Émancipation


tendance intersyndicale

Congrès de la FSU thème 4 : Le syndicalisme

Le vrai titre de ce thème traditionnel est : « Pour une FSU combative, unitaire et engagée au quotidien »… bon, le mot « combatif » est peut-être un peu exagéré dans le moment présent (voir notre article sur la fin de congrès et l’action).

Le thème sur le syndicalisme est celui avec lequel Emancipation a le plus de désaccord, car il synthétise une vision de ce qu’est la lutte syndicale, ce qu’est le capitalisme etc. Unité & Action et Ecole Emancipée s’accordent sur des aspects centraux avec lesquels nous sommes en désaccord :

– la défense de l’appareil syndical, y compris face à des mouvements qu’il ne contrôle pas (et donc y compris face à l’auto-organisation).

– le syndicalisme des journées d’action sans lendemain, du « dialogue social » et institutionnel.

– la FSU comme cartel de syndicats nationaux souverains et catégoriels.

Autant dire qu’il n’y a pas eu beaucoup de surprises, par exemple Emancipation est la seule composante à défendre la transformation de la FSU en fédération de sections locales regroupant toutes les catégories de personnels sur les lieux de travail (« fédération d’industrie » dans le langage du mouvement syndical). C’est ainsi d’ailleurs que fonctionnent d’autres syndicats (dans l’Education ou ailleurs), l’organisation en syndicats nationaux catégoriels n’a rien de naturel.

S’il n’y a pas eu beaucoup de surprises, en revanche il y a eu des éléments notables. Tout d’abord, évidemment la conscience très aiguë du danger représenté par l’extrême-droite (un « zoom » sur cette question a d’ailleurs été débattu).

Ensuite, la grande question du « nouvel outil syndical ». Le rapprochement entre la FSU, la CGT (et parfois Solidaires) est évoqué depuis pus d’un dizaine d’années, cette fois-ci il semble que la direction de la FSU soit plus volontariste. Mais d’une part, on ne voit pas toujours très bien comment cela peut prendre forme concrètement à la base : il est toujours question d’une « maison commune », sans « fusion » ni « absorption ». Même des listes communes aux élections professionnelles apparaissent comme très hypothétiques. D’autre part, cela pose bien entendu une autre question : sur quelle orientation syndicale ?

Quoi qu’il en soit, la question a été largement au centre de l’intervention de la secrétaire générale de la CGT. Cette dernière, bien que très générale sur le fond, a fait l’objet d’une ovation (agrémentée de vers de « L’Internationale »).

Enfin, la question du rapport au politique. La direction de la FSU (« Ecole Emancipée » encore davantage qu’Unité & Action) ne s’en cache plus : elle revendique une association permanente avec le « Nouveau Front Populaire » (ou ce qu’il en restera…) en vue d’une alternance électorale « de gauche » en 2027. Ce genre de meccano revient bien entendu à brader l’indépendance syndicale, et de plus a déjà donné des résultats catastrophiques dans le passé pour les travailleur.es. De surcroît, il ne s’agit bien entendu pas de mettre en place des « espaces » (terme choisi)

On notera par ailleurs quelques évolutions ; par exemple le congrès de la FSU considère maintenant que l’organisation de caisses de grève est à la fois possible et utile (en 2019 encore, il répondait « non » à ces deux aspects) ; la possibilité de réunions non-mixtes de syndiqué.es est admise de manière contournée. De même le lien avec des mouvements sociaux non-syndicaux (mais sous une forme très institutionnelle : des cartels d’organisation par en haut).eDans cette situation, les interventions d’Emancipation ont porté sur la nécessité de développer un syndicalisme qui sache organiser les convergences avec les luttes à la base (gilets jaunes, soulèvements de la Terre, etc.), qui s’appuie sur l’auto-organisation (AG souveraines), qui soit attentif aux oppressions. Et ont montré la nécessité de dépasser la structuration de la FSU en syndicats catégoriels souverains, dans le cadre d’un processus d’unification syndicale… pour aboutir à une confédération unitaire et démocratique des travailleur.es fondée sur l’indépendance syndicale, la lutte des classes et la droit de tendance.

Enfin, pour ce congrès Emancipation avait discuté avec la tendance « Pour un syndicalisme de combatif » (qui apparaît en tant que telle dans le SNESUP). Nous avons été d’accord pour présenter deux motions en commun, dont une dans ce thème : pour refuser l’admission d’un syndicat de police au sein de la FSU !

Intervention Emancipation : féminisme et réunions non-mixtes

Intervention Emancipation : fédération d’industrie et unification syndicale

(voir le texte de l’intervention dans cet article)

Intervention Emancipation / Pou un syndicalisme de combat : « syndicats » de police

Les 12 et 13 mars 2024, le Conseil national a entériné un protocole proposé par l’exécutif fédéral avec une organisation de policiers, le Syndicat national intérieur police nationale. Dans une société divisée en classes, le syndicalisme est une composante du mouvement ouvrier qui vise à défendre les exploités, la majorité de la population. Dans une société divisée en classes, la police est un des instruments de répression de l’État de la minorité exploiteuse. Sans oublier le rôle de la police française dans le génocide des Juifs et des Tziganes sous Pétain ou dans le massacre des ouvriers algériens sous de Gaulle, rappelons qu’en 2018-2019, la police et la gendarmerie ont blessé 1 700 Gilets jaunes (dont 94 grièvement) et que le premier mai 2019, la police ou la gendarmerie ont attaqué le service d’ordre de la CGT à Paris. En 2023, la police et la gendarmerie ont violemment réprimé les manifestants qui défendaient le droit à la retraite (5 mutilés), ainsi que des journalistes.

La police, la douane et la gendarmerie mènent en permanence la chasse aux réfugiés et aux travailleurs étrangers.

C’est pourquoi, par le biais de primes conséquentes, leur rémunération n’a rien à voir avec celle des autres fonctionnaires de même qualification. C’est pourquoi leur âge de départ à la retraite est bien plus avantageux que celui des travailleuses et travailleurs salariés. C’est pourquoi l’austérité budgétaire fait toujours une exception pour l’armée et la police. C’est pourquoi, en juin 2024, les policiers et les militaires ont voté à 60 % pour les partis fascisants (RN, Reconquête et LR ciottiste) dont la cible est non le capital, mais une partie des travailleurs.

Les syndicats de travailleurs de l’enseignement public et de la santé publique se confrontent aux gouvernements non seulement pour leurs légitimes revendications mais aussi pour le droit à l’instruction et aux soins des autres travailleurs. Ils sont des piliers de la défense des libertés démocratiques, de la lutte contre le racisme. À l’opposé, les organisations de policiers (abusivement appelées syndicats) réclament toujours plus d’effectifs et de moyens matériels pour la répression, exigent la restriction du contrôle des juges et le recul des libertés démocratiques.

Par conséquent, le congrès national rejette toute association et à fortiori toute adhésion du SNUIPN ou de toute autre organisation de policiers. Le congrès s’adresse aux confédérations syndicales (FO, UNSA, CGT, CFDT, SUD) pour qu’elles en fassent autant et qu’elles organisent de façon concertée la protection des manifestations, des réunions, des assemblées générales, des réfugiés, des travailleurs et étudiants étrangers.


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