Émancipation


tendance intersyndicale

ACCUEILLIR TOUTES LES DIFFÉRENCES À L’ÉCOLE…

AVEC TOUS LES MOYENS

Dans le cadre de la grande consultation initiée par le SNUipp « Inclusion : Oui ! Mais pas comme ça », Émancipation souhaite mettre en avant ses propositions détaillées issues d’une réflexion approfondie sur ce thème lors de notre « Semaine » de l’été dernier.

Au moins 7 % des jeunes en âge d’être scolarisé.es sont considéré·es comme handicapé.es, 20 % sont « accompagné.es » dans des établissements et services médico-sociaux les autres sont scolarisés dans les établissements scolaires du premier et du second degré, essentiellement du Public.

Les trois quarts le sont dans des classes ordinaires. Les enfants des établissements spécialisés sont très rarement (ré)orienté.es vers les établissements scolaires. La réussite de l’inclusion concerne donc la très grande majorité des jeunes à besoins particuliers et doit-être étendue aux jeunes désireux -ses de quitter les établissements spécialisés. Depuis 2005 et la loi qui institue l’inclusion scolaire, les diverses réformes n’ont, pour la plupart, fait que contribuer à dégrader les conditions d’accueil des élèves en situation de handicap. Cette situation provoque une grande souffrance des élèves inclus·es, des familles, mais également des personnels, autant dans l’Éducation Nationale que dans les structures spécialisées.

Remettre en question les structures spécialisées et interroger l’adaptation de l’école

Le positionnement revendicatif apparaît rapidement insuffisant dès lors qu’il se focalise sur les questions de statut et de moyens, sans remettre en question l’organisation et les structures spécialisées telles qu’elles existent aujourd’hui, et sans interroger l’adaptation de l’école à l’accueil et à l’éducation des enfants et des jeunes à besoins particuliers.

Il est donc essentiel d’interroger la nature validiste de l’école actuelle, mais aussi de procéder à un panorama critique des structures qui interviennent dans la prise du handicap pour aboutir à des revendications de transformation de l’école et de la prise en charge des enfants à besoins spécifiques.

Il faut également rappeler que depuis ses origines, l’école publique n’a jamais été conçue pour accueillir tout le monde ; et les personnels ont dû se battre contre cette logique. Dès sa création, le système capitaliste a inventé des outils (tests) pour trier les enfants. Et il a toujours œuvré à renforcer sa fonction la reproduction des élites sociales, s’appuyant à la fois sur la sélection par l’empilement des savoirs académiques et sur la conformité à une norme. Cette norme est notamment celle des personnes valides, avec une idéologie validiste qui considère que la personne handicapée est une personne amoindrie, inférieure à une personne normale et peu ou pas « rentabilisable » pour l’exploitation de sa force de travail.

De fait, le placement des élèves relevant du handicap ou des besoins spécifiques constitue une mise à l’écart de l’école et de l’ensemble de la société, bien souvent à caractère définitif, sans retour possible vers le système éducatif et vers une vie sociale ouverte.

La prise en charge du handicap est aussi un marché, occupé par une pléthore de structures aux statuts très variés. Certaines sont publiques, mais la plupart sont des associations de statut privé, bénéficiant d’un agrément, parfois d’une délégation de service public. Cela signifie pour les personnels une grande disparité de statuts, des conditions de travail difficiles, et pour beaucoup, précarité et renouvellement fréquent des équipes.

En plus dans de nombreuses structures, les jeunes acceuilli.es sont victimes de maltraitance.

Pour Émancipation, il est indispensable de porter des revendications pour une transformation profonde de la prise en charge du handicap, aussi bien sur le versant médico-social que sur le versant Éducation Nationale, dans la perspective d’une société débarrassée du capitalisme et d’une école émancipatrice pour toutes et tous.

Mais si la revendication d’une école réellement inclusive ne peut s’envisager en dehors du cadre d’une transformation totale de l’école, du système éducatif et des pratiques pédagogiques, des mesures d’urgence amélioreraient beaucoup les choses. C’est dans cette perspective que nous portons un certain nombre de revendications listées ci-dessous.

Des mesures d’urgence

Dans l’immédiat, il est indispensable d’augmenter substantiellement les moyens en personnels et budgétaires des classes ULIS et des SESSAD, de renforcer les RASED (avec partout des équipes pluridisciplinaires complètes), de mettre en place un plan pluriannuel ambitieux et de grande ampleur de recrutement massif et mise en place d’un plan de formation initiale et continue :

  • pour les AESH qui doivent avoir un statut de titulaire de catégorie A, avec des maximas de service à 24 heures à temps complet, sans temps partiel imposé et titularisation dans ce cadre de tou.tes les AESH en poste, sans condition de concours, ni de nationalité. Suppression des PIAL.
  • pour tous·tes les enseignant·es de la maternelle à l’université.
  • pour des enseignant·es spécialisé·es, des rééducateur·trices, des psychomotricien.nes, des orthophonistes, psychologues et des personnels médicaux et sociaux pouvant intervenir à tous les niveaux d’enseignement.

Il faut aussi revendiquer à court terme :

  • La réduction des effectifs à tous les niveaux d’enseignement pour que l’intégration des élèves à besoins particuliers puissent se dérouler dans des collectifs de vie scolaire incluants, avec le principe de double inscription de ces élèves à besoins particuliers permettant d’alterner des phases en classes ou au sein de groupes dédiés, sur décision des équipes éducatives (comme cela se pratiquait normalement pour les UP2A).
  • Pour le faible nombre d’élèves dont les besoins en personnels spécialisé.es médicaux et sociaux dépassent les capacités de réponses d’équipes pluridisciplinaires complètes, des partenariats avec les structures publiques de santé (hôpitaux, dispensaires…) pourraient être envisagés.
  • L’aménagement du bâti scolaire pour tous les élèves et particulièrement pour répondre aux contraintes d’accueil des élèves en situation de handicap, ainsi qu’à l’accueil des familles.
  • La possibilité d’associer les parents désireux à des formations

Ces propositions ne sont en rien « utopiques » si on met en regard son coût avec les dépenses prévues pour « l’économie de guerre » et les budgets engloutis dans les plans de programmation militaire. Par ailleurs les cadeaux au patronat, aux laboratoires pharmaceutiques et aux assurances privées se chiffrent par milliards. De plus, ils fragilisent la Sécurité Sociale, essentielle pour une véritable inclusion ».

A moyen terme : Au fur et à mesure que les établissements publics sont dotés de moyens suffisants en personnels locaux et moyens budgétaires, les établissements spécialisés doivent fermer, à commencer bien sûr par ceux où la maltraitance est avérée.

A plus long terme :

Les établissements médico-sociaux doivent être nationalisés, au même titre que les établissements d’enseignement privé confessionnels, commerciaux et patronaux (qui ne scolarisent pratiquement pas d’enfants à besoins particuliers) avec intégration des personnels laïcs à la Fonction Publique, ces établissements devant devenir des communautés scolaires d’intégration et perdre leur fonction de structures de relégation.

Ces nationalisations doivent se faire sans indemnités ni rachat pour permettre de dégager les énormes financements nécessaires à l’inclusion et à l’amélioration des conditions d’enseignements pour tous les jeunes.

La commission issue du débat à la Semaine de La Bussière sur l’inclusion scolaire.


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