Chaque mois, nous vous proposerons une brève présentation des conflits qui se déroulent ou se sont déroulés dans la période en question, en France et à l’international.
Nous savons parfaitement que la liste qui suit n’est que partielle. Eh oui ! L’information sur les grèves et les luttes n’est pas la mieux partagée par les médias, il faut aller la chercher. Et pourtant, des grèves, il y en a ! En France, et ailleurs dans le monde, y compris dans des pays que les médias mainstream nous présentent comme les modèles à suivre, États-Unis ou Allemagne, car les salarié.e.s y seraient dociles, pas comme les salarié·e·s français·es « réfractaires »! Si vous avez des informations à nous transmettre à propos de votre grève ou d’une grève dont vous avez connaissance, n’hésitez pas à nous en faire part en nous écrivant à netournonspaslapage@gmail.com
Clôture rédactionnelle de cet article : mercredi 4 juin 2025
A L’INTERNATIONAL
Espagne
A partir de mi-avril, grève à l’Alhambra de Grenade, contre des licenciements. Le syndicat CSTA lutte pour la réintégration de la trentaine de licencié.es, qu’ils et elles soient repris.es avec un vrai contrat, pour que la Région andalouse cesse d’abuser de la précarité.
Etats-Unis
Le 16 mai, une grève inhabituelle des conducteurs/trices de trains dans le New Jersey, pour des hausses salariales. Le réseau NJ Transit était à l’arrêt complet. 260 000 passager.es transitent chaque jour entre le New Jersey et Manhattan.
EN FRANCE
Automobile :
Renault
Craignant une fermeture du site de Cléon à 5 ans sous prétexte de spécialisation dans la filière électrique, la CGT, soutenue par Sud et la CFDT a organisé une journée de grève et d’information sur ce site le 14/5, avec plus de 300 personnes présentes.
Autres métallurgie
Arcelor Mittal
Face à l’annonce de 636 suppressions d’emplois sur 7 sites, et après un 1er Mai réussi à Dunkerque, le 13/5 a vu une forte montée à Paris, au siège du sidérurgiste à St Denis (surtout en provenance de Florange et Dunkerque).
Chantier Naval St Nazaire
Pour recevoir Bayrou à St Nazaire le 26/5, les travailleurs/ses du chantier naval ont débrayé et se sont rassemblé.es, suite à un appel lancé aussi aux sous-traitants et intérimaires. Toujours le même rejet de la réforme des retraites, en lien avec les conditions de travail. Et les salaires.
Chimie, pétrochimie, pharmacie :
Arkema
Le 6/5, les ouvriers d’Arkema ont mis à l’arrêt l’usine de Jarrie (38) en fermant les vannes, avec une AG de 200 personnes. L’intersyndicale exige notamment des offres d’emplois sérieuses pour les plus de 50 ans ou les handicapé.es, une garantie santé-prévoyance sur 5 ans et une indemnité supra de 60 000 euros, ce dont la direction ne veut pas entendre parler.
Lubrizol
Après une lutte déterminée (grève et blocage une semaine), on apprenait le 5/5 que Lubrizol renonçait au PSE annoncé début février sur les sites de Rouen et Le Havre. Une annonce plus perçue comme un sursis que comme une victoire. Le 23/5, une grève partait sur les sites en question, pour obtenir des dédommagements suite aux annonces angoissantes des patrons.
Cerexagri
Le 12/5, la direction de Cerexagri (fabrication de pesticides et autres produits agrochimiques) annonçait la fermeture du site de Bassens (33), soit 38 emplois. Cela a débouché sur une AG le 20/5 avec création d’une intersyndicale et le lancement d’une grève reconductible.
Transports :
SNCF
La grève début mai
Alors que la direction de la SNCF – entreprise qui a fait 3,5 milliards d’euros de bénéfices en 3 ans – et la presse patronale redoutaient des grèves de plus en plus dures autour du pont du 8/5, les médias ont peu parlé des enjeux de cette grève pour les cheminot.es, quand ils n’ont pas carrément fait du « cheminot-bashing » et appelé à renforcer encore plus les attaques contre le droit de grève. Le mouvement, lancé par le collectif national ASCT (contrôleurs/ses) puis rejoint par Sud Rail, puis la CGT, a été marqué par la division syndicale et est resté morcelé, métier par métier, et avec une participation très variable selon les métiers et les régions. Pourtant l’offensive contre les cheminot.es est tous azimuts. Il y a la question de la perte du pouvoir d’achat, mais aussi de la perte de la maîtrise du travail et de ses horaires (changements fréquents au dernier moment), des sous-effectifs, etc. etc.
Les 5 et 6/5, les TGV étaient épargnés par la grève, mais on notait de fortes perturbations sur les RER B et C et sur certains transiliens (N, U, V, un peu H). Le 7/5, et le RER D était plus impacté que les jours précédents. En province le trafic était variable, un TER sur trois seulement circulait dans les Hauts-de-France.
C’est le 7/5 que la CGT appelait à remettre ça un mois plus tard, les 4, 5 et 11 juin, pour mettre la pression pour des négociations salariales et un accord sur la formation professionnelle. En même temps, la direction se disait satisfaite d’un impact de la grève moindre que ce qui était prévu. Celle-ci a manœuvré et abusé des fake news. Le directeur de TGV-Intercités disait notamment pouvoir faire circuler 90 % des trains, cachant que vu les 75 % de grévistes prévu.es sur certaines lignes pendant le pont, elle paye grassement des cadres pour briser la grève : c’est le rôle des VAO (volontaires accompagnateurs occasionnels), formés à la va-vite.
Poste d’aiguilleur de Villemomble
La direction de la SNCF annonçait début avril la suppression du poste d’aiguilleur sur le secteur de Villemomble. Autre suppression de poste, aggravant les conditions de travail : la fin du service du week-end au poste 3 du Bourget. Réaction : préavis de grève de Sud Rail pour mai, rejetés de façon brutale et illégale par la direction, ce qui a conduit à un référé. Le 20 mai, la grève était massive dans le secteur. Vu la gravité de la situation (avec une grave collision entre trains localement), une grève reconductible avec caisse de grève a été décidée.
Cars St Malo
Début mai, débrayage deux jours de suite, et deux autres journées de grève, des chauffeurs de cars de la CAT35 (liaisons interurbaines), contre une aggravation systématique des conditions de travail et de rémunération depuis plusieurs années, d’une société concessionnaire à la suivante. Les coupures du temps de travail sont aussi un gros problème.
Transports Clermont-Ferrand
A Clermont-Ferrand, grève d’avertissement des chauffeurs de la T2C le 15/5, suivie par 83% de la catégorie, contre la volonté de la direction d’externaliser des services et la mise en œuvre de la « clause du grand-père » (perte des acquis pour les nouveaux/elles embauché.es) …
Chauffeurs/ses de taxi
Blocages, opérations escargot, concerts de klaxon : les chauffeurs/ses de taxi se mobilisent massivement contre le projet de réforme de tarification par le gouvernement (arrêté du 16/5) des transports sanitaires. Les professionnel.les peinent déjà à gagner leur vie, notamment du fait de la concurrence des VTC. Le pouvoir manie à la fois le bâton (arrestations) et la carotte (négociations). La colère et la mobilisation de la catégorie étaient encore claires fin mai.
Geodis
Après la grève victorieuse en février, les Geodis ont débrayé le 27/5 contre une prime injuste voulue par la direction (montant d’intéressement lié au nombre d’accidents du travail !).
Propreté nettoyage
Maintenance Industrie
Après deux mois et demi de grève (depuis le 24/2), longtemps ignoré.es et méprisé.es par la direction, les grévistes ont gagné : Maintenance Industrie est obligée d’accorder des heures de travail permanentes ! Le patron a accordé́ à la plupart des grévistes qui le demandaient des heures en plus de leur temps partiel actuel. Les grévistes ont obtenu de 24 minutes à 2h30 en plus par salarié.e. en fonction de leurs demandes. Cela fait une heure par jour en moyenne et une vingtaine d’heures en plus par mois. C’est un réel acquis, sur le contrat de travail.
Distribution
Franprix
Le 6/5 une dizaine de salarié.es du Franprix LYMER 63, rue de Montreuil à Paris, se sont mis.es en grève pour demander des augmentations de salaires, ce que refusait le patron.
Lidl
Après une grève intersyndicale cet hiver, plusieurs syndicats (CFDT, CGT, CFTC et FO) ont appelé à une grève de 4 jours par semaine à compter du 15/5, sans limitation dans le temps, pour des conditions de travail « décentes » et contre la baisse « massive » des effectifs.
Santé-social
Social et médico-social
3 syndicats ont appelé à la grève les pilotes d’hélicoptère du Samu à partir du 29/5, dénonçant les « salaires indignes » pas augmentés depuis 5 ans. Le ministère de la Santé fait le mort.
Dans les hôpitaux
A partir du 21/5, le service de réanimation pédiatrique et néonatale du CHU de Toulouse s’est mis en grève illimitée contre le manque de personnel.
Santé privée
La moitié environ des effectifs soignants à la clinique de Montargis (45) s’est mise en grève contre les pressions de la hiérarchie et les salaires bloqués. Précédemment la direction avait réduit les effectifs.
Fonction publique
Dénonçant la politique budgétaire du gouvernement (notamment les 40 milliards d’économies et leurs conséquences) et une nouvelle année de gel du point d’indice, la CGT, l’UNSA, la FSU, Solidaires et la CFE-CGC appelaient à la grève le 13/5. Au niveau de l’impact, la DGAC a été particulièrement touchée et le trafic aérien a été perturbé dans plusieurs aéroports (vols Paris-Pau annulés ; retards à Orly, Marseille, Limoges). Perturbations aussi dans certains établissements de l’Éducation nationale (1er et second degrés).
Collectivités territoriales
Toulouse
A Toulouse, c’est la coordination interprofessionnelle contre l’austérité et pour la défense des services publics, issue des luttes de l’hiver, en particulier de celle des bibliothécaires, et qui regroupe une vingtaine d’organisations syndicales et associatives, qui appelait à 48h (les 13 et 14/5) de grèves et d’actions, contre les coupes budgétaires, le non-renouvellement des contrats, les suppressions de postes, pour la titularisation de tous les contractuels.
Culture
A Paris-Musées (qui gère la majorité des musées parisiens), le mécontentement ne passe pas. Les travailleurs/ses rejettent la mise en place de badgeuses, la flexibilisation et la dégradation des conditions de travail. A partir du 30/4, un comité de grève s’est mis en place, ainsi qu’un piquet au musée Carnavalet. Une mobilisation portée par la base !
Éducation nationale
70 écoles et 300 personnels des quartiers populaires de Grenoble et sa banlieue ont participé à une journée de grève réussie le 5/5, coorganisée par un collectif d’enseignant.es et de familles, contre la maltraitance institutionnelle envers les élèves et les conditions de travail dégradées. Le rectorat refusant de rencontrer parents et enseignant.es, le collectif a appelé à reprendre la grève les 13, 14 et 15/5.
A Bagneux (92), les enseignant.es du collège Joliot-Curie (classé REP) ont mené une grève à près de 80%, le 15/5, contre la forte baisse des heures de cours allouée pour l’an prochain.
Le 22/5 un appel à la grève et à manifester devant la DSDEN du 93 a été lancé par la CGT, Sud, la FSU et la CNT en Seine-Saint-Denis, contre la répression croissante et les mesures autoritaires (intimidations, mutations de force – 5 cas dans ce département tout récemment).
A Gennevilliers (92), 17 classes (!) doivent fermer à la rentrée 2025, et 3 postes de remplaçant.es être supprimés. En réponse, le 20/5, 5 écoles étaient fermées, et une dizaine d’autres touchées par la grève. Parents et enseignant.es, souvent très exaspéré.es, sont solidaires, au rassemblement devant la mairie ou bien en manif.
A Clermont-Ferrand (63), le collège Gérard Philipe s’est mobilisé, parents et enseignant.es réuni.es, pour être classé en éducation prioritaire. C’est l’établissement hors REP le plus défavorisé du pays. Les tensions y sont palpables, il y a des faits graves dont des agressions… Le 26/5, plus de 90% des profs étaient en grève. Le 27/5, 80%.
Autres grèves, dans le secteur privé :
STMicroelectronics
Le 10/5, la direction de STMicro annonçait la suppression de 2 800 postes dans le monde, avec 1 000 suppressions d’emplois en France et 2 500 mobilités internes. Alors que la direction prétend que c’est une simple transformation de la boite, due à une conjoncture difficile, il s’agit bien d’un plan de délocalisation et de destruction d’emplois. Face aux mensonges et à la langue de bois de la direction, la grève a été lancée le 10/5 à Crolles (38).
Champagne Canard-Duchêne
7 semaines de grève depuis le 7/4. Et les salarié.es du champagne Canard-Duchêne à Ludes (51) ont arraché une hausse de 3,7 % de leur rémunération brute, qui se décompose ainsi : 5€ de plus par jour sur la prime d’assiduité (+ 2,6 %), et la recommandation patronale de 1,1%.
Saverglass
D’abord, elle avait proposé de baisser les salaires de 7% pour « sauver les emplois ». Puis elle a annoncé un PSE de 139 licenciements sur le site du Havre qu’elle veut fermer. La multinationale, leader mondial de la verrerie de luxe, met en avant la « détérioration des marchés (…) de l’emballage en verre ». L’intersyndicale CGT, UNSA, CFDT, CFTC a appelé à la grève pour plusieurs heures les 21/5 et 22/5. Deux premiers jours réussis, où les grévistes ont pu compter sur le soutien des passant.es et des gens du coin, mais aussi de leurs collègues d’autres sites de la boite, ainsi que des dockers, de travailleurs/ses de Siemens, de Total… A suivre, avec peut-être bientôt une caisse de grève.
Informations supplémentaires du Courant de Luttes trans-syndical et interprofessionnel : https://blogs.mediapart.fr/courant-de-lutte-transsyndical-et-interprofessionnel