facilité avec laquelle les mandats fondamentaux sont bafoués et aussi à cause de toutes les manipulations nécessaires des mandats de votes des sections et des syndicats pour arriver, quoi qu’il en coûte, aux 70 % pour imposer cette signature.
Pourquoi prendre le risque de fractures dans la fédération, d’aggravation du discrédit du syndicalisme, avec une telle capitulation en rase campagne, sans avoir combattu et avec cette piteuse rodomontade sur les luttes déterminées, que vont permettre la signature, pour récupérer tout ce qu’on est ent rain d’abandonner dans l’acte de réddition ?
Jugeons-en : sur les 30 euros de l’employeur, 15 euros sont déjà actés par l’ordonnance du 17 février 21, c’est donc 15 euros mensuels pour les seules actif·ves (beaucoup moins en fait tout déduit) que conditionne la signature.
Et que recevrait la FSU en échange ?
Le droit de suivre, désarmée par les termes même de l’accord, le saccage des solidarités, familiales, intergénérationelles, entre les niveaux de salaire, et bien sûr entre les risques, puisque le recouplage de la santé et de la prévoyance est un mythe que la ministre elle-même évacue dans son courrier accompagnant le projet d’accord.
Le droit de voir ce qui restait de solidaire et de non lucratifs dans la PSC céder rapidement le pas devant la concurrence, la rentabilité et les surcomplémentaires pour les plus riches.
Le droit d’assister, aux première loges et l’arme au pied, à la pire offensive contre la Sécu, par les transferts vers la PSC, le contrôle accru de l’Etat payeur et des assurances privées sur la protection sociale, pour imposer la 5ème branche et la grande sécu façon Macron.
Comment est-il possible de développer des arguments comme “ne pas s’isoler des autres syndicats” et “surtout de ceux de lutte et de transformation sociale”, distinguo qui n’a plus beaucoup de raison d’être avec toutes ces signatures unanimes d’accords et leurs contreparties sur les luttes du 13 et du 27 janvier, pour ne citer que les plus récentes.
Celles et ceux qui appellent de leurs vœux une (ré)unification syndicale conviendront peut-être que cette signature et l’engagement de luttes communes pour regagner ce qu’on vient d’abandonner, constituent une base d’accord problématique. D’autant plus à quelques mois d’élections professionnelles, qui, avec la perte de prérogatives des CAPA et de CHSCT ne mesurent plus que les moyens que le pouvoir voudra bien accorder… pour combien de temps encore ? Celles et ceux qui ont eu le temps de dire non à une telle signature, ou qui nombreux·ses n’ont pas eu le temps ou qui n’ont pas osé par fidélité à l’image qu’iels ont de leur tendance ou de leur syndicat, ne doivent pas considérer que c’est une couleuvre de plus à avaler. Ils et elles doivent se donner les donner les moyens de refuser, ensemble, dans la durée, ce que les rédacteurs et rédactrices des “jours heureux”, les combattant.es du mutualisme et de la Sécu de 1946 auraient condamné
voir aussi :https://emancipation.fr/la-revue/numero-6-mars-2022/argumentaire-contre-la-signature-de-laccord-psc/