Les lecteurs et lectrices qui auront lu nos articles précédents l’auront compris : Emancipation n’était pas au congrès de la FSU le dernier jour.
Traditionnellement, le dernier jour du congrès est celui où on parle de l’action. C’est aussi… le dernier jour, quand beaucoup de congressistes pensent à repartir chez eux / elles. Autant dire que parfois, le débat sur l’action est quelque peu formel. C’est pourquoi Emancipation (et d’autres) demande souvent que le débat sur l’action, si on le prend au sérieux et si on veut que le congrès s’en saisisse, ne soit pas placé le dernier jour.
Les congrès de la FSU – et des syndicats en général – peuvent toutefois faire l’objet de débats passionnés quand la situation y pousse : c’était le cas lors du congrès de décembre 2019, en pleine lutte pour le retrait de la contre-réforme des retraites. Mais il arrive aussi que les congrès syndicaux ne se préoccupent que marginalement d’action et de lutte : c’est le cas cette fois-ci. Si le texte « action » de la direction fait 8 pages, il se contente pour l’essentiel de décrire la situation et de soutenir les mobilisations déjà programmées dans divers secteurs (22 mars, 8 mars, etc.). Avec au détour d’une phrase un soutien très rapide aux mobilisations étudiantes (les ignorer totalement serait quand même un peu « gros »). Il se conclue par ce que veut faire la direction de la FSU : « La FSU s’adresse à ses partenaires syndicaux et associatifs pour construire dans l’unité les luttes sociales qui s’imposent dans cette période lourde de dangers mais aussi riche de possibles. Elle appelle les agent.es de la fonction publique à se tenir prêts à la mobilisation et à la grève face aux conséquences du budget d’austérité, pour l’abrogation de la réforme des retraite, l’augmentation du point d’indice et les services publics. »
… donc même une journée d’action reste très hypothétique. Le syndicalisme de la fonction publique est donc sur le point de laisser passer un plan d’austérité décrit par tout le monde comme très grave, sans une seule journée de grève. Autant dire qu’il est indispensable que la lutte parte « d’en bas », car « en haut » il risque de ne pas se passer grand-chose !
Au final cela est cohérent avec la frilosité constatée par rapport aux mobilisations étudiantes comme cella qui avait lieu au même moment à Rennes. C’est pourquoi nous reproduisons ci-dessous le texte que l’AG étudiante avait décidé en direction du congrès de la FSU (et qui donc n’aura même pas été lu ni distribué). Par ailleurs, Emancipation avait proposé un texte « action » en alternative à celui de la direction de la FSU, ainsi qu’une motion spécifique pour que la FSU s’implique dans la campagne « Désarmer Bolloré ».
Enfin, mais cela est largement connu donc ne nécessite pas de commentaire, le Conseil national a élu la nouvelle secrétaire générale de la FSU, Caroline Chevé (secrétaire départementale sortante de la FSU 13).
Adresse de l’AG étudiante de Rennes au congrès de la FSU
(lettre ouverte à l’adresse des organisations syndicales, lues le jeudi 6 février par un étudiant, mandaté par l’AG des étudiant.es, devant les bâtiments où se déroulait le Congrès de la FSU de Rennes. Le congrès accueillait au même moment d’illustres invitées : la Secrétaire générale de la CGT et des membres de Sud Education venu.es représenter Solidaires)
Bonjour camarades.
Nous sommes une délégation envoyée par l’AG de Rennes 2. On se mobilise depuis 3 semaines contre des plans d’austérité prévus par la Présidence de Rennes 2, sous-traitante des coupes budgétaires des gouvernement successifs, comme avec la fermeture de l’Enseignement à Distance, la réduction de places, voire la suppression de formations, le gel des postes, fermeture de campus délocalisés…
Plus de 500 en AG à Rennes 2, occupation, blocage, manifestation, rassemblement partout en France. Le mouvement prend une ampleur nationale.
Ainsi, vous constatez comme nous l’offensive patronale destructrice contre le service public.
A la fac comme ailleurs dans les services publiques, il s’agit de dégrader les conditions de vie, de travail et d’accès, pour justifier ensuite de leur privatisation. L’hôpital, l’université, l’école, la culture sont en crises.
Soyons claires. Cela participe aussi à une mise au travail de la jeunesse, la fin de l’embauche en service civique, la complexification d’accès au RSA, la sélection avec MonMaster et Parcoursup, la réforme du bac pro. Ces mesures de tri social créent une main d’œuvre non-formée, corvéable, isolé dans des contrats précaires, et/ou en interim, soumise aux caprices du patronat et des intérêts privés.
Tout cela sans pouvoir lutter, car isolé. Ainsi les fac sont fermées aux prolos, et ouvertes aux bourges.
On le dit depuis le début de notre mobilisation, tout ça s’inscrit dans un contexte générale d’attaque, où les actionnaires du CAC 40 ont reçu plus de 100 milliards de dividende, alors que le Pays de la Loire réalise une baisse de 70% des moyens pour la culture, 100% en Hérault, un budget des plus austéritaires, vient de passer en 49.3, ce qui va engendré des licenciements dans le publique et le privée par centaine de milliers, et 630 millions en moins pour l’ESR, camarades.. Le chômage, la crise, devient une aubaine, pour le patronat, qui va pouvoir baisser les salaires, augmenter le temps de travail, et mettre en concurrence les travailleur.es.
Ainsi de l’argent il y en a dans les poches du patronat. Mais aussi pour la répression et l’armée (400 milliards !).
Or camarades, la présidence de l’Université, POURTANT syndiquée FSU, pratique non-seulement des mesures d’austérité à Rennes 2, mais organise la répression du mouvement, en condamnant la mobilisation, en fermant les bâtiments, jusqu’aux bâtiments associatifs et la Bibliothèque Universitaire et en passant tout les cours en distance, de manière illégale et arbitraire.
DE PLUS, La fac désigne la mobilisation comme responsable de la fermeture des locaux, elle nous rend responsable de la répression qu’elle organise. Quel cynisme, quel CULOT !
La PRESIDENCE syndiquée chez vous, ne doit pas appliquer l’austérité, et organiser la répression à l’Université. Notre objectif est de mettre en lumière ses contradictions. Elle doit se positionner clairement en faveur de la mobilisation.
Camarades, ce n’est qu’avec un mouvement large, uni et déterminé, que nous obtiendrons satisfaction. C’est pourquoi répondez à l’appel à la mobilisation du Mardi 11 Février et à nous rejoindre à la manifestation dès maintenant.