Monter la garde
Alors que le pays, grillé de sècheresse, s’embrasait, ce qui confirmait l’urgence de mesures drastiques pour l’environnement, à commencer par une autre gestion de l’eau et l’acquisition de moyens de lutte contre le feu enfin à la hauteur, Macron n’a pas trouvé mieux que de répondre en se faisant photographier sur un jet-ski, engin écologique s’il en est, espérant sans doute donner l’illusion d’un canadair chargeant sa cargaison d’eau (alors que la multiplication des jet-skis complique la tâche des pilotes des engins largueurs d’eau).
Les légendes d’un réchauffement climatique progressif menaçant surtout les générations futures viennent d’être balayées par toutes les catastrophes dramatiques de l’été. Les capitalistes et leurs laquais ultralibéraux comme Macron, premiers responsables de tous ces dérèglements, sont l’obstacle principal. Iels s’entêtent à faire passer les profits et dividendes avant l’urgence sociale et climatique, et prennent prétexte de la situation pour avancer leur orientation anti-ouvrière et anti-écologique. Au point que les conditions de vie des générations actuelles sont d’ores et déjà très compromises.
Dans cette lutte pour la survie, les directions syndicales qui n’ont cessé de baisser la garde dans des concertations et des accords révoltants, doivent au contraire rendre coup pour coup et donc – pour rester dans le vocabulaire de la boxe – monter la garde au niveau des revendications et des formes de luttes plus adaptées et radicales, en intégrant systématiquement le prix écologique à payer. Pour conforter cette orientation pugnace les syndicats à tous niveaux, les collectifs de travail, de quartiers, de jeunes, doivent aussi monter la garde, mais cette fois au sens d’une veille constante.
Par exemple, sur les salaires et la précarité, les directions syndicales doivent revendiquer pour tou·tes les précaires dans le privé un CDI ; et dans le public la titularisation immédiate, dans un corps, à créer si nécessaire. Et pour tou·tes les travailleur·es une augmentation mensuelle uniforme de 500 euros qui permette au plus grand nombre de dépasser l’inflation (eu égard aux pertes déjà accumulées) et en même temps de réduire l’éventail des salaires. Pour ce qui est de la veille sur le terrain, elle doit s’inscrire dans ces objectifs et en même temps montrer les limites des CDI publics, des primes et indemnités.
Sur la protection sociale, la revendication d’une sécu solidaire, indépendante et contrôlée par les travailleur·es remboursant 100 % des frais engagés (et donc de mutuelles n’assurant plus que des missions de prévention et d’éducation) est la priorité exigible des directions syndicales après leur trahison unanime des idéaux de 1946 sur la protection sociale complémentaire (PSC) dans la Fonction publique. Et la veille du terrain doit consister à exiger, dans l’immédiat, une PSC solidaire sans la main-mise des assurances privées, en discussion actuellement au niveau Fonction publique pour la prévoyance et bientôt dans chaque ministère, pour la santé.
Dans l’éducation, le retrait de toutes les réformes Blanquer et la nationalisation laïque de l’enseignement privé qu’il n’a pas cessé d’engraisser sont des exigences minimales. La veille du terrain consiste, elle, à exiger que disparaissent au plus vite le discriminant Parcoursup et le poids (au sens figuré dans les examens et au sens propre dans la charge de travail des enseignant·es) du contrôle continu et de l’oral Blanquer. Et aussi à intégrer, dans les réflexions pour reconstruire une Éducation nationale la plus égalitaire possible, l’intérêt d’une éducation critique et polyvalente.
Monter la garde syndicale et assurer la veille à la base ce n’est qu’un début pour préparer le mouvement de grève de grande ampleur exigé par la situation, qui porte les exigences sociales et écologiques et fasse converger les mobilisations des syndicats, des organisations de jeunesse et des collectifs de lutte.
Olivier Vinay