Émancipation


tendance intersyndicale

Les luttes en France comme dans le monde sont complémentaires

Nous publions ci-dessous le texte adopté lors du Collège d’Emancipation des 10-11 mai 2025.

Les Macron-Bayrou-Retailleau justifient le renforcement de leurs attaques contre les travailleurs-ses et la jeunesse par la situation internationale : la guerre économique de Trump et son lâchage militaire, l’expansionnisme Grand Russe de Poutine en Ukraine, le génocide des Palestinien-nes par Netanyahou (qui mobilise les réservistes pour achever de détruire Gaza), qui déstabilise le Moyen-Orient et qui permet à Macron de justifier la répression en France par la criminalisation de toute dénonciation de la politique israélienne. En fait ces agressions dans et hors de notre pays se répondent, s’entretiennent et il faut lutter contre les deux simultanément par la solidarité avec les peuples opprimés et par les luttes contre notre propre impérialisme.

En effet, à son échelle l’impérialisme français reproduit le même comportement. Ainsi en Kanaky / Nouvelle-Calédonie il entend piétiner les acquis des luttes indépendantistes des années 1980 ; il a toléré, voire suscité, les violences de groupes armés paramilitaires et colonialistes, concentrant sa répression sur la jeunesse et le mouvement indépendantiste : après l’échec de la médiation entre indépendantistes et anti qui annonce de fortes tensions, il importe plus que jamais d’exiger le droit du peuple Kanak à l’indépendance et la libération des militant.es emprisonné.es. De même en Ukraine un ministre français s’est intéressé d’aussi près que Trump aux richesses du sous-sol du pays.

 Le pouvoir français applique de plus en plus la politique promue par le capitalisme industriel et financier mondialisé :

– avec l’extrême droitisation qui vaut aux responsables politique de laisser faire quand iels ne couvrent pas les exactions fascistes, la main mise sur les médias et éditions -y compris pédagogiques-  des patrons et officines d’extrême droite ; d’attaquer l’indépendance de la justice pour exonérer M. Le Pen de sa culpabilité ; de proposer des modes de scrutin favorables aux partis d’extrême droite. Au lieu d’empêcher de nuire les factions  fascistes, iels prétendent interdire la Jeune Garde antifasciste et Urgence Palestine. Dans un tel contexte la création d’une école patronale destinée à former les cadre de la réaction et l’appropriation d’une école de journalisme, ainsi que la couverture des crimes divers dans beaucoup d’établissements confessionnels par les politiques et par l’inspectrice générale actuellement DGSCO… pose avec encore plus d’acuité la question de la nationalisation laïque sans indemnités ni rachat des établissements privés.

– avec la militarisation de la société, les budgets en faveur du lobby militaro-industriel et de l’économie de guerre et leurs conséquences d’aggravation des politiques d’austérité. Et aussi avec l’embrigadement croissant de la jeunesse, hier avec la tentative de généraliser le SNU, demain avec un service civilo-militaire obligatoire concocté par Macron. La réponse syndicale doit être à la hauteur, en organisant dès le niveau local le refus du SNU, et des classes « défense », de tout retour du service militaire, et d’une façon générale de toute intrusion de l’institution militaire au sein de l’Education nationale. Et ce en cohérence avec les actions contre l’armement du génocide du peuple palestiniens des dockers ou de Stop Arming Israël ou du collectif contre la présence d’Israël au salon du Bourget, dans le soutien auxquelles, le syndicalisme doit-être plus présent.

Malgré son extrême fragilité le pouvoir politique renforce et multiplie les attaques contre les travailleurs-ses et la jeunesse. Les conditions de travail, d’emploi, de salaire et de vie des personnels de la Fonction publique sont particulièrement visées par les gels et annulations de crédits, les suppressions de postes, les menaces vis-à-vis des opérateurs et agences de l’Etat… S’y ajoutent La baisse de 10 % des rémunérations pendant les congés de maladie, l’attaque de l’abattement fiscal pour les retraité.es et le baise couillon de la protection sociale complémentaire, également catastrophique pour les retraité.es, en finit aussi avec les solidarités de revenus et familiales et expose la sécu à la rapacité des assurances privées, des fonds de pensions et du pouvoir macroniste. C’est le sens de tous les dispositifs envisagés par le gouvernement Bayrou pour faire adopter (par le Parlement ou un hypothétique référendum) un plan d’austérité de 40 milliards d’euros.

L’Éducation est sinistrée du fait du maintien du Pacte comme prétendue réponse au blocage des salaires, à la suppression des projets pédagogiques et éducatifs et au non remplacements et du choc des savoir comme pseudo remède à l’échec croissant organisé par Blanquer de la maternelle jusqu’à Parcoursup ; et aussi par le caporalisme pédagogique, l’autoritarisme croissant et la répression syndicale à l’égard de celles et ceux qui refusent toutes ces dégradations, comme aux collèges de Seine-Saint-Denis François Mitterrand et Jean Lolive. D’une façon générale, la politique éducative du gouvernement fait monter en flèche la souffrance professionnelle, les divisions et conflits entre les personnels, entre les personnels et les usager.es de l’école… ainsi que l’autoritarisme hiérarchique.

Apres le succès, en termes de dynamiques militantes contre la militarisation, des manifestations du premier mai,  il appartient au syndicalisme d’être en première ligne de la résistance à l’extrême droitisation et à la militarisation de la société en France comme dans le monde en militant pour unifier les luttes, d’abord au niveau revendicatif :

– titularisation immédiate et sans conditions de tou.tes les non titulaires

– augmentations uniformes 400 euros pour tou.tes ; échelle mobile des salaires ; maintien de la rémunération pendant les congés de maladie et suppression du jour de carence; indexation des retraites sur les salaires, maintien de l’abattement fiscal de 10 % pour les retraité.es.

– abrogation de toutes les réformes de l’Education de l’ère Macron et de Parcoursup, et création de tous les postes nécessaires dans les différents secteurs.

La situation impose en finir avec les « journées d’action » isolées dans le temps, ou secteur par secteur, qui contribuent à l’isolement des luttes et à leur échec. C’est d’un « Tous / toutes ensemble » dont le mouvement social a besoin, ce qui suppose d’en créer les conditions.  De même, les organisations syndicales n’ont rien à gagner à discuter dans des cadres verrouillés d’avance : « conclave » sur les retraites, discours catégorielles dans un cadre budgétaire inchangé qui ne peut mener qu’à des redéploiements de moyens, etc. le début de l’année 2025 a été marqué par l’attentisme des directions syndicales face à des mesures présentées à juste titre comme régressives, le mouvement syndical n’a plus de temps à perdre pour impulser des mobilisations à la hauteur des attaques.

Et aussi au niveau des dynamiques de luttes et des liens interpro, il faut associer les appels  intersyndicaux les plus unitaires (dans l’éducation, des éducateurs PJJ, des cheminots…), avec les mobilisations des collectifs qui se battent sur les terrains anticapitalistes et écologiques, internationalistes et anticoloniaux, antifascistes et contre la politique de Macron,  féministes, pour la jeunesse et contre les exclusions et bien sûr contre la répression et les violences policières, qui visent de plus en plus précisément les syndicalistes. Cela signifie un effort pour comprendre les différences de cultures militantes et de conception des luttes entre syndicats et collectifs de luttes.

L’auto-organisation, avec AG unitaires de base et coordinations aux différents niveaux, permet de favoriser cette complémentarité collectifs/syndicats. Il faut aller vers la disparition des manifestations « pseudo-unitaires », associant uniquement en fin de parcours des regroupements de structures militantes d’orientation plutôt radicale et d’autres d’orientation plutôt réformiste. Il faut travailler d’emblée à unifier dès l’appel l’ensemble des structures qui se battent pour le même objectif : combattre le capitalisme et ses sous-produits, le fascisme et la guerre.


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