Émancipation


tendance intersyndicale

Conseil national de la FSU de mai 2025 (2) : interventions d’Emancipation

Le premier jour du Conseil national de la FSU (14 mai) a entamé un débat général. Beaucoup d’éléments ont été discutés. Une inquiétude palpable s’est exprimée sur le plan d’austérité que prépare le gouvernement, notamment avec la préparation du budget 2026 : on peut avoir « les pires inquiétudes », comme cela a été dit à la tribune. Par contre, il n’y a pas vraiment de perspective d’opposition frontale à cette offensive. Nous reproduisons ci-dessous deux interventions d’élu.es Emancipation, en complément à la contribution de la tendance Emancipation.

Intervention Emancipation dans le débat général

L’agression de Poutine contre l’Ukraine donne lieu à des errements dans le mouvement ouvrier :

– défense des positions de Poutine au nom de l’héritage d’un état ouvrier dégénéré ;

– position « campiste » d’analyse de la guerre uniquement à travers le combat contre l’impérialisme US ;

– cautionnement de l’augmentation des budgets militaires et relance de l’industrie de guerre, ce qui avalise la défense des intérêts stratégiques et économiques des gouvernements fournisseurs.

Le retour au pouvoir de Trump aggrave encore cette situation : il est prêt à négocier la vente à la découpe de l’Ukraine tout en spoliant ses ressources minières, soufflant le chaud et le froid quant au soutien militaire et la livraison de renseignement.

Ses foucades achèvent de décrédibiliser le concept de droit international, elles aiguisent les appétits des différents impérialismes, elles accélèrent la constitution de l’Union européenne en un impérialisme supplémentaire qui reprend les exigences trumpiennes d’augmentation des dépenses militaires, ce qui renforce considérablement l’austérité et l’attaque des droits sociaux.

En France, ce « réarmement » nécessite de faire adopter un plan d’austérité de 40 milliards d’euros par le gouvernement Bayrou via le Parlement ou un hypothétique référendum.

Ce qui passe entre autres :

– par des gels et annulations de crédits, des suppressions de postes, des menaces vis-à-vis des opérateurs et agences de l’État, etc.

– par la baisse de 10 % des rémunérations pendant les congés de maladie, l’attaque de l’abattement fiscal pour les retraité·es.

Entre les prises de positions pour un militarisme accru ou pour une « paix russe » -alors que le retrait des troupes russes des territoires occupés est une condition à la paix, il nous faut rappeler :

– notre opposition au militarisme et à l’armée en tant que corps constitué, au nationalisme, aux « économies de guerre ;

– notre combat contre le complexe militaro-industriel, qui, de plus, alimente des conflits coloniaux.

Pour Émancipation, la lutte contre le militarisme et le « réarmement » nécessite en particulier :

– le soutien à la campagne « Stop Arming Israel », par le blocage ouvrier des fabrications et transports d’armes ou de composants ;

– le soutien au collectif contre la présence d’Israël au salon du Bourget ;

– des collectifs unitaires locaux d’opposition au militarisme, au « réarmement » et à l’augmentation des budgets militaires ;

– l’action sur les lieux de travail, pour s’opposer à la militarisation, à la montée du nationalisme et à l’endoctrinement ;

Dans l’Éducation, cela passe plus particulièrement par :

– le refus des partenariats divers avec l’institution militaire ;

– la diffusion de contenus éducatifs refusant le nationalisme ;

– la production de matériel pédagogique et syndical indépendant de l’institution ;

– le refus du SNU – outil d’embrigadement de la jeunesse, demain service civilo-militaire obligatoire cher à Macron- ;

– le refus des classes « défense ».

La solidarité internationale concrète avec les peuples colonisés, envahis, victimes d’oppression, de guerres, de génocides est la meilleure réponse contre les impérialismes anciens comme nouveaux.

Notre boussole doit être le soutien intransigeant aux peuples opprimés. Les réseaux de solidarité internationaux, comme le RISIL, doivent permettre s’opposer à l’oppression, de produire, d’échanger et de consommer autrement. Une telle solidarité internationale passe par :

– la dénonciation des agresseurs et l’affirmation du soutien aux peuples agressés.

– le soutien à la résistance des peuples opprimés par des convois de solidarité, des collectes de fonds afin qu’ils puissent déterminer et financer les formes de résistance à l’oppresseur qu’ils jugent les plus adaptées ;

– l’accueil des exilé.es résistant.es ainsi que des dissident.es des pays agresseurs.

– des campagnes de boycott vis-à-vis de l’État agresseur et de dénonciation des États qui le soutiennent.

Il faut travailler d’emblée à unifier l’ensemble des structures qui se battent pour le même objectif : combattre le capitalisme et ses sous-produits, le fascisme et la guerre.

Intervention Emancipation dans le débat général (2)

Alors que Macron et son gouvernement n’ont toujours pas de majorité c’est une nouvelle offensive d’ampleur qui s’engage contre l’Enseignement public, contre  la Fonction publique et contre la Sécu.

La direction de notre fédération s’était félicitée un peu tôt des soi-disant reculs sur le choc des savoirs. La publication des nouveaux textes atteste que le gouvernement entend poursuivre et accentuer le processus de sélection de la jeunesse et de casse du statut de fonctionnaire.

Et pour favoriser le tri des élèves dès les plus petites classes, il faut assujettir les enseignants, s’attaquer à leurs garanties statutaires, briser leur liberté pédagogique, les transformer en simple exécutant, les soumettre à de nouveaux programmes déclinés selon les conditions locales.

Un lien étroit existe donc entre le « chocs des savoirs » et la réforme des concours qui va s’appliquer dès la rentrée.

Face à cette offensive comment comprendre que la direction de la FSU demande « un moratoire » au lieu d’exiger l’abrogation de la réforme du recrutement qui, bien au-delà des questions du niveau du concours, redéfinit profondément le métier et constitue une attaque d’ampleur contre les garanties statutaires ?

Comment ne pas faire le lien avec les coupes sombre dans le budget 2025 et celles annoncées de 40 milliards dans le budget 2026 ?

Le 5 décembre, les collègues s’était mobilisé avec force contre les mesures du budget du gouvernement Barnier. Au lieu de prendre appui sur cette mobilisation, en janvier, nos directions syndicales ont accepté de se soumettre aux nouvelles mesures de dialogue social de Bayrou, validant notamment le conclave.

Et maintenant, le budget 2025 voté, Bayrou et Macron veulent faire payer au monde du Travail le déficit de l’État creusé par les milliards du « quoi qu’il en coute » que Macron a accordé au patronat.

Macron entend utiliser les concertations et le conclave pour aller beaucoup plus loin dans la destruction de la Sécu. Il veut, faire « baisser le coût du travail », et comme cela vient d’être conclu en Nouvelle Calédonie, supprimer le financement par les cotisations sociales.

Or les cotisations sont une fraction du salaire que le patronat veut récupérer pour accroitre la plus-value produite par le travail des salariés. Quant au code des pensions il coûte aussi trop cher. Et la PSC obligatoire favorise largement les attaques contre le Sécu.

Le rôle du syndicat, de la FSU, ce n’est pas de leur donner de l’oxygène en poursuivant des concertations dont le seul rôle et d’associer le syndicat au redéploiement des moyens. C’est de défendre les revendications des personnels.

Au lieu de demander des concertations à Borne sur le budget qu’elle prépare, la FSU doit rompre ces concertations et créer les conditions d’une mobilisation d’ensemble contre le gouvernement.

Il y a urgence ! Urgence d’exiger l’abrogation des réformes. Urgence de mobiliser de façon unitaire avec l’objectif de mettre en échec Macron et son gouvernement.


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