Italie
Le pays de la résistance antifasciste, de “Bella Ciao”, de “Bandiera Rossa” et du plus grand parti communiste d’Europe occidentale a donc voté à 26 %pour le parti Fratelli d’Italia, héritier de Mussolini. Le fait que ses alliés, la Ligue (xénophobe) de Calvini ou la droite de Berlusconi, aient obtenu des scores beaucoup plus modestes, est une mince consolation. L’abstention record et le système électoral italien font que cette droite extrême est nettement majoritaire dans les deux chambres.
Ce résultat découle d’un véritable naufrage idéologique. Le parti démocrate, lointain successeur du parti communiste, n’a qu’une seule stratégie : le soutien à l’Europe libérale. Le Mouvement 5 étoiles, parti populiste changeant sans arrêt d’alliés et d’orientation, ne représente plus une alternative. Ces deux partis ne se sont pas alliés face à la menace fasciste. Tous les partis, sauf les Fratelli, ont soutenu Mario Draghi, l’homme de l’orthodoxie capitaliste qui avait mis la Grèce à genou.
Le racisme qui submerge l’Europe, face à un “Sud” sinistré où, pour beaucoup, le seul espoir est celui de partir en Europe, a fait le reste.
Pour l’instant il n’y a en Italie ni mouvement social, ni alternative de gauche. Prochaine étape pour les néofascistes : la France ?
Brésil
Comme entre les deux tours de l’élection chilienne, on va trembler jusqu’au bout. À l’heure où ces lignes sont écrites, le résultat est incertain. Donné par les sondages à 37 %, Bolsonaro en a obtenu plus de 43. Son parti a remporté plusieurs élections locales. Plus inquiétant, les classes moyennes de Sao Paulo et Rio de Janeiro continuent de le soutenir. C’est aussi le cas des déshérité·es embrigadé·es par les églises évangélistes. Tout ceci malgré la paupérisation d’une partie de la population, une gestion catastrophique de l’épidémie de COVID ou le fait que Bolsonaro s’inscrit dans la continuité de la dictature militaire.
S’il l’emporte, Lula devra rompre radicalement et sur tous les terrains avec tout ce que Bolsonaro a réalisé. Le contraire de ce que Biden a fait en succédant à Trump.
Iran
Le régime est sérieusement ébranlé. Le mouvement féministe né de l’indignation après l’assassinat de Mahsa Amini par la police des mœurs se transforme en véritable insurrection. Malgré le très grand nombre de mort·es dû à la répression, la population dit ne plus avoir peur. Elle descend dans la rue et des femmes enlèvent ostensiblement leur tchador. Le pouvoir des ayatollahs affronte une grave crise économique et sa base sociale se réduit. Du coup, l’appareil répressif tourne à plein régime. Il y a quasiment une exécution capitale chaque jour. Les grèves sont réprimées avec férocité (comme le montre le film Leila et ses frères). La sinistre prison d’Evin a brûlé après une révolte des détenus.
Russie
Obnubilé par ses visions impérialistes, Poutine est remis en cause. Il n’avait pas prévu que l’Ukraine, armée par l’Occident, résiste. Il ignorait que cette guerre provoquerait des fractures aussi profondes. Les déserteurs se comptent par milliers, les Russes fuient à l’étranger (surtout les réservistes) par centaines de milliers. Un nombre croissant de personnalités ose dénoncer publiquement cette guerre. Ces Russes courageux/euses méritent tout notre soutien. Il faut exiger pour ceux et celles qui émigrent le droit d’asile. Ils/elles représentent l’espoir d’une autre Russie quand la dictature tombera.
Ukraine
Imitant ce que les Israéliens ont fait contre Gaza à chaque agression, l’armée russe, clairement mise en échec sur le terrain par les armes sophistiquées envoyées par l’Occident, a entrepris de détruire l’appareil productif ukrainien. Après la prise des centrales nucléaires de Tchernobyl et Zaporija, elle a entrepris la destruction systématique des centrales électriques du pays.
Palestine
Les assassinats d’enfants par l’armée israélienne sont devenus quotidiens, dans le silence assourdissant de l’Occident. 50 détenus palestiniens dont le franco-palestinien Salah Hamouri se sont mis en grève de la faim, immédiatement soutenus en France par une grève de la faim de Georges Abdallah. Les autorités israéliennes ont dû entamer des négociations pour empêcher le mouvement de faire tache d’huile. La grève est suspendue.
En Cisjordanie, la violence de l’occupation et l’absence d’espoir entraînent un début d’insurrection sans direction politique. C’est particulièrement sensible à Naplouse et Jénine. L’armée riposte en bouclant des villes et des camps et en commettant des exécutions extra-judiciaires. Le cas emblématique est celui d’Udai Tamimi. Il a tué une soldate israélienne sur un check-point et a été exécuté quelques jours plus tard. Sa mort a provoqué une grève générale en Cisjordanie.
À Alger, 14 partis politiques palestiniens, dont le Hamas et le Fatah, ont signé un nième accord de “réconciliation” prévoyant entre autres des élections. Aucune solution n’ayant été trouvée aux raisons pour lesquelles les accords précédents ont échoué, on est en droit d’être sceptique.
Une bonne nouvelle : l’Australie ne reconnaît plus Jérusalem comme capitale d’Israël et le nouveau maire (vert) de la capitale néo-zélandaise, Wellington, veut jumeler sa ville avec une ville palestinienne.
Grande-Bretagne
N’est pas Thatcher qui veut et Liz Truss n’aura tenu que 44 jours dont 10 jours de “deuil”. Avant de se réjouir, on doit savoir qu’elle a dû jeter l’éponge à cause “des marchés”. Dans la situation actuelle, la Bourse n’a pas suivi sa politique de cadeaux (des dizaines de milliards quand même) aux plus riches. Du coup, la Bourse a fortement baissé et la livre a “décroché”. Tout ceci veut dire quand même que ce sont les marchés qui décident qui va diriger les pays capitalistes.
Grèce/Turquie
Le Maroc et l’Espagne s’étaient renvoyé la responsabilité des dizaines d’Africain·es massacré·es à Melilla. La Grèce et la Turquie se renvoient la responsabilité de 92 migrant·es, principalement Afghan·es et Syrien·nes, retrouvé·es nu·es dans la zone frontière. La politique migratoire de l’Europe est un crime (collectif) contre l’Humanité.
Hongrie
Toute fascisation entraîne une politique antiféministe. La nouvelle loi sur l’IVG exige qu’avant de demander un avortement, les femmes “écoutent les battements de cœur” du fœtus.
Meilleur des mondes
Aux États-Unis, le néolibéralisme a largement détruit l’enseignement public et même les gens de gauche hésitent à y envoyer leurs enfants.
Du coup, les milliardaires Bill Gates et Elon Musk ont créé leurs propres réseaux d’école. Cela donne bien sûr l’avantage de ne pas payer d’impôts. Mais nos deux mécènes ont délibérément choisi un enseignement novateur (y compris avec des méthodes Freinet ou Montessori) et des bourses pour les plus pauvres.
Bref, ils se substituent totalement à ce que l’État ne fait plus. Et au passage, ils se créent une clientèle captive.
Pierre Stambul