En cette fin d’année 2024, nous publions ci-dessous le point de vue de deux structures syndicales : l’organisation étudiante « Prima Diia » ainsi que « Sois comme Nina » qui milite dans le secteur de la santé. Elles montrent les difficultés mais aussi la combativité qui peuvent exister chez les travailleur.es d’Ukraine : ils et elles doivent faire face à la fois à l’invasion décidée par l’Etat russe, et aux offensives néo-libérales du patronat et du gouvernement d’Ukraine.
2024 : Le syndicat étudiant ukrainien Priama Diia
Cher es ami es,
Cette année a été riche en défis, en détermination et en réalisations importantes. La fin de l’année est une bonne occasion de se souvenir de nos réalisations et de nos petites victoires, surtout en ces temps difficiles où l’abattement et la déception vont de pair avec la nécessité d’agir.
Cette année, le ministère de l’éducation et des sciences a fait preuve de générosité en matière de lois antisociales dans le domaine de l’éducation, ce qui nous a incités à lancer notre campagne « Contre la fuite des connaissances ». Dans ce cadre, nous nous sommes opposés à la réorganisation des universités et avons organisé des manifestations de masse pour empêcher la destruction de l’Université nationale de Tavria (TNU) et de l’Académie ukrainienne de l’imprimerie (UAP). En outre, un groupe de travail s’est efforcé d’empêcher l’introduction de la scandaleuse réforme antisociale sur le financement de l’éducation par l’État.
Au cours du second semestre, nous nous sommes concentrés sur l’amélioration des conditions dans les dortoirs et les bâtiments universitaires. À la NLTU, grâce aux efforts des étudiant es et du syndicat, nous avons recueilli une plainte collective avec 146 signatures et forcé l’administration à commencer les travaux de réparation. À la NAU, malgré de nombreuses années de problèmes dans les dortoirs, les salles de douche ont été réparées. Une action de protestation à LNU contre les retards dans la réparation des dortoirs n°2 et n°3 a abouti à la réception de rapports sur des délais clairs pour les travaux. Au NAOMA, les étudiants ont déposé une plainte collective pour améliorer les conditions sanitaires de base dans le dortoir et augmenter la température dans les classes. Nous espérons sincèrement une réponse positive de la part de la direction de l’université en guise de cadeau de Nouvel An.
Parallèlement, la vie de notre syndicat a été riche en événements culturels et éducatifs. Nous avons publié et présenté le magazine « Dii » [Agir] à Kyiv, Odessa et Lviv. Nous avons organisé une « école libre » pour échanger des idées et des expériences, et lancé des clubs de cinéma dans nos bureaux principaux de Kyiv et de Lviv. Nous avons également créé un espace séparé pour un dialogue ouvert et le développement de pensées – le club de lecture « Lectures libres ».
L’augmentation du nombre de militants a contribué à la nécessité d’améliorer la structure du syndicat. Le deuxième congrès s’est penché sur les questions clés du développement organisationnel. Dans le cadre de ce travail, un nouveau département anti-discrimination a été créé pour lutter contre les inégalités, ainsi qu’un département juridique pour fournir un soutien juridique aux membres.
Cette année a également été marquée par d’importants événements internationaux. Nous avons participé à des rencontres internationales à Poznan et à Lviv, discutant des défis posés aux étudiant es et cherchant des solutions par l’échange d’expériences internationales.
Cette année, nous avons organisé un « marché libre » haut en couleur à Kyiv et nous avons été ravis de voir notre TikTok atteindre ses 18 000 premières vues !
Nous remercions tous ceux et celles qui nous ont soutenu es cette année, qui se sont joint es à nos initiatives et qui nous ont incité es à aller de l’avant. De nouveaux défis et des réalisations non moins importantes nous attendent.
Nous vous souhaitons de la force, de l’inspiration et de la confiance en vos propres capacités pour la nouvelle année.
Bonne année à tous !
31 décembre 2024
Le syndicat étudiant ukrainien Priama Diia
Sois comme Nina : bilan résumé 2024
Chers membres de Sois comme Nina ! Nous vous souhaitons une bonne année et espérons que 2025 sera une année victorieuse sur tous les fronts.
Nous faisons le point sur les résultats de notre travail en 2024 et sur les priorités des activités du Mouvement pour l’année à venir.
Janvier – Sois comme Nina a reçu de nombreuses plaintes de médecins concernant l’ »épuisement psychologique » au travail. Nous avons donc organisé un séminaire en ligne pour discuter des raisons pour lesquelles de nombreuses infirmières sont victimes d’épuisement professionnel et des moyens de le prévenir .
Février – élaboration du plan de développement stratégique Sois comme Nina pour 2024-2027 et du plan de développement organisationnel. Ces documents témoignent de l’activité de l’organisation.
Mars – Signature d’un contrat de coopération avec l’organisation allemande Medico International. Dans le cadre du projet commun, jusqu’au 30 novembre 2024, nous avons eu l’opportunité de fournir un soutien juridique et psychologique aux membres du Mouvement, de consulter et de former des médecins .
Avril – L’organisation participe au Congrès du syndicat français Solidaires à Toulouse. Les membres du Mouvement ont eu l’occasion de s’adresser aux quelque 400 militants de Solidaires présents, qui ont été informés de la situation réelle en Ukraine, de la terrible guerre et de ses conséquences.
Mai – Le Mouvement Médical a participé à une enquête sur la charge de travail des infirmières ukrainiennes. Pendant cinq mois, plus de 50 travailleurs de la santé ont donné des interviews dans lesquelles ils ont parlé anonymement des terribles conditions de travail, des abus des administrations des institutions médicales et de leur impunité. Les résultats de cette recherche sociale et de l’analyse de la situation seront rendus publics en 2025.
Par ailleurs, les militant·es de Sois comme Nina organisé une formation sur la manière dont les médecins de différents pays font face à un phénomène aussi désagréable que les escarres chez les patients gravement malades. Sa diffusion a eu lieu dans le groupe Facebook du mouvement.
Le 10 mai, à l’occasion de la Journée de l’infirmière, une table ronde organisée par le Mouvement s’est tenue à Kyiv. Les médecins militaires et civils ont eu l’occasion de partager leurs problèmes et leurs visions de la manière de les résoudre.
Juin – des cours d’anglais semestriels ont été lancés pour les membres de l’organisation dans le cadre d’un projet avec Medico International. 29 membres du Mouvement ont participé à ces cours.
Les 8 et 9 juin, des militants du Mouvement ont participé à la conférence internationale « Pour une reconstruction autodéterminée de l’Ukraine ». L’événement s’est tenu à Berlin, en Allemagne, avec le soutien de la Fondation Jakob Moneta. Lors de la conférence, la directrice du mouvement, Oksana Slobodiana, a parlé des activités de Sois comme Nina et de la situation des médecins ukrainiens pendant la guerre. Nous avons convenu avec des collègues médecins allemands d’une coopération et d’un soutien mutuel.
Juillet – lors d’une conférence de presse à Kyiv, les militant·es du mouvement ont soulevé la question des fermetures d’hôpitaux en Ukraine. Il s’agissait en particulier des installations médicales dans la zone de guerre. Les militant·es du Mouvement ont décrit publiquement comment le gouvernement, sous prétexte d’ »optimisation », prive les médecins de leur travail et néglige les intérêts des patients
Août – Un projet de trois mois visant à développer Sois comme Nina conjointement avec le COZZ polonais. L’organisation compte aujourd’hui 1060 membres actifs officiellement enregistrés. Ensemble, nous sommes fort·es !
Septembre – Le Mouvement lance un nouvel appel aux ministères de la santé et de l’éducation concernant les bas salaires des professionnels de la santé dans l’éducation. En novembre, une réponse est arrivée : les fonctionnaires du gouvernement ont déclaré qu’ils étaient conscients du problème et qu’ils cherchaient des moyens de le résoudre.
Octobre – à Prague, les militant·es de Sois comme Nina, qui sont des syndicalistes, ont échangé leurs expériences avec leurs collègues tchèques et slovaques. Ils ont notamment découvert les activités du plus grand syndicat de la République tchèque travaillant dans le domaine des soins de santé et des services sociaux.
Des représentants de notre Mpuvement sont devenus membres du Réseau des ONG pour la restauration démocratique de l’Ukraine. Le 24 octobre, à Kyiv, nous avons participé à sa réunion fondatrice visant à unir les efforts, la capacité et l’expérience des associations afin de renforcer la participation du public aux processus de redressement et de reconstruction.
Novembre – lors d’une conférence de presse à Lviv, les activistes du Mouvement ont analysé l’équité et la légalité de la réorganisation des institutions médicales. Ils et elles ont notamment évoqué la fermeture du centre phtisio-pulmonaire de Zaporizhzhia, qui est en contradiction avec la législation en vigueur et ont également soulevé la question de la réorganisation du centre de réhabilitation de Sosnivka, dans la région de Lviv, et de la maternité de Vinnytsia.
Conformément à la Charte de l’Organisation, les élections au Conseil d’administration du Mouvement se sont déroulées par vote secret. Il compte désormais sept membres : Oksana Slobodiana, Oleksiy Chupryna, Ruslana Mazurenok, Antonina Shatsylo, Olga Lisivets, Olga Movchan Turochca et Larisa Matrashak. Oksana Slobodiana est la présidente du mouvement, Oleksii Chupryna l’auditeur et Ruslana Mazurenok la secrétaire. Félicitations !!!!
Décembre – début de la coopération avec la fondation allemande filia.die frauenstiftung.
Larysa Matrashak, membre du conseil d’administration du mouvement « Be Like Nina », avec l’aide de l’avocat Vitaliy Dudin, a gagné un procès pour récupérer plus de 150 000 UAH en compensation de son employeur pour le retard de l’indemnité de licenciement. L’année dernière, elle a été licenciée de l’hôpital psychiatrique régional n° 2 d’Odessa en raison de son transfert au centre médical régional d’Odessa pour la santé mentale. L’ancien employeur n’a pas payé les congés payés pour le poste principal et le travail à temps partiel.
Puisse la victoire de notre force militante à la fin de cette année être le début de toutes ses victoires futures !
30 décembre 2024
Sois comme Nina