Émancipation


tendance intersyndicale

Ouverture du congrès de la FSU (03/02/25) : la nécessité d’une perspective anticapitaliste en partant des luttes

Le congrès de la FSU vient de s’ouvrir à Rennes ! Bien entendu, la situation de l’éducation, de la Fonction publique et en général la situation sociale sont au coeur des interventions des congressistes. Le cours de plus en plus réactionnaire du capitalisme, qui s’accompagne de la montée de l’extrême-droite, est souvent abordé.

Les interventions des différents syndicats nationaux, des différentes sections départementales… critiquent toutes les résultats de la politique de Macron. Elles font preuve d’une grande crainte envers la possibilité d’une arrivée au pouvoir de l’extrême-droite. Elles mettent en évidence, souvent de façon pertinente et précise, les effets néfastes de ses contre-réformes, secteur par secteur (justice des mineurs, environnement, précarité, protection sociale complémentaire…). Elles dénoncent souvent l’austérité budgétaire, détaillant les coupes budgétaires qui sont prévues dans le budget en préparation.

Mais elles abordent très peu la question d’un plan d’ensemble pour combattre cette politique, à quelques exceptions près (ainsi le syndicat de la protection judiciaire de la jeunesse appelle à la grève pour le 12 février)… et ne tirent aucun bilan des résultats de la stratégie de la direction nationale.

Cette dernière, à savoir les deux tendances « Unité & Action » et « Ecole Emancipée », ne donne pas plus de perspective, et pas plus de recul critique sur les échecs des luttes récentes (notamment la lutte sur les retraites en 2023). Unité & Action, qui avait claironné il y a peu que la FSU avait remporté une grande victoire sur le « choc des savoirs », doit tempérer son analyse face à la réalité, en indiquant que ce qu’il reste de la réforme est inacceptable ». Elle reconnaît implicitement que le projet syndical de la FSU dans l’éducation, pour une école émancipatrice, restent très limité. Et termine en se glorifiant de vouloir faire rentrer un syndicat de police dans la fédération ! L’Ecole Emancipée, quant à elle, se raccroche sans arrêt à la perspective plus « politique » d’une alternance électorale de gauche du « Nouveau Front populaire » : on aura rarement connu une renonciation aussi explicite de l’indépendance syndicale face à la gauche gouvernementale.

Les deux ne formulent aucune stratégie réelle pour combattre dès maintenant la politique d’austérité. Même une « journée d’action » habituelle n’est pour l’instant pas évoquée. Il s’agit plutôt de faire pression sur le pouvoir dans le cadre du « dialogue social ».

Dans ce contexte, Emancipation est intervenue pour mettre en avant les enjeux centraux pour le mouvement syndical. Tout d’abord, préparer dès maintenant une lutte syndicale qui ne se limite pas à des « journées d’action » isolées, en se fondant sur l’auto-organisation des personnels. Ensuite, articuler les luttes du mouvement ouvrier, les luttes écologistes et celles contre les oppressions spécifiques pour rassembler contre l’ennemi commun : le système capitaliste, qu’il ne s’agit pas d’humaniser mais avec lequel il faut rompre.

Ci-dessous les deux interventions d’Emancipation : celle de Marine Bignon dans le débat général, qui met en évidence ces perspectives. Et celle d’Olivier Vinay sur l’ordre du jour du congrès : alors que les étudiant.es de Rennes essaient de construire une mobilisation contre les effets de l’austérité, la FSU doit exprimer sa solidarité et son soutien.

Intervention Émancipation sur la situation générale

https://youtu.be/uQ-TTxQYVsc

Dans le mandat  FSU qui vient de s’achever, le capitalisme et ses serviteurs néo libéraux, dont Macron, ont renforcé leur offensive contre le progrès social, les peuples et le vivant. Force est de constater que la FSU n’a pas été à la hauteur pour riposter.

Nous devons nous positionner :

Pour contrer les réformes Macron : le 19 janvier 2023 les grévistes en nombre, notamment dans des secteurs clés comme les transports, l’énergie ou l’éducation étaient parti⋅es pour faire tomber la réforme des retraites. Mais la stratégie de l’intersyndicale de plus de 11 jours de grèves saute-mouton espacées, n’a pas permis de gagner. Il eût fallu construire la grève générale, par l’appel à la reconduction, aux occupations… La direction U et A et EE de la FSU n’a même pas essayé dans son secteur, pourtant mobilisé.

Et la voilà qui supplie d’être enfermée dans le « conclave » du très laïque Bayrou, qui ne fera que désigner celui-ci comme le pape de la mystification par le dialogue social, pendant que l’application de la réforme Macron, voire de la capitalisation, ravale la revendication d’abrogation à un vœu pieux.

De même, la FSU et ses Syndicats Nationaux se précipitent dans des concertations sur la fonction publique ou sectorielles alors qu’il est hors de question pour les gouvernements, de revenir sur la diminution de l’indemnisation des congés de maladie et sur l’essentiel du choc des savoirs, sans même parler de l’abrogation de la loi de « Transformation de la Fonction Publique » et des réformes éduc de Blanquer.

Sans vouloir paraphraser la charte d’Amiens, constatons qu’en échec sur la satisfaction des revendications immédiates, la direction de la FSU n’avance pas pour autant sur un projet de société qui donne envie de se mobiliser et enraye la désyndicalisation…

Nous devons nous positionner pour promouvoir une FSU résolument anticapitaliste : face à un capitalisme hégémonique, qui est prêt à tout pour maintenir sa course effrénée aux profits -y compris favoriser l’accès au pouvoir de son alliée objective, l’extrême droite -, il est nécessaire de le combattre sur tout ce qui fait sa force.

Il faut donc s’attaquer à l’extractivisme qui épuise la planète, aggrave le réchauffement climatique, détruit les écosystèmes ;

Il faut combattre l’accaparement des ressources en eau, comme dans les mégabassines, l’épuisement et la pollution des sols, les atteintes à la biodiversité par l’agro-industrie ;

Il faut combattre les guerres, les industries, marchands d’armes et la militarisation grandissante des sociétés.

Dans la FSU nous devons d’urgence avancer sur l’expropriation des capitalistes, de la terre  et des moyens de production et de diffusion. Que ce soit avec les occupations, le contrôle populaire de tout ce qui est essentiel à la vie avec, pour ce qui est de la terre, le développement d’une agriculture paysanne, qui respecte les relations entre humains, non humains et environnement.

Soutenons ainsi les campagnes contre les capitalistes d’extrême droite comme celle « désarmons Bolloré », à l’initiative des Soulèvements de la terre, avec son versant sur les manuels scolaires.

Contre la militarisation, la FSU doit plus s’investir contre les classes de défense et les accords armée-éducation aux différents niveaux et aussi contre le SNU (notamment dans les collectifs locaux) au moment ou celui-ci est de plus en plus dénoncé.

Nous devons nous positionner pour le combat pour la paix et contre les guerres en cours : En Palestine, l’Etat et le gouvernement d’extrême droite israéliens ont détruit Gaza, dans le but de se l’accaparer. Il s’agit bien d’un spatiocide, mémoricide, économicide et aussi d’un scholasticide, urbicide, culturicide… Et bien sûr un génocide, terme qu’il est inconcevable de nier. La FSU doit le reprendre à son compte comme l’ont fait des instances comme la CIJ dès janvier 2024, le Conseil des droits de l’Homme, Amnesty International et s’investir dans la campagne « stop arming Israël ».

Nous devons nous positionner pour la défense de la protection sociale : Le capitalisme et son exécutant Macron n’ont de cesse que de s’attaquer à la manne de la sécurité sociale, pour la marchandiser et réduire encore les cotisations des patrons. Pour y parvenir, ils ont un levier efficace : l’accord, signé par la FSU, sur la protection sociale complémentaire (PSC), qui brise les solidarités intergénérationnelles, familiales et de revenus, découple santé et prévoyance, livre notre santé aux assurances privées et aux fonds de pension, (comme MERCER, choisi par le ministère de l’agriculture) et permet d’attaquer la Sécu.

Nous devons nous positionner pour la défense des libertés : Les gouvernements Macron se suivent et se ressemblent pour être toujours plus liberticides, coercitifs et anti-migrant⋅es, reprenant les poncifs de l’extrême droite. La circulaire Retailleau du 23 janvier va entraîner encore plus de violences vis-à vis de personnes qui cherchent un lieu pour vivre et élever leurs enfants.

La FSU doit se battre pour le retrait du projet de loi de contrôle social généralisé « sortir la France du piège du narcotrafic » des sénateur PS et LR.

La poussée réactionnaire fait craindre aussi des reculs sur les droits des femmes et des minorités. L’arrivée de Trump et de masculinistes aux USA en est un aperçu. Mais Retailleau ne fait pas mieux en soutenant Nemesis, une groupe de femmes d’extrême droite. La défense immonde utilisée par les accusés du procès Pélicot montre que le combat féministe contre le patriarcat doit s’intensifier. La FSU peut y contribuer en généralisant à tous niveaux des commissions femmes, avec si besoin des temps non mixtes.

Ce congrès doit être l’occasion pour la FSU d’adopter une orientation qui se confronte aux nouvelles attaques du capitalisme, de Macron, de l’extrême droite. en prenant toute sa place aux côtés des luttes et résistances qui s’organisent pour construire un autre avenir : luttes des travailleurs/travailleuses y compris précaires, des jeunes, des femmes et minorités de genre, des populations discriminées qui subissent le racisme, des écologistes. Et au niveau international du mouvement de solidarité durable avec le peuple palestinien.

Ces luttes montrent la volonté populaire de s’auto-organiser pour prendre en main son avenir pour une rupture avec le capitalisme. La FSU ne doit pas avoir peur de l’auto-organisation mais participer à la construire. Cela commence par coordonner et impulser dès maintenant les mobilisations contre les conditions inacceptables de la rentrée scolaire et universitaire en préparation.

Emancipation propose son anti manuel de syndicalisme pour conforter les congressistes dans cette voie salutaire. Soyons optimistes !

Intervention Émancipation sur l’ordre du jour

https://youtu.be/IR91-rL0H4w

Afin de limiter les interventions, j’aborderai deux demandes sur l’ordre du jour.

La première est sur la solidarité avec les mobilisations étudiantes :

Relayant les fortes luttes étudiantes en Serbie,  ont je pense que nous parlera la représentante du syndicat enseignant Serbe indépendant, depuis 2 semaines les étudiant.tes sont mobilisées contre les coupes budgétaires et l’austérité à l’université. Particulièrement à Rennes 2 où les personnels les rejoignent.

Ils dénoncent l’état des locaux, La suppression de filières réputées non rentables, le risque de fermeture du Campus de Saint-Bieuc et la fermeture de l’enseignement à distance privant de cours 1800 élèves salarié.es ou handicapé.es. Handicapé.es déjà lésé.es par l’emploi de 2 personnes au Relais handicap où il en faudrait 12….

Nous proposons que l’ordre du jour soit aménagé pour

-envoyer une délégation du congrès à l’AG de mardi midi et demi à Rennes 2

-inviter des représentant.es de l’AG à venir expliquer le mouvement devant le congrès

-prévoir que le congrès puisse au moins partiellement participer aux actions de jeudi, dont certainement une manif.

La seconde demande, je m’en suis déjà enquis auprès de notre secrétaire général, et elle  sera donc plus courte :

Dans le congrès de mon département, comme dans plusieurs autres, nous avons voté à la quasi unanimité un texte Palestine clair et assez complet proposé par des camarades SNEP, investis depuis plusieurs années dans des actions de solidarité avec les Palestiniens, comme le faisaient notre camarade Guy Tresallet.

Cette motion se fixait pour objectif d’être intégré à nos travaux comme Zoom.

Trouvant légitime un éclairage particulier sur une nouvelle catastrophe pour le peuple palestinien, un génocide de plus dont le monde aura à rendre compte, un grave risque  pour les peuples de la région qui aspirent a une paix durable… et juste !

Nous demandons si ce zoom, dont nous devons bien sûr discuter les termes, va être retenu.

Si ce n’est pas le cas le secrétariat peut le décider et sinon consulter le congrès souverain… dans sa grande sagesse…


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