Du 3 au 7 février 2025, la FSU tenait son congrès national à Rennes, en pleine mobilisation des étudiant·es et de personnels de l’université Rennes 2 contre l’austérité budgétaire, décidée par les gouvernements Barnier et Bayrou et appliquée par la présidence FSU qui a fermé l’université.
Fidèle à sa tradition de soutien aux luttes locales, parfois relayées par les congrès, Émancipation a pris contact, par l’intermédiaire de ses militant·es breton.nes, avec des étudiant·es et des personnels investi⋅es dans le mouvement . Des étudiant·es ont invité les militant·es d’Émancipation à l’AG du mardi 4 février où devaient se décider les actions du 6 février.
Désireuse de faire de cette invitation à l’AG étudiante l’affaire du congrès dans sa diversité, Émancipation a informé la direction de la FSU, ainsi que l’ensemble des congressistes dès l’ouverture du congrès, le lundi 3 février. Émancipation a demandé des modifications de l’ordre du jour pour que celui-ci intègre les dates étudiantes et que soient proposées différentes modalités pour soutenir le mouvement (cf Les interventions d’Émancipation pour le soutien à la mobilisation étudiante au congrès national de la FSU de Rennes).
Le Secrétaire général Benoît Teste, devant le congrès n’a pas repris ces propositions, sauf si la manifestation du 6 février était représentative. Plusieurs pistes ont été évoquées avec lui par la suite : sortie des congressistes qui souhaitent soutenir la manifestation, accueil d’une délégation d’étudiant·es qui pourrait s’exprimer devant le congrès…

Le mardi 4 février, en connaissance de cause, le quotidien du congrès publiait pourtant l’interview d’un responsable syndical étudiant ne faisant aucune allusion à la mobilisation engagée deux semaines plus tôt. Émancipation a alors diffusé un flyer pour un départ groupé à l’AG de Rennes 2. Face au silence des responsables FSU locaux et nationaux concernant la démarche, aucun.e délégué.e des autres tendances n’a fait le déplacement. C’est à la demande d’étudiant.es et au titre de délégué·es de la tendance Émancipation que les présent·es sont intervenu·es dans l’AG étudiante de Rennes 2, en soutien de la lutte, expliquant les demandes qu’il avaient fait devant le congrès en matière de liens potentiels entre le congrès et la mobilisation. Iels n’y étaient pas seul·es, puisqu’un représentant de la FSU 35 et un du SNESUP-FSU, membre du CA de l’université, y sont intervenus en premier, sans mentionner la tenue du congrès FSU, ni a fortiori un quelconque soutien de sa part.
Le lendemain, mercredi 5, des délégué·es d’Émancipation se sont rendu·es à l’AG, des personnels qui les avaient invité·es. Iels sont intervenu·es sur les mêmes bases que la veille. Ce même mercredi, les étudiant·es de l’équipe d’animation de l’AG ont décidé en fin d’après midi d’appeler le 6 à une manifestation passant devant le congrès FSU. Ils souhaitaient appliquer leur mandat de renforcer les liens et le soutien avec les travailleur·euses et tout particulièrement avec les personnels de l’éducation, touché·es elleux aussi de plein fouet par les mesures d’austérité budgétaires du gouvernement Macron-Bayrou.
Le mercredi 5 et jeudi 6, Émancipation a répercuté les informations qu’elle obtenait sur la mobilisation auprès de la direction de la FSU, puis du congrès . La tendance a de nouveau insisté pour que l’option de réception d’une délégation étudiante, précédemment envisagée par le Secrétaire général, soit choisie. Ce dernier a annoncé au congrès qu’une trentaine de congressistes, avec lui-même et la Secrétaire générale du SNESUP, accueilleraient les étudiants à l’extérieur des bâtiments du congrès.
Une heure avant la venue du cortège étudiant, lors de la préparation de ce groupe d’accueil, Emancipation est à nouveau intervenue pour qu’une délégation étudiante de 2 ou 3 personnes puisse être entendue par le congrès, ce qui était la meilleure garantie pour que les choses se passent bien et a aussi demandé que le groupe d’accueil dispose de bannières, de badges, autocollants identifiant la FSU, ce qui n’avait même pas été prévu ! Les organisateur·ices de la section départementale 35 n’ont trouvé que 3 bannières et un mégaphone trop peu puissant pour accueillir et s’adresser efficacement à la manifestation. Qu’en conclure ?

En plus de l’heure et du lieu d’arrivée de la manif, Émancipation répercutait des informations et des photos sur l’aspect organisé et tranquille du cortège. Il s’agissait d’une manifestation à laquelle participait des syndicats étudiants et de personnels de l’Université, FSU et Solidaires, désireux de donner une visibilité à leur mouvement. Nous déplorons que l’équipe en charge de l’accueil des étudiants et des personnels de Rennes 2 – décision pourtant validée par le secrétariat général – se soit focalisée sur l’aspect sécuritaire de cette rencontre, au détriment de sa dimension syndicale et politique.
A l’arrivée devant le lieu du congrès, un personnel mobilisé de l’Université a pris la parole demandant des dates nationales de mobilisation pour permettre le développement de la lutte. Les étudiant⋅es, pour leur part, avaient annoncé qu’iels étaient mandaté·es pour lire devant le congrès une déclaration préparée collectivement. Les étudiant·es ont été dépité·es de devoir se contenter de la lire devant trente personnes de la FSU. Émancipation est intervenue pour, qu’à minima, cette déclaration soit lue devant le congrès, ce qui a été promis devant les manifestant·es … mais n’a finalement pas été fait. Ce non respect de la parole donnée publiquement s’explique peut-être par la mise en cause de la présidence FSU et de ses pratiques répressives du mouvement (cours en distanciel et dénonciation abusive des occupant·es des locaux pour fermer l’université).
La Secrétaire générale de la CGT et les porte-paroles de Solidaires présentes dans le congrès pour discuter de la maison syndicale commune, n’ont pas été invitées dans la délégation prévue pour rencontrer les étudiant·es et les personnels. Le soutien aux mobilisations de terrain n’est pas encore un fondement de cette maison commune. Toute cette séquence n’a pas vraiment donné une vision d’un accueil militant et solidaire des étudiant⋅es et travailleur -euses par la fédération syndicale qui se vante d’être le plus proche de la jeunesse. Elle s’est déroulée dans une atmosphère sécuritaire, de citadelle prétendument assiégée par les étudiant·es. Le service d’ordre syndical s’est interposé entre un groupe d’environ 10 manifestant·es qui ont voulu forcer une porte que les vigiles avaient pourtant eu le temps de fermer, tout cela entraînant une regrettable mais évitable altercation. Face à cette réaction, le même groupe a inscrit « Précarité généralisée » et « FSU vendu » sur les murs extérieurs du congrès avant de repartir avec la manifestation.

Des membres de l’organisation de la FSU, parfois avec des discours haineux et n’écoutant aucune clarification, ont prétendu qu’Émancipation était à l’origine des difficultés rencontrées : que ses militant·es avaient prétendu être mandaté·s par le congrès, qu’ielles avaient poussé les étudiant·es à des actes inconsidérés… Il n’en est rien. Devant un tel fiasco pour la FSU, mais surtout pour la mobilisation étudiante, Émancipation est fière d’avoir apporté un soutien clair aux étudiant·es et personnels mobilisé⋅es, sans aucun abus par rapport à la démocratie de la FSU, dûment informée à ses différents niveaux et en temps réel des dispositions décidées en AG par les étudiant·es. Soutien qui contraste avec celui du bout des lèvres d’une FSU, timorée et représentée surtout par son service d’ordre.
Tout cela rend d’autant plus abjecte la suite de cette piteuse phase du congrès FSU. Le soir à la fin des débats, alors que le message des étudiant·es n’avait toujours pas été lu, deux militant·es du 35, annonçant agir avec l’accord du secrétaire général sortant, ont présenté Émancipation comme responsable de leur échec, recourant au mensonge sur la réalité de sa démarche et de sa communication. La responsable du CA-orga national a ajouté à l’ambiance tétanisée en enjoignant les délégué·es ne surtout pas sortir badgé·es afin de ne pas se faire agresser. Plus grave encore, et inconcevable dans un syndicat soucieux par ailleurs du contradictoire et du droit à se défendre, il n’a été prévu aucun temps d’intervention pour qu’Émancipation puisse répondre publiquement à cette charge violente, que beaucoup de délégué·es n’ont pas comprise. Et pour couronner cette indignité entre personnes qui sont censées se battre ensemble et se donnent du « camarades », une véritable ovation a été lancée dans la salle, privant Émancipation de toute possibilité de réponse au congrès.
La tendance Émancipation est une des plus active dans l’opposition à l’orientation de la direction École Émancipée /Unité&action, par ses prises de position et ses votes dans les instances et congrès ainsi par son activité en soutien aux luttes auto-organisées. Vouloir la faire taire, particulièrement sur l’auto-organisation, participe donc d’une des remises en cause les plus efficaces du droit de tendance au moment où se pose la question de la maison commune avec la seule CGT, qui ne reconnaît pas le droit de tendance. D’ailleurs l’École Émancipée est en pointe dans les attaques sur le droit des tendances quand il ne s’agit pas du sien. La dernière en date étant l’affirmation par les EE du bureau national de l’inutilité des 3 tendances ne participant pas à l’exécutif de la FSU, dans son journal distribué aux congressistes (cf Droit de réponse à un article inacceptable de l’EE) . Émancipation a été la seule tendance à dénoncer cette attaque dans le congrès, ce qui n’est certainement pas étranger au fort investissement de la plupart des déléguées EE dans l’ovation pour faire taire la tendance Émancipation.
Sidéré.es que de telles pratiques soient encore possibles dans une fédération qui a fait du pluralisme sa vitrine, gravement diffamé·es et désireux·euses de se consacrer plus efficacement au soutien des mobilisations du supérieur et des luttes en général, ce qui n’a pas été possible lors de ce congrès (rappelons qu’ un simple amendement, soumis par Émancipation, proposant de rétablir les repas étudiants à 1 euro, n’a pas été soutenu par la direction), les délégué⋅es Émancipation saisissent les instances d’Émancipation Tendance intersyndicale pour répondre à la hauteur et par les voies qui s’imposent.
Dans l’immédiat iels exigent :
- Une mise au point de Benoit Teste Secrétaire général sortant qui a géré les échanges avec Émancipation et n’a pas réagi devant les développements de cette affaire.
- La publication d’un droit de réponse dans Pour, le bulletin de la FSU 35, les Revues de l’École Émancipée et d’Unité et Action, pour rectifier autant que faire se peut le tort fait à Émancipation devant le congrès national de plus de 700 délégué·es venant de toutes les SD, tous les SN et toutes les tendances, sans oublier les invité·es nationaux -ales et internationaux -ales.