Nous publions ci-dessous une réponse de Benoît Teste (secrétaire général sortant de la FSU) et Caroline Chevé (nouvelle secrétaire générale de la FSU)… à notre article suivant le congrès national de Rennes. Cet échange s’intègre dans une discussion plus globale avec la tendance majoritaire « Unité & Action » à la suite de ce congrès marqué par des attaques concernant Emancipation.
Bagnolet, le 6 mai 2025
Nous souhaitons répondre à l’article sur le site de la tendance Emancipation suite au congrès national de la FSU.
D’abord et avant tout pour dire nos regrets sur ce qui s’est passé. Vous utilisez des mots durs, mais nous comprenons le sentiment d’injustice. La dynamique de congrès a été violente pour vous. On a conscience de la façon dont vous l’avez vécu, les choses n’auraient pas dû se passer comme cela.
Sans revenir dans le détail sur la semaine du congrès, nous tenons à assurer que toutes les décisions ont été prises dans l’intention de tenir tous les bouts du bon déroulé du congrès, et de la nécessaire manifestation de notre solidarité avec la lutte des étudiant-es de Rennes 2.
De notre point de vue, les camarades Emancipation qui se sont rendus aux AG (étudiante dans un premier temps, avec des personnels dans un second temps) se sont avancés sur la possibilité d’une intervention des étudiant-es en lutte à la tribune du congrès de la FSU. Une telle décision ne pouvait être prise sans une prise en compte dans la réflexion de l’ensemble des paramètres qui président au déroulement d’un congrès, d’autant plus le jour même où notre congrès accueillait les secrétaires générales de la CGT et de Solidaires pour débattre des enjeux majeurs qui traversent aujourd’hui le syndicalisme. Le déroulé de l’ordre du jour du congrès déjà « millimétré » à l’ouverture du congrès, l’était d’autant plus que les débats de la veille, plus longs qu’anticipé, avait conduit à prendre du retard. Et il fallait assurer la sécurité tant des locaux – pour lesquels, en tant qu’utilisatrice, la FSU avait une responsabilité directe – que des congressistes et de nos invités. L’infiltration d’éléments extérieurs à Rennes 2 dans le mouvement étudiant pour le détourner de ses finalités était une donnée à prendre en compte.
A donc été retenue l’idée d’une délégation qui irait à la rencontre des étudiants mais devant le palais des congrès, et en effet la lecture d’un texte en fin d’après midi devant tout le congrès.
Enfin, l’horaire de l’arrivée de la manifestation, qui devait être au départ en fin d’après-midi, est devenu au dernier moment 14h, ce qui n’a fait que compliquer l’organisation de l’accueil sur la place devant le palais des congrès de la manifestation par une délégation du congrès.
De ce point de vue, le fait que les étudiant⋅es aient eu « l’information » (fausse) qu’une délégation pourrait entrer pour s’exprimer devant le congrès a suscité une déception qu’il a fallu gérer pour ne pas affaiblir la sincérité du message de solidarité dont nous étions porteurs.
Les événements survenus devant le palais des congrès ont changé la donne. D’abord, la confusion engendrée par les événements du jeudi après-midi du fait d’un groupe (non-étudiant) voulant s’introduire de force dans le palais des congrès au départ des étudiant⋅es qui ont poursuivi leur manifestation, a fait penser à beaucoup de membres de l’organisation que le projet de lecture d’un texte émanant du mouvement de Rennes 2 avait été de facto abandonné. En effet, ces incidents ont objectivement terni l’image qu’a pu laisser l’accueil de la manifestation étudiante. Et il nous a fallu prendre le temps de l’explication et de la compréhension à avoir des évènements et de leur enchaînement. Ce texte n’a d’ailleurs été relevé sur les boites mail que le vendredi matin, à un moment où il ne semblait plus opportun de le lire au regard de l’ordre du jour.
La section départementale ayant été à juste titre particulièrement échaudée par ces événements, craignant aussi pour le long terme comme cela a été expliqué en tribune, il a semblé juste qu’elle puisse avoir la parole. Le représentant de la SD a pointé la responsabilité des camarades d’Émancipation dans le fait de s’être avancés en AG dans des engagements qui pouvaient apparaître comme ceux de la FSU toute entière. Cela a suscité des applaudissements nourris dont nous comprenons bien sûr qu’ils puissent être durement ressentis par les camarades de la tendance Emancipation, car ils n’ouvraient aucun espace pour y répondre de manière contradictoire. C’est la raison pour laquelle il nous semble important, maintenant que l’émotion est retombée, qu’Emancipation ait la possibilité d’exprimer son point de vue en direction tous les congressistes.
Nous tenons à dire que jamais le SNESUP n’a « freiné » ou pesé pour minorer le soutien à la lutte des étudiant-es de Rennes 2, au contraire. La secrétaire générale du SNESUP a par exemple tenu à être présente et à prendre la parole devant la manifestation.
L’interprétation de l’événement se joue sur donc le fait de pointer une « frilosité » de la FSU versus le constat que la crainte était légitime, car les éléments violents dans les manifestations à Rennes n’ont rien d’un fantasme. Nous l’avons constaté. Mais introduire une crainte spécifique de la mise en cause de la présidence n’est pas juste au regard de l’ensemble de l’action du SNESUP, local comme national.
Fondamentalement, nous pensons que ces événements relèvent vraiment d’un enchaînement malheureux, qui n’éclaire pas la normalité du fonctionnement de la FSU. Le pluralisme est un fondement essentiel de la FSU, nous sommes attachés à ce qu’il apporte à la réflexion syndicale et à la capacité de la FSU à rassembler largement. Les tendances, qu’elles soient ou non en opposition à la direction, ont toute leur place à la FSU.
Benoît Teste – Caroline Chevé