Nous revenons une dernière fois ici sur le congrès de la FSU de Rennes de février 2025. Emancipation avait fait publiquement état de ce que nous considérions comme une entorse au droit de tendance survenue au cours de congrès. A la suite de cet épisode, Emancipation avait décidé de boycotter les instances nationales de la FSU. Et ce dans l’attente d’une réunion avec la tendance majoritaire « Unité & action ». Lors de cette réunion survenue en mai, une clarification sur la question du respect du droit de tendance a été apportée par « Unité & Action ». Parmi les points qui ont fait accord, nous en relevons deux : tout d’abord, une réponse à Emancipation du secrétaire général sortant (Benoît Teste) et de la nouvelle secrétaire générale (Caroline Chevé) ; nous la publions ici. Ensuite, compte tenu du fait qu’Emancipation n’a pas pu donner sa vision des faits aux congressistes, un message qui sera envoyé aux congressistes du congrès de Rennes. Le voici ci-dessous.
Au congrès national de Rennes, le jeudi 6/02 à la fin des débats, les 17 délégué.es de la tendance Emancipation ont eu à subir, une mise en cause très injuste de la part de la SD 35 et de l’exécutif national, et des manifestations d’animosité qu’on pensait inconcevables dans la FSU.
Ne s’étant pas vu offrir la possibilité de répondre immédiatement, la délégation a décidé de quitter le congrès, (d’autant plus que le texte action proposé par la direction faisait l’impasse sur les éléments que nous avions défendus dans le congrès), et de proposer à l’Equipe responsable d’Emancipation tendance intersyndicale de ne plus siéger dans aucune instance nationale de la fédération et de ses syndicats nationaux jusqu’à ce que le Collège national de la Tendance décide des suites. Par-delà la conscience que rien ne serait plus comme avant, les possibilités en débat étaient le départ de la FSU, d’autant plus envisageable que la tendance intervient déjà dans les syndicats de lutte hors FSU, ou bien l’exigence de droits de réponse et de garanties sur un droit de tendance et d’opposition à l’orientation de la direction, renforcé et respecté par tou.tes. Garanties importantes au moment où « la maison commune » se dessine avec une confédération dont les tendances ne sont pas statutairement reconnues et où l’Ecole Emancipée attaque « l’apport » des tendances ne participant pas à l’exécutif.
Il est un peu fort d’avoir à justifier de l’apport de notre tendance, qui assure une présence régulière dans les délibératifs et les secteurs de la fédération où elle propose une orientation alternative à la ligne majoritaire. Et ce à partir de son investissement dans les établissements et les quartiers, dans les mouvements sociaux, de son activité autour de sa Revue et de son site, ainsi qu’au sein du projet coopératif du local de l’EDMP, regroupant de nombreux collectifs et associations… Autant d’investissements qui ont certainement au moins autant de répercussion – y compris pour la FSU, notamment lors des élections paritaires – que la participation minoritaire à des directions syndicales dont les revendications et les stratégies d’actions n’ont pas permis de gagner depuis bien longtemps.
Emancipation tendance intersyndicale a des militant.es dans les syndicats hors FSU et notamment chez les jeunes en formation. Elle considère qu’être solidaire de leurs luttes est une responsabilité syndicale. Informé.es avant le congrès de l’AG étudiante de Rennes 2 du mardi 4/02 et de la manif du 6/02, nous sommes intervenu.es dès le débat sur l’ordre du jour, puis tout au long du congrès en toute transparence, pour présenter les revendications étudiantes et proposer que la fédération intervienne à l’AG du 4/02 pour attester de son soutien. Et pour proposer aussi qu’elle reçoive une délégation dans le congrès et soutienne la manif, Benoit Teste a répondu qu’on verrait en fonction de la représentativité de cette manif.
Après avoir rappelé l’AG étudiante dans toutes les commissions mardi matin, les camarades d’Emancipation y sont allé.es, se sont retrouvé.es seul.es. Ils / elles ont donc préparé une intervention de soutien au titre des délégué.es Emancipation. Le secrétaire général de la SD 35 et un représentant du SNESUP sont intervenus dans l’AG étudiante sans même s’annoncer comme délégués de l’instance nationale, ni apporter le soutien du congrès, ni même citer ce dernier. Nos camarades ont fait état de leurs interventions dans le congrès pour que celui-ci soutienne le mouvement de Rennes 2. Ils / elles ont été invité.es en tant qu’Emancipation à l’AG des personnels du lendemain, où là non plus ils / elles n’ont pas prétendu représenter la FSU, ni se sont avancé.es sur des formes d’action encore à fixer par l’exécutif, entre l’accueil d’une délégation dans le congrès ou une représentation FSU recevant la manifestation dehors.
Cette deuxième possibilité a été choisie par l’exécutif, sous couvert de la sécurité des locaux du congrès, pourtant très bien organisée sans la FSU, et de l’arrivée des responsables nationaux de la CGT et de Solidaires, qui auraient pourtant gagné à soutenir, avec la FSU, les luttes de la jeunesse, en plus de préparer par en haut le syndicalisme de demain. La réunion de préparation de l’accueil de la manifestation, pourtant bon enfant comme on pouvait le voir sur les photos prises par les camarades Emancipation et transmises à l’exécutif fédéral, a viré à la citadelle assiégée. Au point que la préparation du service d’ordre a remplacé celle de bannières FSU, qu’il nous a fallu réclamer, et d’une sono plus crédible pour l’image de la FSU que le mauvais mégaphone, avec lequel l’intervention de Benoit Teste était peu audible. La suite, la confrontation du service d’ordre avec une dix-quinzaine de jeunes devant une robuste porte fermée avec 10 vigiles derrière et les deux inscriptions sur le bâtiment, ne méritait pas la dramatisation sécuritaire de la SD 35 devant tout le congrès, dramatisation relayée – et pour nous c’est plus préoccupant- par le CA orga.
Cette mise en scène à été montée en lieu et place de la lecture de l’adresse de l’AG des étudiant.es au congrès de la FSU, que le secrétaire général s’était engagé à faire devant le congrès. Ce qu’il n’a pas fait, ni jeudi, ni vendredi (pourtant consacré à l’action), probablement parce que cette adresse dénonçait notamment la responsabilité de la présidence FSU de Rennes 2 dans la répression des étudiant.es.
Mais ce qui a été le plus grave, c’est que devant tout le congrès et ses invité.es, a été dénoncée une supposée responsabilité de la tendance Emancipation, sur la base d’un procès en déloyauté sans bases sérieuses. Et ce en dehors de tout cadre et de toute démarche de médiation, sans même que la tendance ait été informée à l’avance, ni qu’elle ait la possibilité de répondre à de tels reproches, comme il se devrait pourtant dans une fédération qui a fait du pluralisme sa marque de fabrique.
S’en est suivie une bronca, impulsée par des responsables UA et de la tendance École Émancipée. Ces dernier.es n’avaient pas apprécié que soit dénoncée le matin même leur conception de « l’apport » pour la fédération de tendances constitutives de la FSU, développée dans leur journal distribué aux congressistes.
Nous dénonçons ces pratiques, afin qu’elles ne soient plus possibles dans la FSU et qu’une réelle prise en compte du droit de tendance et d’opposition soit réfléchie et valorisée.
Pour nous, rien ne sera plus comme avant, particulièrement avec les instigateurs-trices des incidents du congrès, mais nous continuerons à agir avec les militant.es investi.es dans les luttes, dans la FSU et les mouvements sociaux, et ce quelque soit leur tendance.
Ayant reçu des réponses à nos attentes, nous continuerons à défendre nos orientations dans les instances fédérales délibératives en veillant à ce que ces réponses marquent une avancée du droit de tendance.