Émancipation


tendance intersyndicale

Compte-rendu de la CA nationale du SNES (juin 2025)

La Commission Administrative Nationale du SNES s’est tenue les 24 et 25 juin 2025. Elle avait lieu dans le contexte international d’un génocide toujours plus atroce à Gaza et du bombardement de l’Iran par les Etats Unis deux jours plus tôt. Du côté national, le « conclave » sur les retraites venait de s’achever sur impasse pour le syndicalisme, comme cela était couru d’avance ; dans le même temps il était annoncé une diminution de 40 milliard des dépenses sauf pour l’armée qui passerait à 5% du PIB !
Les déléguées Émancipation se sont exprimées lors du débat général puis lors du débat sur le texte action et droits et liberté.
Vous pouver lire ci-dessous les textes défendus par mancipation, et les interventions des délégué.es Emancipation.

Intervention Emancipation dans le débat général

Les impérialistes et colonisateurs sont en guerre : la Russie en Ukraine, Israël à Gaza, en Cisjordanie, au Liban, en Syrie et maintenant en Iran, les Etats Unis sont rentrés dans ce conflit. L’intention est claire : contrôler les ressources et contrôler les peuples. C’est la loi du plus fort au mépris de toutes les règles du droit international.

A Gaza, le massacre continue par :

– la centralisation de l’aide humanitaire par Israël, pays attaquant, ce qui est interdit par le droit international

– les tueries lors des distributions

– la famine organisée : les images des corps décharnés des enfants et adultes en rappellent d’autres…

Un génocide se poursuit sous nos yeux, à huis clos sans que les gouvernements ne prennent des mesures pour le faire cesser.

Les impérialismes en guerre oppriment aussi leur propre peuple, il n’y a qu’à voir l’envoi de l’armée par Trump en Californie. En France, les initiatives comme Guerre à la Guerre pour contrer le militarisme grandissant et l’industrie de l’armement sont aussi réprimées : samedi, des centaines de policiers, CRS, BravM ont tenté de prendre d’assaut la bourse du travail où étaient rassemblés des manifestant⋅es contre le salon de l’armement du Bourget. Des arrestations ont eu lieu, tout cela pour des ballons de baudruche ?

Dans l’éducation, toute initiative de soutien aux victimes de Gaza est lourdement sanctionnée comme notre collègue de Sens. Plus généralement, les mutations dans l’intérêt du service continuent à pleuvoir comme à Pantin ou Noisy Le Grand alors que, dans le même temps, les tribunaux administratifs invalident les décisions des rectorats comme pour Kai Terrada à Nanterre, les réprimé⋅es de Melle ou de Marseille. Les lycéen⋅nes sont aussi réprimé⋅es lorsqu’ils-elles s’expriment sur Gaza ou leurs conditions de travail. A ce titre, un collectif de parents soutenu par la FCPE, la LDH et SUD Education, mais pas le SNES, a saisi la défenseure des droits.

Le gouvernement poursuit aussi sa politique sécuritaire et xénophobe envers les sans papiers avec les rafles des 18 et 19 juin, ce qui conforte l’extrême droitisation des politiques français.

Du côté budget, les annonces de rabotage de 40 milliards tout en augmentant le budget militaire ne laissent présager rien de bon pour l’éducation et les services publics, sauf un recours de plus en plus accru aux moyens répressifs notamment les fouilles dans les établissements, des programmes pour mettre au pas la jeunesse. Quant à la fin du conclave des retraites, nous rappelons notre appel à boycotter celui-ci au contraire de la direction de la FSU qui souhaitait y aller. Au final, comme c’était prévu, rien ne sort de ce conclave et cela n’a servi que de part feu pour éteindre toute volonté de mobilisation depuis janvier.

Des luttes locales, menées individuellement par établissement, se sont multipliées depuis quelques mois avec les annonces de suppression d’heures et de postes mais sans réelle coordination syndicale. On ne peut que constater qu’il y a eu une trêve des organisations syndicales depuis janvier, avec l’absence de volonté de (réellement) combattre le gouvernement Bayrou. Alors quel est le plan de bataille ? Comment coordonner les mouvements locaux auto-organisés à un mouvement national, qui dure ?

Intervention Emancipation « Droits et libertés »

Le moyen-orient s’embrase avec l’aide des puissances impérialistes occidentales. Israël est au centre de ces guerres. Pourtant la tranquillité des israélien⋅nes ne peut passer que par l’arrêt du génocide à Gaza, la fin de l’annexion des territoires palestiniens et l’égalité des droits entres palestinien⋅nes et israélien⋅nes. De même il est nécessaire que les bombardements et/ou l’envahissement du Liban, de la Syrie et de l’Iran prennent fin.

Il faut dénoncer le double discours de Macron qui soutient dans les médias le droit à l’autodétermination des peuples et le respect du droit international alors que dans les faits, il repousse ad vitam la reconnaissance de l’état palestinien, qu’il envoie les CRS et la BRAV M à la bourse du travail de Bobigny lors de la mobilisation contre le salon du Bourget et qu’il poursuit aussi les répression contre les militant⋅es qui soutiennent le peuple palestinien.

Les revendications sont claires : le cessez le feu à Gaza, au Liban, en Syrie et en Iran, l’arrêt des déplacements des Gazaouis, la fin du blocus sanitaire et alimentaire à Gaza.

Pour cela, il est nécessaire de faire pression sur l’État d’Israel par des sanctions qui touchent tous les secteurs : économique, militaire, judiciaire, sportif, culturel, diplomatique. Le SNES doit appeler, au sein de la FSU au boycott des partenariats scolaires et universitaires avec des établissements israéliens, comme vient de le décider l’université de Bologne.

Le Snes peut agir en appelant les syndiqué⋅es à rejoindre massivement les manifestations mais aussi la campagne Stop Arming Israel, contre la livraison d’armes à Israel, en boycottant les produits israéliens et les entreprises israéliennes par la participation au BDS. Le SNES doit soutenir toutes les répressions contre les enseignant⋅es et élèves et en particulier la collègue de Sens. Pour une minute de silence, elle a reçu un blâme par le rectorat de Dijon, qui lui reproche un manque de neutralité. Pourtant, détourner les yeux d’un génocide, ne pas répondre aux questions des élèves n’est pas possible, c’est s’en rendre complice.

Dans cette période trouble, il faut dénoncer le militarisme et aller vers la voie du pacifisme.

En même temps que Macron soutient l’autodétermination des peuples, l’état français réprime le mouvement indépendantiste kanak. Le 12 juin 2025, la cour d’appel de Paris a libéré tous les responsables indépendantistes kanaks incarcérés en métropole mais 5 responsables kanaks sont interdits de se rendre en Nouvelle Calédonie, ce qui de fait, les déporte en France, sans logement et moyens de subsistance. Ce n’est pas possible !

Sur le texte droit et liberté, nous proposons une modification du titre du premier paragraphe pour ajouter le terme d’islamophobie à la suite d’antisémitisme : le racisme vise bien aussi les personnes musulmanes ou supposées comme telles et il est à combattre, d’autant plus avec Retailleau à l’intérieur et l’extrême droite en bonne position à l’assemblée nationale.

Intervention Emancipation sur l’action

Notre société actuelle favorise les conditions d’une grande souffrance des élèves comme de leurs enseignant·es. Le meurtre de notre collègue Mélanie, après ceux de Samuel puis Dominique, est une tragédie qui doit nous alerter collectivement. L’adolescence est un pot-au-noir : nos élèves ont besoin d’être entouré·es d’adultes structurant·es, d’adultes bienveillant·es, d’adultes qui vont bien, qui ne sont pas en situation de précarité et qui sont en nombre suffisant dans les établissements. Nos jeunes en construction ont besoin qu’on puisse leur apporter toute l’attention que chacun, chacun·e d’entre elles et eux mérite en tant que sujet dans toute sa complexité singulière. Les propositions gouvernementales d’une formation pour toustes à la « santé mentale », signifiant pratique car tellement fourre-tout qu’il ne signifie plus rien, d’un « dépistage » des « signes d’alertes » (ceci alors même que les délais d’attente pour une première consultation en CMP adolescents peuvent atteindre 2 ans) sont indignes. Les personnels ne sont pas interchangeables : nos élèves, des enfants, ont besoin de la présence en établissement à la fois d’AED, d’enseignant·es, d’assistant·es sociales, d’infirmiè·res, de psy-EN. Ils et elles ont besoin de ne pas être mis en concurrence délétère avec leurs camarades de classe. Le bac Blanquer, annoncé comme une « simplification » se révèle en fait être une véritable usine à gaz : les épreuves de spécialité sont doublées et différenciées ce qui nuit à l’équité entre toustes les élèves (illustré par l’épreuve de physique chimie, bac 2025). Le SNES-FSU exige l’abrogation de Parcours Sup et du bac Blanquer, l’abrogation des stages en classe de seconde et du parcours Y. L’entreprise n’est pas un milieu de formation initiale pour nos élèves, et cette vision des choses mène à des drames comme la mort d’un élève de 16 ans sur son lieu de stage à Saint-Lô.

Nous nous opposons à toute présence policière tant et aux abords des établissements, car ceci ne va pas dans le sens d’un apaisement du climat scolaire profitable à tout·es les acteur·ices de l’Éducation. Nous revendiquons la titularisation immédiate et sans conditions de tou.tes les non titulaires, la création d’un statut pour les AED et les AESH, une augmentation uniforme de 400 euros pour tou.tes, une échelle mobile des salaires.

La situation impose par ailleurs d’en finir avec les « journées d’action » isolées dans le temps, ou par secteur. Il est nécessaire de créer les conditions d’un mouvement social unifié et élargi.  Il est nécessaire d’associer les appels  intersyndicaux les plus unitaires avec les mobilisations des collectifs qui se battent sur les terrains anticapitalistes et écologiques, internationalistes et anticoloniaux, antifascistes,  féministes, pour la jeunesse et contre les exclusions et bien sûr contre la répression et les violences policières. L’auto-organisation, avec AG unitaires de base et coordinations aux différents niveaux, permet de favoriser cette complémentarité collectifs/syndicats. Nous incitons à travailler pour unifier dès l’appel l’ensemble des structures qui se battent pour le même objectif : combattre le capitalisme et ses sous-produits, le fascisme et la guerre, garantir une éducation d’émancipation intellectuelle et sociale pour toustes nos élèves. Il s’agit de faire face aux urgences immédiates :

– pour la rentrée scolaire : soutien et coordination des établissements dans l’action pour les revendications, aucun licenciement de non-titulaires (enseignant.es comme AED).

– dans le cadre de la Fonction publique : de l’argent pour les services publics et pas pour la guerre ! Il s’agit de préparer la grève contre le plan d’austérité qui sera prochainement annoncé par le gouvernement.


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