Grande- Bretagne
Des sommes astronomiques ont été dépensées pour les obsèques de la reine et le couronnement du roi. Les nombreux visiteurs/euses venu·es voir ce spectacle affligeant auront juste enrichi les compagnies de transport et les hôtels 5 étoiles. Par contre les augmentations de salaires demandées par les enseignant·es et les personnels de santé en grève ont été jugées “déraisonnables” par le Premier Ministre alors qu’elles ne compensent pas l’inflation galopante. Les démissions s’accélèrent. Les Conservateurs ont été sévèrement battus aux élections locales. Mais où est l’alternative à la brutalité de cette politique ?
Turquie
L’espoir d’une défaite d’Erdogan après 20 ans de pouvoir absolu, d’emprisonnement massif de tous les opposant·es, et de meurtres à répétition contre les Kurdes de Turquie et du Rojava s’est évanoui. Quels ingrédients ont fonctionné ? Le clientélisme avec de l’argent déversé en pleine crise économique pour acheter des voix, le nationalisme qui a fonctionné contre les Kurdes et contre les réfugié·es syrien·nes. Il y a aussi la situation internationale. En étant à la fois dans l’OTAN et ami de Poutine, en ayant envoyé son armée au Kurdistan, en Syrie et en Libye, Erdogan incarne une espèce de nostalgie de la grandeur passée de la Turquie. Le vote aura fait apparaître deux Turquies : celle des grandes villes et de la côte méditerranéenne pour l’opposition Kémaliste. Celle des campagnes anatoliennes et de l’émigration en Europe très religieuses et traditionalistes pour Erdogan.
Grèce
Malgré la corruption, malgré l’état du réseau ferré, malgré le développement de la répression et les attaques contre les journalistes, la droite est largement en tête et devrait bientôt avoir les pleins pouvoirs. Syriza qui a capitulé face à l’Europe libérale contre la volonté du peuple grec est tombé à 20 % des voix et n’est plus une alternative. Les clientélistes “de gauche” du PASOK (le parti “socialiste”) remontent à 12 %.
Serbie
Deux tueries en deux jours sont venues rappeler que les guerres de Yougoslavie ont laissé des bombes à retardement dans les Balkans : de très nombreux civils possèdent des armes lourdes chez eux. Elles sont souvent revendues en Europe occidentale ou conservées dans les familles.
Mayotte
Le colonialisme français est dans ses œuvres. La démolition des bidonvilles a repris. Avec les mensonges habituels. C’est pour le “bien” des populations. On en reloge une petite partie dans des logements en dur surpeuplés très loin de l’école des enfants. Et on met à la rue les autres qui vont reconstruire d’autres bidonvilles. Les ferrys pour Moroni ont repris leur trafic avec juste un détail. Les Comores ne laissent pas débarquer les expulsé·es.
La communauté comorienne de Marseille a manifesté à plusieurs reprises contre ce crime.
Modi
Macron n’est pas toujours ingrat. Modi, le “nationaliste hindou” qui a commencé sa carrière en perpétrant des massacres contre la minorité musulmane et qui est l’ami de tous les dictateurs du monde, va être l’invité d’honneur du 14 juillet à Paris. Faut bien remercier un homme qui achète 36 Rafales. Et puis l’Inde fait partie des BRICS dont le PIB vient de dépasser celui des pays du G7. Mieux vaut ne pas se fâcher avec eux.
Chili
Tristesse : l’extrême droite a gagné largement le vote et c’est elle qui va rédiger la nouvelle constitution. On doit s’attendre au pire. Pourquoi ? Il y a la question des médias qui sont quasi entièrement dans les mains d’une bourgeoisie revancharde qui attise les peurs. Et il y a le fait que les changements sont beaucoup trop lents. Par exemple, les dirigeant·es Mapuches sont toujours en prison, les juges (souvent de droite) étant contre leur libération.
Canada
Les incendies en Alberta ont dévasté un territoire plus vaste que la Corse. Le “dérèglement climatique” touche de nouvelles zones jusque là épargnées. Mais cela ne trouble pas les dirigeants canadiens. Ils ont autorisé un gigantesque forage pétrolier au large de Terre Neuve à 1000 m de profondeur. Pour la bonne cause bien sûr, cela va créer 16 000 emplois. Et puis, il n’y a pas de raison que Terre Neuve échappe au réchauffement.
Israël/Palestine
Comment résister à des manifestations massives qui exigent qu’il soit jugé et cesse de collaborer avec les “fascistes juifs” (Smotrich et Ben Gvir) ? Nétanyahou a utilisé la méthode habituelle : l’attaque contre la Palestine.
Khader Adnane était un boulanger de Naplouse. Il s’exprime longuement dans le film Derrière les fronts d’Alexandra Dols (2017). Il en était alors à sa troisième grève de la faim pour protester contre sa détention administrative. Il s’agit d’un emprisonnement sans jugement et sans accusation précise, renouvelable autant de fois que le désire l’occupant. Cette fois, Khader Adnane n’aura pas survécu à 88 jours de grève de la faim. Comme Thatcher autrefois avec l’IRA de Bobby Sands, les Israéliens l’ont laissé mourir. Ils l’ont aussitôt qualifié de “dirigeant du Jihad Islamique” et refusent de rendre le corps à la famille.
Cette mort a provoqué une riposte en Cisjordanie et à Gaza. Alors la vaillante Tsahal a attaqué Gaza comme elle le fait régulièrement depuis 15 ans. Pour “éliminer” des membres de la branche armée du Jihad, elle a fait exploser des immeubles, ce qui explique le nombre important de femmes et d’enfants parmi les victimes (35 mort·es en tout). Elle a bien sûr fait exploser la centrale électrique et la station d’épuration des eaux. Deux agriculteurs travaillant avec l’UJFP, ont été tués dans leur champ qu’ils essayaient d’irriguer. Ils ont été aussitôt qualifiés de “terroristes du Jihad Islamique”.
En Cisjordanie, l’armée tue des jeunes tous les jours. À Jérusalem, la “marche des drapeaux” organisée par l’extrême droite a tourné au pogrom contre les magasins Palestiniens aux cris de “Mort aux Arabes”. La police a laissé faire. Et Ben Gvir a fait une nouvelle provocation en se rendant sur l’esplanade des mosquées.
Pierre Stambul