En novembre dernier, la jeune artiste Katya Gritseva invitée à Lyon lors d’une exposition de ses œuvres (1) indiquait qu’elle participait à la mobilisation desétudiants, étudiantes et des personnels de l’Académie ukrainienne de l’imprimerie à l’Université nationale Ivan Franko de Lviv que le gouvernement veut fermer.
Peu de temps avant, alors que les étudiants vivaient dans un dortoir de cette académie, ils en ont été expulsés. Du jour au lendemain ils ont dû trouver de l’argent afin de pouvoir se loger.
Le ministère ukrainien de l’Éducation et des Sciences agit d’une part sous la pression des promoteurs immobiliers qui veulent récupérer le terrain appartenant à l’Académie.
Et dans le même temps, le gouvernement met en œuvre un plan de restructuration des 150 plus grandes universités d’État. Selon ce plan, il ne devrait pas rester plus de 80 établissements d’enseignement supérieur.
C’est dans le cadre de la mobilisation à Lviv que les étudiants et étudiantes ont commencé à faire revivre le syndicat étudiant de gauche Action Directe (Pryama diya).
Alors que les étudiants participent largement à la résistance anti-impérialiste face à l’agression des troupes de Poutine, la renaissance du syndicat de lutte Action Directe (Пряма дія) témoigne de la volonté des étudiants et étudiantes de défendre leurs droits face à la politique néo-libérale du gouvernement ukrainien.
En France, comme à l’échelle internationale, le soutien du mouvement syndical étudiant à Action directe est de la plus grande importance.
Hélène Bertrand
Pourquoi un syndicat étudiant est-il plus pertinent que jamais ?
En ces mois difficiles de guerre, alors que nous, étudiants, étudiantes sommes désormais séparés non pas par les murs des salles de nos classes, mais par les frontières de nos régions et de pays, alors que beaucoup d’entre nous ont dû trouver un abri dans des villes inconnues et tous les moyens possibles de poursuivre nos études, et alors qu’il est devenu beaucoup plus difficile de s’unir et de s’entraider, le syndicat étudiant indépendant Action directe reprend son travail actif.
Nous nous efforçons de créer un espace pan-ukrainien de coopération, d’assistance mutuelle et de solidarité entre les étudiants et étudiantes, afin de faciliter le processus éducatif pour toutes les personnes concernées. Il est important pour nous de créer des conditions sûres de vie pour les groupes vulnérables dans l’environnement éducatif, de soutenir les étudiants et étudiantes qui sont restés sur la ligne de front ou dans d’autres zones dangereuses, et d’aider les étudiants et étudiantes déplacés à s’adapter dans les nouvelles villes.
En outre, tous les dangers qui existaient avant le 24 février 2022 demeurent : abus de pouvoir de la part des administrations universitaires, discrimination, corruption, actions hostiles du ministère de l’Éducation et des Sciences envers les étudiants et étudiantes, demande de frais supplémentaires ou excessifs, etc. Ces derniers mois, en raison de ces menaces, les tensions sociales dans le monde étudiant ont donné lieu à plusieurs campagnes de protestation, dont les plus marquantes ont été l’action pacifique des étudiants et étudiantes de l’Académie ukrainienne d’imprimerie contre la réorganisation de l’université et le mouvement Students UA, qui lutte pour le droit des étudiants et étudiantes d’Ukraine dans les universités étrangères à voyager à l’étranger. Des militants d’Action directe ont participé aux deux campagnes.
Nous pensons qu’en raison de la guerre russo-ukrainienne, d’une part, et de la politique néolibérale et fondamentaliste de marché des autorités ukrainiennes, d’autre part, la situation sociale des étudiants et étudiantes va s’aggraver de plus en plus. Dans le même temps, les plus grands mouvements étudiants ukrainiens existants ferment les yeux sur la composante sociale du problème de l’éducation et soutiennent la privatisation, la commercialisation et l’“optimisation” de l’enseignement supérieur au nom d’une efficacité abstraite. En même temps, ils ne comprennent pas pourquoi une évolution similaire en Europe occidentale lors des trente dernières années a constamment conduit à des protestations à grande échelle dans l’enseignement supérieur (souvent avec l’enthousiasme du corps enseignant).
Action directe est fondée sur les principes de solidarité avec les groupes opprimés et exploités. Au niveau de la coopération internationale, Action directe a rejoint Youth 4 Ukrainian Resistance, un réseau de jeunes soutenant la résistance ukrainienne à l’occupation russe, qui comprend des organisations de jeunes et d’étudiants et étudiantes de Pologne, du Royaume-Uni, d’Espagne, du Brésil et de Belgique.
Nous pensons que le succès des mouvements étudiants ukrainiens passe par la solidarité, la communication et la coordination entre les participants et participantes de ces mouvements, et Action directe offre un tel espace à tout jeune qui partage nos grands principes.
Anticapitalisme :
Nous luttons contre la commercialisation de l’éducation et de la science, nous nous opposons à la transformation de la connaissance en marchandise et de sa possession en privilège. En particulier, nous soutenons l’idée d’un accès libre et gratuit aux documents scientifiques. Pour nous, l’éducation anticapitaliste est une éducation qui promeut le développement créatif global de l’individu, plutôt que d’enfermer les êtres humains dans les rouages impersonnels et aliénants du capital.
Égalité des sexes :
Nous nous efforçons d’offrir des possibilités égales de développement et d’expression aux représentants et aux représentantes de tous les sexes au sein de l’organisation, de créer un environnement propice à l’expérimentation ou même à l’abandon de leur identité de genre. Par nos activités, nous essayons de populariser ce discours dans la société.
Éducation verte :
Nous prônons une éducation qui encourage une attitude éthique envers l’environnement. Pour la création d’espaces sûrs pour la nature, les étudiants, étudiantes et toutes les personnes impliquées dans le travail de l’établissement d’enseignement.
Anti-discrimination :
Nous sommes contre toute discrimination sans distinction de classe, de sexe, d’âge, d’ethnie, de religion, d’orientation sexuelle, de région d’origine, de santé et de statut social.
Pourquoi avez-vous besoin d’un syndicat étudiant ?
Solidarité :
Face à l’injustice dans votre université ou dans des circonstances difficiles, vous pouvez compter sur les autres membres du syndicat pour vous aider, où qu’ils et elles soient dans le monde.
Développement personnel politique :
Réaliser sa passion pour la lutte politique et défendre ses droits en concevant des campagnes politiques, en organisant des sections syndicales, etc.
Compétences en gestion et en communication médiatique :
Un terrain d’expérimentation et de pratique dans les domaines de l’événementiel, des relations publiques, sur les réseaux sociaux, de la rédaction d’articles, de reportages et de la réalisation d’interviews, de la prise de parole en public, de débats, etc. La participation directe au travail des médias vous aidera à couvrir les questions mondiales et locales sans aucun obstacle et à mener efficacement une lutte d’information contre l’arbitraire des administrations universitaires.
Personnes partageant les mêmes idées :
Un cercle de personnes partageant les mêmes idées, un minimum de bureaucratie, une communication informelle et un renforcement d’équipe.
Si vous êtes étudiant ou étudiante dans un établissement d’enseignement supérieur
ou professionnel, ne perdez pas de temps ! Rejoignez le syndicat Action directe !
Déclaration du syndicat, 9 février 2023
Page Facebook du syndicat : https://www.facebook.com/priama.diia