Émancipation


tendance intersyndicale

Ne donnons pas raison aux faiseurs de guerre

La guerre d’agression de Poutine contre l’Ukraine a rencontré une forte résistance de la part du peuple ukrainien, soutenu par les puissances occidentales, qui ont fourni une aide financière sous forme de prêts mais aussi leurs armes réformées, et testé les nouvelles sur un vrai « théâtre de guerre », pour contenir l’expansionnisme russe…

Les positions au sein de la gauche et du mouvement ouvrier sont très diverses, Emancipation ne saurait cautionner les errements :

– de celles et ceux qui défendent les positions de Poutine ;

– des « campistes » qui persistent à ne combattre que l’impérialisme US ;

– de celles et ceux qui choisissent avant tout de revendiquer des livraisons d’armes massives et cautionnent l’augmentation des budgets militaires et la relance de l’industrie de guerre, auprès de gouvernements qui n’agissent que pour la défense de leurs intérêts stratégiques et économiques bien compris.

Le retour au pouvoir de Trump, représente des intérêts de certaines parties du capitalisme américain (voire international) désireux de stopper son déclin, aggrave encore cette situation. En effet il reprend les positions de Poutine, joue avec le soutien au niveau militaire et du Renseignement dans des moments clé pour le conflit. Il est prêt à négocier la vente à la découpe de l’Ukraine et n’oublie surtout pas de s’enrichir encore plus sur le dos des ressources minières de l’Ukraine au titre d’un supposé passif de l’équipe Biden. Ajoutés à ses prétentions d’extension territoriales qu’il partage avec Poutine et aussi avec la Chine, à sa levée du « parapluie sécuritaire » américain pour l’Europe, à son protectionnisme, à sa fermeture des frontières et à son arrêt de l’aide humanitaire, ces diktats ont pour résultats :

– d’achever de décrédibiliser le concept de droit international, que l’ONU ne fait pas grand-chose pour appliquer, plus sensible à la loi du plus fort.

-d’aiguiser les appétits de impérialismes russes, chinois, de leurs vassaux et des puissances émergentes, pour beaucoup dirigées par des autocrates, comme l’Inde ou l’Argentine.

– d’accélérer la constitution d’un impérialisme autonome supplémentaire, l’Union européenne ainsi que sa militarisation à marche forcée tous azimut, prétexte à renforcer considérablement l’austérité et les attaques contre les droits sociaux. Loin de garantir une quelconque indépendance face à l’impérialisme US, cette militarisation correspond aux exigences de Trump concernant l’augmentation des dépenses militaires des Etats de l’OTAN

Quid hic et nunc de la lutte anti-guerre et de la solidarité internationale ?

Dans le maelström de prises de positions hâtives pour un militarisme accru ou à l’inverse pour une « paix » qui donne l’avantage aux occupants russes (alors que le retrait des troupes russes des territoires occupés est une condition d’une véritable paix) il est bon de rappeler les fils à plombs syndicalistes : l’opposition irréductible au militarisme et à l’armée en tant que corps constitué,  au nationalisme et au chauvinisme sous toutes leurs formes, à l’embrigadement de la jeunesse que ce soit par un SNU relooké façon service militaire, ou toutes les immixtions de l’armée dans les classes, aux « économies de guerre » qui préparent les boucheries et permettent d’imposer l’austérité, la casse des droits sociaux et politiques, ainsi que le contrôle social. Les lobbies militaro- politico-industriels de la fabrication, du commerce des armes, de l’armement du pays et du nucléaire militaire doivent être dénoncés et combattus, particulièrement quand ils alimentent des conflits contre les peuples ou les guerres coloniales, notamment par le soutien à la campagne Stop Arming Israël, au blocage ouvrier des fabrications et transports d’armes ou de composants.

Pour Emancipation, la lutte contre le militarisme et le « réarmement » nécessite en particulier :

– le regroupement dans le cadre de collectifs unitaires locaux des courants et militant.es souhaitant s’opposer au militarisme, au « réarmement » et à l’augmentation des budgets militaires (« Guerre à la guerre », collectif anti SNU, Union Pacifiste, Libre Pensée…)

– l’action sur les lieux de travail, pour s’opposer en actes à la militarisation, à la montée du nationalisme et à l’endoctrinement. Dans l’Education, les enseignant.es doivent s’organiser avec leurs structures syndicales dans ce but : refus des partenariats divers avec l’institution militaire, contenus éducatifs refusant le nationalisme, production de matériel pédagogique et syndical indépendant de l’institution…

Contre les impérialistes, les guerres, la solidarité internationale politique et concrète avec les peuples colonisés, envahis, victimes d’oppression, de guerres, de génocides est la meilleure réponse à la fois aux menées impérialistes des États-Unis pour tenter d’imposer leur hégémonie mondiale, et des nouveaux impérialismes comme ceux de l’Etats russe (qui en profite pour empêcher toute oppositio) et chinois qui veulent concurrencer la puissance américaine pour étendre leur propre domination capitaliste et leur territoire. A chaque fois la boussole est le soutien intransigeant aux peuples opprimés. A l’opposé, les réseaux de solidarité internationaux, de solidarité et de lutte, comme le RISIL, dont fait partie Émancipation Tendance Intersyndicale, doivent permettre d’opposer des projets cohérents pour résister à l’oppression, produire, échanger et consommer autrement. Et pour que l’ensemble des peuples vivent décemment en maîtrisant la gestion de ses ressources, les risques technologiques et militaires et en préservant l’environnement et la paix.

Une telle solidarité internationale concrète passe par :

– la dénonciation par toutes les voies possibles (manifestations, medias…) des agresseurs et l’affirmation du soutien aux peuples agressés.

– le soutien à la résistance des peuples opprimés par des convois de solidarité, des collectes de fonds afin qu’ils puissent déterminer et financer les formes de résistance à l’oppresseur qu’ils jugent les plus adaptées : campagnes de résistance passive, de propagande, de luttes ouvrières contre leur propre pouvoirs, contre l’état de guerre et la restriction des libertés et des droits sociaux, achat ou fabrication des éléments permettant de résister. L’objectif étant de ne plus dépendre de soutiens essentiellement militaires intéressés, inadaptés et à géométrie variable.

– accueil et soutien aux exilé.es des pays concernés. Accueil et soutien aux exilé.es, résistant.es et dissident.es des pays agresseurs. Aucune personne ne doit être obligée à faire la guerre et à mourir « pour la patrie », qu’elle soit russe ou ukrainienne. Le mouvement ouvrier français doit organiser la solidarité avec les éxilé.es et déserteurs russes.

– campagnes de boycott vis-à-vis de l’Etat agresseur et de dénonciation des Etats qui le soutiennent, d’autant plus efficaces si elles se mènent y compris contre le capitalisme dans notre propre pays, et tou.tes celles et ceux qui font son jeu : « S’il faut se préparer à faire la guerre, on ne peut pas le faire avec un monde du travail qui n’est pas en paix » (Marylise Léon, Secrétaire générale de la CFDT).


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